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Aucun texte ne nous est parvenu des Druides qui considéraient que l’écrit était une parole morte. Les prières qui sont dites aujourd’hui par les suivants de la Voie des hommes du Chêne ont donc été inventées, avec plus ou moins de bonheur, plus ou moins récemment. Les plus anciennes remontent à Iolo Morganwng (1747-1826), personnage controversé qui est l’auteur notamment de la Grande prière des druides qu’on retrouve dans la rituélie de la plupart des groupes (néo) druidiques.Il en est de même pour les rituels proprement dits.
Pourtant le druidisme n’est pas une tradition isolée. Il est l’aspect celtique d’une tradition et d’une religion qui s’étendaient toutes deux sur la totalité du domaine indo-européen. C’est pourquoi notre tradition est parente de la tradition germanique, de la tradition slave de la tradition grecque, de la tradition romaine et encore de la tradition védique.
La comparaison de ces traditions soeurs permet de trouver des éléments identiques entre elles et sans problème nous autorise, nous druides d’aujourd’hui, à des emprunts légitimes aux prières védiques qui, elles, nous sont parvenues dans leur état originel. Même remarque en ce qui concerne les prières grecques avec, notamment, ce très bel hymne Orphique adressé à Nature :
O Nature, déesse qui enfantes toutes choses,
mère inventive,
céleste, vénérable, divinité fondatrice, ô souveraine!
Indomptable, tu domptes tout, et splendide
tu gouvernes,
maîtresse universelle, à jamais honorée, la suprême,
impérissable, née la première, célébrée
depuis toujours, illustre,
nocturne, habile, porte-lumière, irrépressible.
Tu tournes, laissant la trace silencieuse de tes pas,
pure ordonnatrice des dieux, fin qui n’a pas de fin.
Commune à tous mais seule incommunicable,
sans père, par toi même enfantée,désirable,
délicieuse, grande et fleurie,
amoureusement tu tresses et mélanges, ô savante !
Conductrice et maîtresse, jeune fille qui donnes la vie
et nourris tout,
tu te suffis à toi-même, tu es Justice et des Grâces
la persuasion aux mille noms
régnant sur la mer, le ciel et la terre
amère aux mauvais, douce à ceux qui t’obéissent.
Tu es toute sagesse, don, sollicitude, ô reine absolue !
Opulente, tu fais croître et tu dissous ce qui a mûri.
Père et mère de toutes choses, tu élèves, tu nourris,
et tu hâtes les naissances, ô Bienheureuse, riche
en semences, élan des saisons !
Utile à tous les arts, ouvrière universelle, fondatrice,
divinité souveraine !
Eternelle, habile et très sage, tu meus tout,
et roules dans un tourbillon inépuisable le torrent
rapide;
tu coules en toutes choses, ronde, nouvelle
sous des formes changeantes.
Honorée sur ton beau trône, et, seule accomplissant
ton dessein
grondant au-dessus des porte-sceptres,
la plus puissante,
intrépide, dompteuse de tout, destin inéluctable,
souffle de feu,
tu es la vie éternelle et la providence immortelle.
À toi tout appartient, car toi seule as tout fait.
Je te supplie, ô déesse, d’amener avec les saisons
heureuses
la paix, la santé et la croissance de toutes choses.
