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J’ai tracé l’autre jour le portrait de deux femmes admirables qui sont devenues de véritables icônes dans leur pays. Il en est une autre pour laquelle j’éprouve également une profonde révérence : Eva Braun, qui, le 30 avril 1945, se donna la mort en compagnie de son mari, Adolf Hitler, qu’elle avait épousé la nuit précédente.
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Il y a 96 ans, du 24 au 30 avril 1916, Dublin, pleine de bruit et de fureur, était agitée par les Pâques Sanglantes, comme on appelle l’insurrection organisée par des groupes armés républicains et nationalistes qui voulaient chasser les britanniques d’Irlande… De nombreux faits d’armes émaillèrent ces événements au cours desquels se distinguèrent particulièrement deux femmes qui m’ont toujours fasciné : Maud Gonne et Constance Markiewitz
Maud Gonne MacBride ( Maud Nic Ghoinn Bean Mhic Giolla Bhríde,) fut une comédienne et militante de la cause irlandaise. Surtout connue pour ses engagements dans le mouvement féministe et pour l’indépendance de l’Irlande, elle est la mère de Seán MacBride, l’un des co-fondateurs d’Amnesty international. Elle demeure une icône du mouvement nationaliste.
Les premières années
Maud Gonne, née le 21 décembre 1866 et morte à Dublin le 27 avril 1953, est la fille de Thomas Gonne, un colonel de l’armée britannique issu d’une riche famille irlandaise et de Edith Cook. Deux ans après sa naissance, son père est affecté en Irlande. En 1871, sa mère meurt prématurément.
Elle est alors envoyée à Paris pour y être élevée. Elle rencontrera Lucien Millevoye, journaliste et homme politique radical dont elle tombe amoureuse et dont elle finit par partager les idées. À cette époque son père meurt de la fièvre typhoïde en lui laissant un héritage de 20 000 £. En 1889, elle rencontre pour la première fois le poète William Butler Yeats. C’est le début d’une longue relation ambiguë.
Militante et comédienne
En 1890 elle s’installe en Irlande, dans le comté de Donegal. Elle milite contre les expulsions des familles pauvres en participant à la construction de refuges et la levée de fonds, ainsi que par la rédaction d’articles pour divers journaux. Menacée d’arrestation, elle doit fuir en France, où elle donne naissance à son fils Georges, dont le père est Millevoye.
Durant son séjour parisien, elle fonde un mensuel, L’Irlande libre, pour attirer des sympathies à la cause de l’indépendance irlandaise. Elle finit par rompre avec Millevoye et retourne en Irlande, avec son fils Georges, qui meurt d’une méningite .
Elle rencontre Yeats une nouvelle fois qui tente de la consoler de la perte de son fils avec des rituels magiques, mais elle a surtout recours au chloroforme. Elle rejoint le Hermetic Order of the Golden Dawn, un groupuscule s’occupant d’occultisme, dont Yeats est déjà membre depuis un an. En 1893, il organise pour elle une tournée de lectures en Irlande et en France.
L’année suivante, le couple séjourne à Paris, où il fait l’expérience du haschisch. Le 6 août, elle donne naissance à une fille, Iseult. Le 22 mars suivant, elle débute une tournée de lectures en France.
L’année 1897 est particulièrement riche. En janvier elle participe, toujours avec Yeats, à la création de la branche parisienne de la Young Ireland, puis elle entame une tournée de réunions où elle prononce des discours : Paris, Dublin (le 21 juin ont lieu des émeutes anti-britanniques), Londres, York, Glasgow, Manchester, Cork, etc. D’octobre à décembre, elle voyage aux États-Unis pour collecter des fonds (1 000 £). Fin 1898, elle entreprend avec James Connolly la rédaction d’un manifeste sur le problème de la famine, Les Droits de la vie et les droits de la propriété.
« Inghinidhe na hÉireann »
Puis Maud Gonne fonde un groupe militant, Inghinidhe na hÉireann (les Femmes d’Erin), qui édite un mensuel du même nom dans lequel elle signe des articles à connotations nationalistes et féministes . Ce groupe est impliqué dans le mouvement culturel irlandais (Gaelic Revival) dont le but est de promouvoir la langue et la culture gaéliques ( éducation des femmes, cours de gaélique, danses, chants irlandais, distributions de repas gratuits aux enfants pauvres.)
