(samedi 26 janvier 2008)

J’ai retrouvé un « cahier de développement personnel » que je tenais il y a une bonne dizaine d’années. Je suis un peu étonné, en le feuilletant de retrouver des exercices que j’avais fait mais dont j’avais complètement perdu le souvenir … Celui ci par exemple, tiré, semble-t-il, d’un livre d’Isabelle Filliozat, « Trouver son propre chemin ».. Il s’agissait de décrire un objet, de l’intérieur.

Je suis une gomme. je suis de couleur blanche, d’une texture élastique et douce. Je suis normalement de forme rectangulaire avec des angles nets, mais comme je suis régulièrement utilisée, une de mes extrémités est arrondie et noircie. Je sers à effacer des erreurs ou des fautes ou des choses inutiles ou que je veux cacher, écrites au crayon de papier. Pour rester propre je suis entourée d’une bague de papier cartonné. Je m’use quand on m’utilise car quand on me frotte sur le papier, les marques tracées au crayon s’en vont mais des particules de moi tombent aussi. Je ne suis pas capable d’effacer le stylo à bille ou l’encre.

Il fallait ensuite faire une association entre cette description et ma vie : pour ne pas être sali par l’extérieur, je suis habillé, je porte des vêtements. Au départ j’étais neuf mais les erreurs et les fautes de la vie émoussent et salissent ce qui est trop exposé. Les angles s’arrondissent : je compose, je m’adapte. Je ne sais pas tout faire, je suis assez spécialisé, et même limité.

Si je m’identifie à un objet que j’aime: je suis bien, je me sens beau, aimé. Je suis regardé avec amour, touché, caressé avec tendresse. Je suis mis en relief, sorti du lot.

Si je m’identifie à un objet que je n’aime pas particulièrement : ma seule raison d’être est d’être utile, servir à quelque chose, ou alors on me garde sans oser me jeter peut être parce que j’ai été offert.. En tout état de cause, je ne suis pas exposé aux regards, je peux même être dans le fond d’un tiroir. Quand on me touche, ce n’est pas avec tendresse mais avec parfois une certaine brutalité ou au moins une totale indifférence. Et si je suis coupant, on se méfie de moi comme si je pouvais de moi même faire du mal.

Caractéristiques positives de l’objet que je n’aime pas :
Si c’est un cadeau qu’on n’ose pas jeter, c’est parce que celui (celle) qui me l’a offert est quelqu’un qui compte pour moi, d’une manière ou d’une autre. Il est donc chargé d’une certaine signification, sentimentale ou autre. Même s’il n’est pas joli, il peut être amusant, ou bien fait. Et d’ailleurs si je le changeais d’environnement et le regardais sous un autre angle, il deviendrait peut être plus beau.
Si c’est quelque chose d’utile, l’objet à la beauté de son utilité. Il a sa place. Sans lui je ressentirais peut être une sorte de manque. Je n’ai pas de raison de le regarder avec méfiance, c’est de moi qu’il faut que je me méfie, c’est à moi de faire attention à ce que je fais et comment je le fais pour ne pas me blesser avec.

Réaction de l’objet : même si je ne suis pas (encore) devenu un bel objet, du moins, me regarde-t-on avec un certain respect. On a conscience de mon utilité, je ne suis plus brutalisé, il ne s’en faudrait peut être pas de beaucoup pour qu’on me bichonne. Je ne suis plus relegué au rebut, on me place dans un environnement qui me convient. J’ai ma place dans cet univers. Je suis (presque) heureux.

Un objet que je n’aime pas:
Je suis un téléphone (tiens, je n’aimais pas les téléphones ???). Pas très beau mais fonctionnel. J’ai été étudié pour qu’on puisse m’utiliser facilement : je loge dans une main, à un bout on parle, à l’autre on écoute. Sur ma poitrine, j’ai des boutons et pour me faire marcher, pour que je fasse mon office, il suffit d’appuyer sur ces boutons. Je suis utile, je permets de communiquer : pendant des lustres, je n’ai pas existé, mais maintenant on ne pourrait plus se passer de moi. On peut même me transporter et se servir de moi à quelqu’endroit qu’on se trouve. Un seul inconvénient : qu’on me débranche ou qu’on oublie de me recharger (j’ai une faible autonomie) et je ne marche plus. Je suis la plupart du temps silencieux mais de temps en temps je me mets à pousser des cris stridents.

Il fallait voir en quoi cet objet tel que décrit me renvoyait à des aspects de moi ou de la vie que je n’acceptais pas … j’avais écrit: « sans commentaires !!!… »

La leçon à retenir:
Qu’est-ce qui détermine nos perceptions ? notre vécu, notre état psychique du moment nous rendent plus réceptifs, plus sensibles à un aspect ou à un autre.
Chacun sélectionne dans la myriade d’infos que nous envoie un objet, celles qui sont signifiantes pour nous, c’est à dire en fait celles qui résonnent avec ce qu’on vit en cet instant =====> apprendre à regarder les choses d’un autre oeil, s’exercer à modifier ses perceptions.
On peut aussi se demander, quand quelque chose ne nous plait pas pourquoi il ne nous plait pas. C’est une bonne façon d’apprendre à se connaitre.

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