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« Nous sommes les sorciers, les druides, ceux qui savent… Depuis la nuit des temps, nous appartenons à la plus ancienne organisation du monde. Quand l’homme apparut, nous étions là. Nous avons chanté les premières berceuses. Nous avons soigné les premières blessures. Nous avons calmé les premières terreurs. Nous étions ceux qui veillaient dans la pénombre. Les grottes ornées des Pyrénées se souviennent de nous, comme les premières statuettes de glaise que nous avons modelées à l’origine du monde. Nous étions présents dans les cercles de pierres, près des monolithes, des dolmens et du chêne des druides. Lorsque les Romains puis les chrétiens nous ont chassé à mort, nous nous sommes abrités dans les bois ancestraux, dans nos chaudes cavernes qui sont le ventre de notre terre maternelle. Merlin était des nôtres, comme l’étaient Gauvin et Arthur, Rabelais et Catulle, Bertrand de Born, Gilles de Retz et Jehanne d’Arc, Jacques de Molay, John Dee, Cagliostro, Nostradamus, Francis Hepburn et Gellis Duncan, Swinburne et Eliphas Lévi, Leconte de Lisle, Péladan et Maurice Magre, Fédérico Garcia Lorca, Otto Rahn, Savitri Devi, Delteil, Saint-Loup, Giono et Vincenot, et de nombreux autres bardes, mages, poètes, martyrs connus et inconnus qui ont porté notre bannière contre l’ennemi multiforme et omniprésent, l’Église et l’État. Et quand cette vermine de l’enfer que l’on nomme le christianisme soumettait tout l’Occident à l’esclavage du péché, de la mort et de la terreur, nous, et nous seuls, apportions de l’espoir au cœur de l’homme, malgré les geôles et les bûchers… »
Pierre Gillieth. Ombre. Éditions Auda Isarn
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On apprend aujourd’hui le décès, le 9 janvier, de l’universitaire Christian-Joseph Guyonvarc’h, linguiste et historien, spécialiste reconnu des études celtiques. Son épouse Françoise Le Roux est elle même décédée en 2004. On pouvait ne pas adhérer à toutes leurs interprétations et à leurs théories. Pourtant, la somme de leurs travaux en matière celte est considérable et on leur doit beaucoup.
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« – Crois-tu, dit le Grec, que si vous aviez gagné cette guerre, vous auriez fondé un véritable État, comme Rome ?
Mais le druide s’esclaffe.
– Un État ? Comme Rome ? Quelle abomination ! Oh non, quelle épouvantable chose qu’un État ! Ce n’est pas du tout de cela que je te parle ! As-tu rencontré un seul Celte capable d’être un citoyen ? C’est bon pour les Grecs et les Romains, cette chose abstraite et grégaire, cette chose petite et sans couleur ! Un citoyen ! Cette outre pleine de vent et toute pareille aux autres ! Un Celte qui perdrait sa couleur et sa liberté perdrait la vie ! Un pouvoir, d’accord, tant que l’on, peut mettre à mort le roi qui s’en rend indigne ! Un Empire, d’accord, tant que l’on peut y dénombrer des tribus toutes différentes, avec pour chacune ses petits chefs ! Mais un État … une organisation étatique… quelle absurdité insupportable pour des hommes libres ! Quelle contrainte vide et déracinée ! Pourrions nous devenir comme les légionnaires de Rome, des fourmis toutes identiques, des fourmis serviles qui ne savent plus bien pour qui ni pourquoi elles meurent ? Sans tribu, sans roi, sans fief ? De qui est-on l’obligé quand on n’a plus de roi ? Peut-on vivre et mourir pour l’un de ces démagogues, l’un de ces fantoches en toge que l’opinion publique mène comme des marionnettes, et qui se gargarisent de leur civisme ? Et puis ce serait trahir les lois de la nature, la nature si imaginative qui a fait en sorte que personne ne marche au même pas… Donnerais-tu la même nourriture et la même loi à l’aigle, à l’ours, au loup, au cochon sauvage ? Donne à manger des glands au loup, il en mourra ! Oblige un aigle à courir dans les fourrés et ses ailes se briseront, ses serres deviendront des moignons, il ne sera plus un aigle ! L’État … Quel crime contre nature est-ce là ? Et quand on déciderait de commettre ce crime, sur quel animal ajusterait-on la conduite de tous les autres ?
Non, mon ami, le prodige dont je te parle, c’est l’aigle, l’ours, le loup, le cochon, la forêt entière s’armant contre l’intrus qui la mutile et qui la broie ! Un Cadurque et un Breton combattant côte à côte, voilà la merveille ! Voilà la vraie force conforme aux lois sacrées de la nature ! Mais par quelle logique absurde l’ours chercherait-il à être chien ? Mais par quelle logique absurde le Cadurque chercherait-il à être Breton ? L’union n’est pas l’uniformité ! Est-il nécessaire d’être tous identiques pour défendre la même cause, et, pour combattre ensemble, de manger le même foin aux mêmes heures ? »
Cécile Guignard-Vanuxem, Vercingétorix. Le défi des Druides. Éditions Cheminements.