Avec William Butler Yeats et Lady Gregory, elle participe à la fondation de l’Abbey Theatre à Dublin. Yeats est toujours amoureux. Elle lui inspire de nombreux poèmes. Il écrit à son intention la pièce de théâtre Kathleen Ni Houlihan, créée à Dublin le 2 avril 1902, dont elle interprète le rôle principal.
Contre toute attente, ce n’est pas Yeats qu’elle épouse, mais John MacBride, un commandant de l’Irish Brigade, en 1903. Le mariage est un échec et il retourne rapidement en Irlande. De cette brève union va naître, l’année suivante, Seán MacBride, futur co-fondateur d’Amnesty international.
Elle rejoint Constance Markievicz, James Connolly et James Larkin dans la lutte pour contraindre les autorités à étendre la loi de 1906 sur les repas scolaires à l’Irlande, tout en s’activant pour nourrir les enfants pauvres de Dublin.
Au début de la Première Guerre mondiale, elle milite contre la conscription des Irlandais dans l’armée britannique. Le 5 mai 1916, John MacBride est exécuté, après l’insurrection de Pâques.
Les derniers combats
Deux ans plus tard, elle est arrêtée et emprisonnée pour six mois à Holloway Prison (Londres), alors qu’elle poursuit son combat contre la conscription. À sa libération, elle retourne en Irlande et s’active au sein de la White Cross. Avec Charlotte Despard, elle fonde en 1922 une association pour défendre les prisonniers républicains, la Women’s Prisoners’ Defence League, et consigne des témoignages accablants sur les violences policières à Cork et à Kerry.
En 1938, elle publie ses mémoires, A Servant of the Queen. Elle meurt le 27 avril 1953. Elle est inhumée à Dublin, dans le cimetière de Glasnevin, aux côtés de Daniel O’Connell, de Charles Stewart Parnell, d’Éamon de Valera, de James Larkin, de Constance Markievicz, de Michael Collins et d’autres.
La comtesse Constance Markievicz (4 février 1868 – 15 juillet 1927), parfois surnommée la comtesse rouge en raison de ses convictions socialistes, est une nationaliste et révolutionnaire irlandaise. D’origine aristocratique, rien ne la prédestinait à prendre la défense des plus pauvres, et les armes pour la cause irlandaise. Avec Maud Gonne, elle est une des femmes les plus admirées d’Irlande.
Les jeunes années
Constance Markievicz est née le 4 février 1868, à Lissadel dans le comté de Sligo (Connaught – nord-ouest de l’Irlande). Elle est la troisième enfant de Sir Henry Gore-Booth, et sa vie semble devoir se dérouler dans l’aisance. Durant la grande famine des années 1879 et 1880, son père pourvoit au ravitaillement de ses employés. Il semble que cette attitude soit à l’origine de sa préoccupation pour les plus défavorisés et de ses engagements ultérieurs.
En 1893, elle déménage à Londres pour étudier le dessin et la peinture . C’est à cette époque qu’elle milite auprès de la National Union of Women’s Suffrage Societies (NUWSS), qui demande le droit de vote pour les femmes. Quelques années plus tard, elle s’installe à Paris pour poursuivre ses études artistiques Pendant ce séjour en France, elle rencontre et épouse un comte polonais, Casimir Markievicz.
La lutte à Dublin
De retour en Irlande, elle s’installe à Dublin, où elle devient réputée pour ses peintures de paysages. En 1903, elle joue dans plusieurs pièces à l’Abbey Theatre, où elle fait la connaissance d’une autre comédienne, Maud Gonne ; les deux femmes vont se retrouver sur de nombreux points dont le féminisme, le socialisme et la lutte pour l’indépendance de l’île. Elle adhère au « Inghinidhe na hEireann » (les Femmes d’Erin), mouvement créé en 1900 par Gonne, et fréquente la Ligue gaélique.
