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« (Entendu à France Culture) Le confesseur de Louis IX, lui avait interdit de rire le vendredi. Comme si le rire pouvait se commander. Or, il ne faut pas oublier que c’est au XIIIe siècle que l’on vit apparaître le sourire sur le visage des statues sacrées.
Y a-t-il eu opposition radicale entre le rire et la religion catholique ? Assurément, mais dans une moindre mesure que ce que l’on s’est efforcé de démontrer (je fais notamment allusion à Umberto Eco). Que l’on cesse de considérer le Moyen-Age et le catholicisme médiéval comme une période d’ignorance et d’obscurantisme. Les moines et abbés de jadis étaient tout aussi dévoyés et défroqués que nos contemporains le sont. Et l’on ne rit certainement pas davantage aujourd’hui.
La grande tendance, c’est l’intelligentsia qui se pose en juge du passé et des actions de nos prédécesseurs, de nos aïeux : « Avant, ça n’était pas la démocratie, ni l’égalité, ni le métissage institué, donc une grande chape sombre posée sur le monde. » Cette assurance qu’ont certain d’être juchés sur un observatoire, et qu’ils ne seront pas eux-mêmes dénoncés par les intelligences à venir pour la vaste entreprise de déstabilisation qu’ils sont en train d’édifier autour d’eux, est tout à fait caractéristique de notre fin de siècle.
Il faudra pourtant que nos enfants et nos petits enfants se souviennent des fossoyeurs et des apprentis sorciers, et que leurs noms demeurent synonymes de fossoyeurs et d’apprentis sorciers. »
Bruno Favrit. Midi à la source. Carnets 1990-2011)
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« Le néopaganisme peut être défini succinctement comme le refus, parfois virulent, des valeurs et des dogmes monothéistes. Il se caractérise par une conception panthéiste et/ou polythéiste de la religion. A son origine, il y a une fascination et une idéalisation des paganismes antiques et de celui des sociétés traditionnelles. Il est indubitablement un héritier du romantisme, notamment dans son refus des Lumières, dont la naissance peut-être située dans la seconde moitié du XVIIIe siècle en Europe. Il existe différentes formes de néopaganisme : la première, souvent idéologiquement à droite, fait référence à des divinités ou à une tradition cultuelle précise et a, généralement, un fondement ethnique reposant la plupart du temps sur la reconstruction d’une religion préchrétienne fondée sur des recherches historiques; la seconde, plutôt à gauche, renvoie à un discours écolo-panthéiste souvent de nature universaliste et à un paganisme créé de toutes pièces… » (Stéphane François : »Les mystères du nazisme ».PUF)
Lecture éminemment réjouissante de cette définition du néopaganisme. L’auteur en est quelqu’un qui n’est pas de NOS amis et qui met ainsi en lumière la cause du mal qui doit chatouiller quelque peu SES amis : l’historicité, la rigueur, la précision, la recherche sont de notre côté, païens ethniques, la création de toutes pièces du côté de celui des païens écolo-universalistes … Stéphane François aurait voulu enlever toute légitimité historique aux païens qui se disent « de gauche », qu’il ne s’y serait pas pris autrement …
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Notre civilisation, la civilisation de l’homme blanc, agonise… J’en ai eu la confirmation en voyant par hasard sur une vidéo des concurrents d’un jeu de télé réalité, filles et garçons du plus pur type nordique, boire un grand verre de la pisse et du sperme d’un âne avant de vomir tripes et boyaux, à quatre pattes, la tête dans un seau … ce sera mon seul exemple, je n’aurais pas assez de toute ma vie si je voulais être exhaustif . Alors, je me dis : et si l’Homme Blanc arrivait en bout de course ? et si le monde n’en avait plus besoin ? ça expliquerait bien des choses, non ?
car :
« Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles.
Nous avions entendu parler de mondes disparus tout entiers, d’empires coulés à pic avec tous leurs hommes et tous leurs engins ; descendus au fond inexplorable des siècles avec leurs dieux et leurs lois, leurs académies et leurs sciences pures et appliquées, avec leurs grammaires, leurs dictionnaires, leurs classiques, leurs romantiques et leurs symbolistes, leurs critiques et les critiques de leurs critiques. Nous savions bien que toute la terre apparente est faite de cendres, que la cendre signifie quelque chose. Nous apercevions à travers l’épaisseur de l’histoire, les fantômes d’immenses navires qui furent chargés de richesse et d’esprit. Nous ne pouvions pas les compter. Mais ces naufrages, après tout, n’étaient pas notre affaire.
Élam, Ninive, Babylone étaient de beaux noms vagues, et la ruine totale de ces mondes avait aussi peu de signification pour nous que leur existence même. Mais France, Angleterre, Russie… ce seraient aussi de beaux noms. Lusitania aussi est un beau nom. Et nous voyons maintenant que l’abîme de l’histoire est assez grand pour tout le monde. Nous sentons qu’une civilisation a la même fragilité qu’une vie. Les circonstances qui enverraient les œuvres de Keats et celles de Baudelaire rejoindre les oeuvres de Ménandre ne sont plus du tout inconcevables : elles sont dans les journaux.
(…) — Adieu, fantômes ! Le monde n’a plus besoin de vous. Ni de moi. Le monde, qui baptise du nom de progrès sa tendance à une précision fatale, cherche à unir aux bienfaits de la vie les avantages de la mort. Une certaine confusion règne encore, mais encore un peu de temps et tout s’éclaircira ; nous verrons enfin apparaître le miracle d’une société animale, une parfaite et définitive fourmilière. »
Paul Valéry
La Crise de l’ Esprit, première lettre(1919)
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