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Conseils pour devenir un bon marcassin:
Combattre la peur qui arrive lorsque l’on commence à peser le Soi face à l’immensité du cosmos.
Combattre la superstition qui fait confondre les symboles et nos divinités si vivantes; qui fait aussi confondre le Druide, simple transmetteur d’éveil, avec un « gourou » omnipotent.
Combattre la colère, réaction si facile dans l’état du monde qui nous entoure. Combattre également son irritabilité qui croit parfois avec la connaissance et le désir de la montrer.
Combattre la vanité, qui croit avec l’âge et nous empêche d’être juste.
Répondre aux autres, marcassins ou non, avec tact et mesure. Écouter et non imposer sa parole qui devient alors verbiage.
Ne pas interrompre son voisin ou le Druide lorsqu’il parle.
Savoir garder « sang froid » et calme, assurance de la dignité
(GDG)
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Il semble que les gaulois de l’époque indépendante affectionnaient de décorer leurs maisons et prenaient tout particulièrement soin des portes, pour souligner l’importance et le symbolisme du franchissement du seuil, que ce soit celle de la clôture extérieure dont les piliers étaient ornés de sculptures et portaient un arceau, lui même décoré, ou celle de l’habitation proprement dite pourvues d’inscriptions ou de motifs symboliques. Dans la maison, on suppose que le foyer constituait la partie centrale : on a retrouvé des chenets représentant des animaux (têtes de bêliers surtout) et on sait que beaucoup de chaudrons, et pas seulement les chaudrons cultuels, étaient minutieusement décorés …
On sait aussi qu’à l’époque gallo romaine les particuliers possèdent dans leur foyer un lieu sacré : dans le laraire (petit autel ou niche en pierre en forme de temple) séjournent les dieux Lares, génies protecteurs de la maison, et autres divinités : déesses-mères, Epona, Hercule, Mercure…Ils leur rendent un culte et leur offrent des libations sur un autel installé devant le laraire…
Mais quid de la religion familiale dans la Gaule indépendante ?
Si elle existait de manière certaine, des auteurs pensent qu’elle avait peut être, à une époque historique (IIème – Ier siècle av. J.-C.), une importance moindre que dans les religions grecque ou romaine. Les textes antiques (Poseidonios, fin IIème siècle av. J.-C., dont nous conservons des résumés chez César et Strabon) suggèrent que la tendance à la hiérarchisation de la religion gauloise autour des trois sacerdoces principaux (bardes, vates et druides) a non seulement réduit du même coup les manifestations non publiques mais aurait facilité aussi l’intervention de prêtres même dans le domaine domestique, où le père de famille n’aurait ainsi pas eu le rôle de prêtre privé qu’il avait à Rome.
Le terme « druide » pose pourtant problème : en effet, parallèlement au druide Diviciacos, César, dans sa Guerre des Gaules parle de Gutuater qui serait à l’origine des troubles survenus chez les Carnutes et qui ont mis le feu aux poudres.
Seulement, le hic, c’est que même si Gutuater signifie « maître des invocations » (dictionnaire Delamarre), donc prêtre, il est ici employé comme un nom propre et on ne sait donc pas trop à quoi s’en tenir …
en revanche, rien n’interdit de penser qu’il y avait peut être une caste de sacerdotes plus « basse » que celle des druides à proprement parler, en contact plus étroit avec le petit peuple, se rapprochant plus, dans une certaine mesure, de l’image qu’on peut se faire du « sorcier de village » mais en incluant un rôle sacerdotal plus ou moins marqué…
Et ce sont peut être eux qui intervenaient dans le domaine domestique même si la maison forme un espace d’indépendance où le propriétaire est maître absolu. Car les Gaulois étaient considérés comme formant un peuple s’adonnant « de façon immodérée aux choses de la religion« , et je m’étonne de ce que les cultes privés aient eu une importance moindre que dans les religions grecque ou romaine.