En 1908 elle rejoint le Sinn Féin, fondé le 28 novembre 1905 par Arthur Griffith. Ce parti politique, dont le nom en gaélique signifie « nous-mêmes », prône l’abstention de toute collaboration politique avec l’administration britannique et une résistance non-violente. L’année suivante, elle crée la section jeunesse de l’Irish Republican Brotherhood (IRB) : NaFianna Eireann . En 1911, elle est arrêtée en compagnie d’Helena Moloney, une autre comédienne de l’Abbey Theatre, pour avoir manifesté contre la venue du roi George V en Irlande. Puis elle se joint a Maud Gonne, James Connolly et James Larkin dans la lutte pour contraindre les autorités à étendre la loi de 1906 sur les repas scolaires à l’Irlande. En 1913, elle participe au programme d’alimentation pour les enfants pauvres de Dublin et à l’organisation d’une cantine dans le « Liberty Hall » pendant le lock-out des ouvriers syndiqués. Cette même année, elle devient trésorière de l’Irish Citizen Army (ICA).
Pendant l’insurrection de Pâques 1916 à Dublin, elle est commandant en second de l’Irish Citizen Army (ICA) et dirige la brigade féminine. Au début, elle parcourt les rues de la ville pour distribuer des médicaments aux postes de combattants. Puis, avec quatorze autres femmes, elle décide de prendre les armes. Elle est la seule femme officier en uniforme et participe aux combats comme sniper au jardin public de St Stephen’s Green.
Arrêtée, elle est internée à la prison d’Aylesbury en Angleterre, puis à Kilmainham, où elle peut entendre les exécutions des seize dirigeants de l’insurrection. Elle-même est accusée de haute trahison et condamnée à mort par la cour martiale britannique, peine commuée en détention à perpétuité, la peine de mort n’étant pas appliquée aux femmes.
Parlementaire et ministre
Après l’amnistie générale de 1917, Constance Markievicz est libérée au mois de juin. Son retour en Irlande prend l’allure d’un véritable triomphe. Rare survivante combattante de l’insurrection, les Irlandais la considèrent comme l’héroïne de leur pays ; elle intègre la direction du Sinn Féin. Son incarcération va lui donner un autre motif de combat : l’amélioration des conditions de détention des prisonniers politiques.
En 1918, elle est de nouveau arrêtée et emprisonnée pour six mois à Holloway Prison, à Londres, de même que Maud Gonne. Cette emprisonnement est motivé par son combat contre la conscription des Irlandais et leur incorporation dans l’armée britannique. C’est pendant cette incarcération qu’elle est élue député du Sinn Féin à la Chambre des communes, profitant de la ratification du Qualification of Women Act (accession des femmes aux élections) ; elle s’était présentée pour le Sinn Féin, dans le quartier saint Patrick, à Dublin. Les élus irlandais refusent de siéger à Westminster et rejoignent le Dáil Éirann (parlement), à Dublin. Le 2 avril 1919, elle est ministre du Travail, dans le gouvernement révolutionnaire de Éamon de Valera. En 1922, hostile au Traité de paix du 6 décembre 1921 entre l’Irlande et la Grande-Bretagne, qui consacre la partition de l’île, elle démissionne de son poste et part aux États-Unis pour promouvoir la cause de l’indépendance et récolter des fonds. Pendant la guerre civile (mai 1922 – juin 1923), elle reprend les armes, puis, réélue au Parlement, elle adhère au Fianna Fáil au moment de sa création.
Elle décède le 15 juillet 1927 à l’hôpital Patrick Dunn à Dublin, des suites d’un cancer. Les Irlandais vont s’incliner devant sa dépouille pendant quarante-huit heures ; elle est inhumée au cimetière de Glasnevin, à Dublin, non loin de Maud Gonne.
source : Wikipédia
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Après lui avoir bavé dessus pendant des lustres, Sarko et Hollande sont vraiment pitoyables dans leur pêche à l’électeur du Front National. Pitoyables ! À chier ! Bien sûr, à grand renfort de promesses tous azimuts…
Rien de bien nouveau sous le soleil pourtant puisque Céline, déjà, dans son « École des cadavres » :
« Ce sont les francs-maçons aux ordres du juif Ximenès qui ont fait guillotiner Marie-Antoinette et Louis XVI. La plus fantastique campagne de calomnie maçonnique jamais déclenchée par Israël et menée tambour battant, triomphalement, jusqu’à la lunette de Samson, juif.