Je m’étonne aussi de ce que le père de famille n’avait peut être pas le rôle de prêtre privé qu’il avait non seulement à Rome mais aussi chez les germains et les nordiques … les Gaulois se seraient ils singularisés à ce point au milieu d’une Europe quand même relativement homogène au niveau cultuel ?
Je ne me fonde naturellement sur aucune « preuve » historique mais le fait qu’on ne retrouve pas de textes traitant du culte domestique ne signifie pas pour autant qu’il n’y avait pas un culte domestique développé…
j’ai lu récemment (mais où, je n’arrive pas à me rappeler), une thèse selon laquelle la non écriture des druides n’était qu’un mythe, qu’ils écrivaient mais qu’ils le faisaient sur des supports périssables (bois, etc…) et que c’est pour cette raison qu’on n’a pas retrouvé d’écrits… est-ce qu’on ne pourrait pas envisager (ce ne sont là que des pistes de réflexion…) que les Gaulois de l’époque indépendante, avaient aussi des laraires chez eux, mais qu’étant en bois ils n’ont pas résisté au temps ?…
Les actes cultuels les plus importants et les plus pratiqués étaient le sacrifice et l’offrande … encore une fois, je trouve difficilement concevable que le Gaulois, lambda mais tellement religieux, n’ait pas eu chez lui, une structure (simple laraire ou à la limite mini « chapelle », coffre réservé à cet usage -comme pour y mettre les têtes coupées ou « coin dans le jardin » …) pour y pratiquer ces sacrifices et y faire ces offrandes quotidiens aux dieux de la famille, de la maison, etc, au milieu des siens, et au gré des circonstances, comme les autres peuples de tradition indo-européenne…
Ces sacrifices n’étaient pas forcément sanglants, mais pouvaient consister, comme à Rome, à faire brûler un peu de nourriture ou de boisson dans le foyer familial (au centre de la maison gauloise ), au début de chaque journée.
Quoi qu’il en soit, on voit bien qu’on ne sait en fait pas grand chose du culte domestique que pratiquaient nos ancêtres gaulois et les découvertes archéologiques n’ont pas, dans ce domaine, pu nous faire remonter à la période indépendante. En revanche, à l’époque gallo-romaine, Il semble qu’il se présentait sous l’aspect de deux traditions différentes, l’une directement issue de l’influence romaine, l’autre exprimant peut être un conservatisme religieux gaulois et les deux exercées selon trois modalités particulières. De la même manière que leurs « occupants », les gaulois honorent les Lares et les Pénates, qui sont des divinités protectrices de la maison et du foyer, et qu’on installe dans des laraires, petits sanctuaires domestiques pouvant prendre la forme d’une petite niche dans l’atrium, ou d’une petite construction surélevée ou directement peinte sur un mur. On place donc dans ces laraires classiques les Lares et les Pénates mais aussi des figurines, souvent en bronze qui peuvent représenter Jupiter, Mars, Mercure ou Junon, et dont on a retrouvé un certain nombre (à Rouen, à Avenches en Suisse, etc …)
A côté de ces laraires abritant des divinités de bronze spécifiquement romaines, on a retrouvé aussi des petits sanctuaires ou autels domestiques conservant des figurines en terre blanche et en calcaire qui sont d’un type gallo-romain beaucoup plus marqué, et représentant, comme à Langon en Ille et Vilaine une Cérès, des Vénus anadyomènes, un Mercure, des Déesses-Mères, un cheval…
A Rezé en Loire Atlantique, c’est aussi un laraire se rattachant à la tradition romaine qu’on a découvert mais dont les figurines et les divinités qu’il abrite, à savoir, un chien, gardien de la maison, un porc, symbole de fertilité et trois déesses protectrices, en font un petit sanctuaire privé entièrement consacré à des croyances indigènes.
On s’est demandé si ces laraires « mixtes » de type gallo-romain étaient l’expression d’un processus de romanisation en cours ou bien au contraire de retour aux traditions gauloises. On peut citer à l’appui de cette dernière thèse, le sanctuaire dédié à Mithra à Mackwiller dans le Bas Rhin qui fut en partie ruiné à la fin du IIIe siècle et au lieu d’être reconstruit fut remplacé alors par un « sanctuaire de source », construit sur un plan indigène, ce qui corroborerait le retour, à cette époque, aux traditions religieuses indigènes les plus anciennes.