Monsieur Veto avait promis !
Madame Veto avait promis !
Vous avez promis, maçons de la Loge 38 bien davantage ! Depuis Veto, vous n’avez pas arrêté de promettre, vous avez exalté, fanatisé, enragé la meute de haines égalisatrices, de passions à baffrer, tout et tout de suite. Le tangible avant tout ! Toute la matière ! D’abord le Palpable ! Tout ce qui peut s’avaler, s’ingurgiter, s’approprier, s’accaparer, se boyauter. Vous l’avez mise en fringale matérialiste, irrésistible votre meute.
Apôtres du mieux-vivre, la meute va vous bouffer, vous d’abord. Vous êtes au bout de votre rouleau de promesses. Vous avez déjà donné tout ce qui vous appartient pas et puis en surplus tous les brouillards de la lune.
Tant pis pour vous ! Il ne reste plus rien de chiable dans votre boutique que vous-mêmes. Vous qui, pendant 150 ans, n’avez cesser de lyriser la mécanique, les droits du peuple, la muflerie, la matière, l’arrivisme et la merde, vous allez être servis merveilleusement ! Merdeux ! Vous vous êtes promis aux chiots révolutionnaires vous-mêmes ! Exorbités, aberrants, pontifiants, cafouilleux cancres vous avez commis au départ l’erreur capitale, inexpiable, vous avez misé sur la tripe, vous avez adulé, exalté, flagorné, glorifié la tripe. »
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« N’étant pas de ceux qui se fichent de leur première culotte, je me souviens de mes premiers pantalons comme si j’y étais. Outre les boutons de bretelles que j’ai vus disparaître sans regret, ils étaient garnis, à l’époque, d’une petite patte serrée derrière au niveau des reins par une boucle à deux ardillons. Ainsi pouvait-on régler à la demande le tour de ceinture et c’était la première raison du système. Les hommes ne tardèrent pas à lui en trouver une deuxième et on sait que les objets sont toujours plus intéressants par l’usage dérivé qu’on en fait. Cette boucle fut adoptée en effet par les duellistes pour y accrocher, en cours de combat, le pouce de la main gauche. Ce détail épique m’ayant été révélé à l’âge pubère, je pus apprécier, en pleine connaissance de cause, la cérémonie du premier pantalon.
Disons tout de suite que mon pouce de bretteur n’a jamais fatigué mes pattes de pantalon. D’ailleurs elles furent bientôt condamnées. En supprimant ces pattes en même temps que les bretelles, les tailleurs ont obéi à l’évolution des mœurs, ils ont flatté le sportif et découragé le duelliste. La virilité changeait de signe, le pantalon a suivi. Je ne vais pas jusqu’à dire que notre honneur tînt à cette patte, mais la désuétude et même le discrédit, sinon le ridicule, où le duel est tombé consacre un déclin des superstitions relatives à l’honneur. L’honneur lui même a rouillé dans le fourreau. Notre libération suit son cours.
L’offense ne conduit plus au pré. L’offense qui n’engage plus la peau devient donc inoffensive et perdra bientôt son nom. Au surplus les laboratoires de la morale émancipée nous ont révélé, par expérience sur des cobayes préalablement humiliés, que le sang n’avait aucune propriété oblitérante sur l’injure. A tort ou à raison, il est donc interdit à l’homme social de disposer de son sang pour raison de convenance personnelle. Que l’honneur se débrouille autrement. »
Jacques Perret, Salades de saison. Gallimard.
Le 24 avril 1886, un duel oppose Edouard Drumont, directeur du journal La Libre Parole à Arthur Meyer, directeur du journal Le Gaulois qu’ il avait insulté pour ses origines juives. Les « Ephémérides nationalistes » précisent que « ce dernier, de la dernière lâcheté, saisit à pleine main l’épée de son adversaire. »
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24 avril 1903 : naissance à Madrid de José Antonio Primo de Rivera, futur fondateur de la Phalange espagnole et de la doctrine nationale-syndicaliste. Cet avocat est l’incarnation de la pureté, du courage et du « fascisme immense et rouge » décrit par Brasillach.