Enfin, on a aussi découvert quelques niches ou édicules aménagés dans des caves, comme à Argentomagus (Argenton sur Creuse en 1986), où ont été mis à jour les vestiges d’un édicule maçonné renfermant deux statues et un phallus disposés derrière une petite table circulaire.
Les deux statues pourraient être les figurations du dieu Kernunnos et d’une divinité de la prospérité familiale, le phallus représentant la fertilité… C’est Joël Le Gall, qui fut le directeur des fouilles sur le site d’Alésia où l’on trouva, dans le sous sol de la « maison à la Mater » et dont l’escalier s’ouvrait dans la cour de la propriété, une statuette de déesse-mère au pied d’une niche, qui donna à ces sanctuaires le nom de « caves sanctuaires ». « Si elles présentent les mêmes caractéristiques que les caves utilitaires, précise Gérard Coulon (« à la rencontre des Dieux gaulois »), elles comportent en plus une ou plusieurs niches aménagées assez haut, dans les parois, qui abritent une ou plusieurs statues de déesses-mères ou de dieux domestiques ». En outre, les « caves sanctuaires », pour lesquelles Coulon préconise de substituer l’expression d’ « oratoire privé en sous sol » présentent aussi la particularité d’abriter un guéridon de pierre à un seul pied, parfois décoré.
Ces détails sont rares dans les découvertes afférentes à la tradition romaine: pratiquement pas de laraires aménagés dans un sous-sol, extrême rareté des tables. Il semblerait donc bien que ces oratoires privés souterrains soient spécifiquement gaulois et Joël Le Gall est catégorique: « ces chapelles n’avaient aucun rapport avec les laraires romains, les dieux qu’on y honorait étaient les dieux nationaux de la Gaule ». La localisation souterraine peut s’expliquer de différentes manières: on a pu dire que la cave était l’endroit idéal pour honorer les divinités familiales de la fécondité et de la prospérité puisqu’elle est tout à la fois fondement de la maison, lieu sombre à l’abri des regards du public, resserre à provisions, et donc lieu privilégié pour demander à ces divinités les bienfaits matériels de leur protection, de la prospérité et de la sécurité . Raison supplémentaire, selon Joël Le Gall, si les gallo-romains pour accueillir leurs dieux dotaient leurs maisons d’un sous sol, c’est parce qu’il «leur rappelait les huttes à demi enterrées que les hommes partageaient jadis avec eux. Sans doute pour se rapprocher davantage encore de ce souvenir, on eut soin que l’escalier de ce sous sol débouchât toujours à l’air libre dans la cour de la maison ».
Il semblerait donc bien établi que ces oratoires privés ne participent en rien à la tradition romaine. En revanche, on ignore s’il s’agit d’une vieille coutume indigène dont ne nous serait, pour une raison ou pour une autre, parvenu aucune trace de la période indépendante et qui continuerait à avoir cours sous l’Empire dans un nouveau cadre de vie; ou s’il s’agit de la transposition en Gaule intérieure, du laraire classique. La première hypothèse fait son chemin et Jean Louis Brunaux dans ses travaux sur les religions gauloises note que « l’autel dans la maison n’est à priori pas à rejeter » même si sa réalité ne pourra être prouvée que par l’archéologie . A l’heure actuelle, malheureusement, les découvertes sont encore trop peu nombreuses pour pouvoir juger de la place de ces sanctuaires souterrains dans la religion privée. En revanche, on peut se demander, comme Gérard Coulon, si « la coexistence de ces deux traditions religieuses d’expression bien différentes ne pourrait pas contribuer à appréhender une certaine dualité de la société gallo-romaine ? »
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Je voudrais être un druide … enfin, plus exactement je voudrais être un file. Spécifique à l’Irlande, sa fonction est équivalente à celle du druide continental puisqu’il cumule les fonctions de voyant, de devin, de magicien, d’historien, de satiriste et de juge. Mais surtout, surtout, c’est lui qui proclame le Glam Dicinn, qui, dans la mythologie celtique irlandaise, est une malédiction suprême. Il s’agit d’une forme de satire qui provoque instantanément l’éruption de trois furoncles, sur le visage de celui qui en est l’objet et qui est dans l’absolue impossibilité de s’y soustraire. Ces furoncles représentent respectivement la « Honte », le « Blâme » et la « Laideur ». La victime est exclue de la vie sociale, puisqu’il ne lui est plus possible de paraître en public, et vouée à l’opprobre et à la mort. La satire se fait sous forme d’une incantation par le cri, et si elle est parfaite, la mort peut être immédiate.