(Ephémérides nationalistes)
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20 avril 1889 : naissance d’Adolf Hitler à Braunau-am-Inn en Autriche.
20 avril 1868 : naissance à Martigues de Charles Maurras, théoricien nationaliste et monarchiste .
20 avril 1948 : Jean Bassompierre est exécuté au fort de Montrouge. Nationaliste français, il fut membre fondateur du Service d’ordre légionnaire (puis de la Milice française). Volontaire un temps pour la Légion des volontaires français (LVF), il finit la guerre au sein de la Waffen-SS.
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« Je fus aussitôt pris par le sentiment de la grandeur. Il fondit sur moi à l’improviste. Rien ne l’annonçait. Le départ de maître Dromiols, autour de moi, laissait un vide et, en moi, un bizarre regret. Mon abandon dans l’île ne pouvait, par ce temps sinistre, que m’entraîner à la mélancolie. Il n’en fut rien : ni regret, ni tristesse ; mais ce sentiment inattendu. Peut-être eus-je soudain la vive sensation, au sein de ce monde colossal, de ma petitesse. J’y pris la mesure des choses qui m’écrasaient et je m’y confondis jusqu’à participer à leur puissance surhumaine.
L’immensité des eaux, la majesté du fleuve en marche vers la mer, la montée des nuages, la hauteur, l’abondance et la force des arbres, le désert de la rive et mon sauvage isolement, tout un monde démesuré s’enfonça dans mon âme, dont il dilata les limites étroites et il créa soudain, pour vivre en moi, des espaces immenses. Sur ces étendues infinies, des hauteurs s’élevaient, immatérielles, et par dessous, des profondeurs inventaient un nouvel espace et s’y abîmaient irréellement. Je ne perdais point conscience, et tant le sol boueux que l’eau m’étaient présents ; mais j’étais soudain devenu plus sensible à ce sentiment de l’amplitude inspiré du dehors par la nature et qui m’arrivait du dedans avec toutes les voix de la solitude nouvelle. Cette rencontre du spectacle naturel et des voix intérieures créait, en un lieu indéfinissable, qui n’était ni en moi, ni hors de moi, cet état d’âme étrange, où l’eau, le ciel, les bois exaltés jusqu’à l’émotion, s’abolissaient en elle, et dans lequel ces ébranlements de mon être prenaient une ampleur retentissante du fait de la grandeur du fleuve, de la sauvagerie du ciel et du silence spacieux des arbres. Une puissance inattendue construisait sous mes yeux cette abstraction vivante et la substituait aux visions, aux odeurs, aux bruits, aux émotions et aux pensées.
Du fleuve, des limons du sol, des bois, la matière énorme fondait en ce sentiment de grandeur pur de toute substance. Affranchi, je ne sais comment, des servitudes ordinaires, je venais de passer, à l’improviste, d’une situation humaine déjà trop lourde pour ma médiocrité, à la connaissance ineffable de la majesté elle-même. Je respirais dans la grandeur ; mon cœur y battait ; ma pensée, immobile sur elle-même, n’était plus qu’un grand corps sonore à la mesure des hauteurs et des profondeurs solennelles de ce monde. »
Henri Bosco, Malicroix. Gallimard
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Matzneff n’est pas beaucoup aimé dans notre « mouvance » et si les reproches qui lui sont adressés concernent le plus souvent ses préférences sexuelles ou ses amitiés mitterrandiennes, je crois que ce qu’ on lui reproche le plus, en fait, est sa liberté d’esprit.
Pour ma part, j’aime ses essais, moins ses romans (à part son pétulant « Nous n’irons plus au Luxembourg » ) mais j’aime surtout son « Journal intime », où il peut défendre à loisir « les valeurs aristocratiques d’indépendance, d’élégance, de panache » qui sont les siennes. Elles sont siennes aujourd’hui comme hier et il déclarait encore dans le dernier numéro d’Éléments : « Jusqu’à mon dernier souffle, je résisterai au Nouvel Ordre Mondial prôné par le président Bush lors de la première guerre du Golfe en 1991, je résisterai à l’impérialisme amerloque et à ses puritaines ligues pour la vertu, je résisterai aux psychiatres de gauche et aux quakeresses de droite, à toute cette racaille pharisaïque qui prétend nous dicter ce que nous devons penser, écrire, manger, fumer, aimer. »
Je n’avais pas acheté « La séquence de l’énergumène » dès sa sortie, bien m’en avait pris puisque je viens de le trouver d’occasion à un prix tout à fait abordable. Et je n’écrirai rien à son sujet dans l’immédiat : je préfère laisser la parole à Christopher Gérard :
« En exergue au Sabre de Didi (1986), étincelant recueil de chroniques publiées naguère dans Combat et dans Le Monde, Gabriel Matzneff plaçait cette phrase de l’Abbé Galiani : « Planer au-dessus et avoir des griffes ». Il pourrait la reprendre telle quelle pour ce choix d’articles de Combat où, de 1963 à 1965, il tint une rubrique télévisuelle hautement polémique, intitulée « la séquence de Gabriel Matzneff ». Le plus drôle est que le jeune polémiste, « vêtu du probité candide et de lin blanc », n’avait jamais regardé la télévision et qu’il ne possédait même pas de poste ! «
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Le 13 avril 1943, la radio allemande annonce la découverte, la veille, dans la forêt de Katyn, à 20 km de Smolensk, de plusieurs milliers de corps d’officiers polonais, assassinés d’une balle dans la nuque, sur ordre de Staline. En réalité, avec l’aval de la Croix Rouge, c’est toute l’élite militaire polonaise (environ 15 000 officiers) qui a été décimée à Katyn et dans les environs par l’ armée Rouge.
Au procès de Nuremberg en 1946, les Soviétiques obtiendront que ce crime contre l’humanité soit attribué aux Allemands. En 1990, Mikhaïl Gorbatchev, alors président de l’URSS, avait admis la culpabilité des soviétiques mais il a fallu attendre le 26 novembre 2010, pour que la Douma (le parlement de Russie) reconnaisse officiellement que le massacre de prisonniers de guerre polonais à Katyn (Biélorussie), perpétré entre avril et mai 1940, avait été ordonné par Staline lui-même et que l’Union soviétique était seule coupable de ce crime de guerre.
Dans le numéro du 9 juillet 1943 de Je Suis Partout, Robert Brasillach écrit :
« J’ai vu Katyn. Cette perception directe, que rien ne peut remplacer, je l’ai eue. J’ai contemplé le paysage, respiré l’odeur abominable, j’ai marché à travers les sentiers du petit bois riant qui recouvre tant de cadavres, j’ai regardé, dans le vent du matin, les grandes fosses de terre ocrée, les arbres sauvages, les buissons. Je n’ai rien à dire que je n’aie vu (…).
Après tant de mois, cette odeur ? Mais oui, il faut croire que la terre de Katyn a des propriétés conservatrices particulières. Quand les hommes affairés à cette besogne remuent les malheureux cadavres polonais, quand ils en souvent un au bot de leur crochet, ils nous envoient en même temps à la figure cette odeur, comme si elle était une pelletée de terre. Et nous voyons alors se dresser debout, comme un décharné de Ligier Richier, un fantôme aux dents découvertes, sec et muet, qui nous apporte sa bouffée de pourriture.
Ils sont là, rangés tête-bêche, bien reconnaissables dans leur bel uniforme souillé et terni, avec les bottes, le grand manteau. J’ai passé plusieurs mois en captivité avec des officiers polonais, je puis reconnaître leurs frères. Ils sont la face contre terre, on nous désigne la trace du coup de revolver dans la nuque. Leurs photographies nous les ont montrés, mais rien ne peut donner l’idée de cet entassement régulier, couche par couche, aussi méthodique qu’un entassement de conserves. Dans cet amalgame tout semble se tenir comme si une matière gélatineuse unissait les corps. Il faut les détacher les uns des autres, au bout de fourches ou de tridents, et l’on entend alors une sorte de déchirement de papier gras (…). »
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