Je vous laisse imaginer, si j’étais doué d’un tel pouvoir, le nombre de cons et de salauds qui seraient condamnés à rester cloîtrés chez eux, la tronche purulente… sans que quiconque ne soit épargné, du plus haut degré de l’Etat au dernier obscur cloporte…
« Les druides du Disque tiraient fierté de leur ouverture d’esprit quand il s’agissait d’aborder les mystères de l’univers. Bien entendu, à l’instar des druides de partout, ils croyaient à l’unité indispensable de la vie, au pouvoir de guérison des plantes, au rythme naturel des saisons et au bûcher pour quiconque professait des opinions différentes mais ils avaient aussi réfléchi longuement, intensément sur le principe même de la création et formulé la théorie suivante :
L’univers, à leur point de vue, dépendait pour sa bonne marche de l’équilibre de quatre forces, dans lesquelles ils reconnaissaient le charme, la conviction, le doute et l’envie d’emmerder le monde.
Par exemple, le soleil et la lune tournaient autour du Disque parce qu’ils étaient convaincus de ne pas tomber, mais ne s’en éloignaient pas à cause du doute. Le charme permettait aux arbres de pousser, l’envie d’emmerder le monde les maintenait debout et ainsi de suite.
Certains druides insinuaient que cette théorie présentait des lacunes, mais leurs aînés expliquaient avec force sous-entendus qu’il y avait assurément matière à une discussion s’appuyant sur des faits, aux passes d’armes d’un débat scientifique passionnant, lequel débat se tiendrait au sommet du prochain bûcher de solstice ».
Terry Pratchett : « le Huitième Sortilège ».
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(j’ai posté cette citation un jour sur un forum (néo)druidique … il a fallu que je précise très très vite que c’était de l’humour avant de m’attirer foudres excommunicatrices et flammes du bucher -que j’ai d’ailleurs subies quand même plus tard- … l’administratrice ne connaissait pas Pratchett …)
Quelques notes en vrac, recueillies ce week end, qui, toutes, sont autant de pistes de recherche et de réflexion …
Toute langue s’adresse aux dieux d’une ethnie particulière et nos ancêtres mettaient leur point d’honneur à parler correctement. C’est l’idéologie indo-européenne du « uek os tek », de la parole charpentée, élaborée, construite. La langue doit être parfaite et utilisée au mieux possible. Donc, en contradiction avec les affirmations de Jean Louis Brunaux, les gaulois parlaient la même langue du nord au sud car les druides étaient là pour leur faire respecter ce principe de la langue parfaite, commune à toute une ethnie.
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Dans l’Antiquité, on ne saluait pas tout le monde de la même manière. Ça changeait selon la qualité de l’interlocuteur. On ne salue que ceux qui appartiennent à la même ethnie (chez les celtes, les membres de la Touta ou de la Kenetl : voisins de même souche). Les tribus « étrangères » pouvaient se rencontrer, se saluer si les druides et les rois avaient auparavant créé des liens.
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Sunerto est probablement le « bonjour » gaulois: bonne force (pour parcourir la durée du jour sous l’oeil et la protection des divinités diurnes) limité aux membres des deux premières fonctions (il n’y a que les druides/rois et guerriers à être concernés par « Ner »: « Force »)
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Cosmogonie : Ulatis (en Gaulois: la Puissance. Une force qui n’est pas décrite : Prajapati Indien) crée l’Univers, mais en même temps la Parole, les Dieux, vers le haut, et les Hommes sur Terre (aux antipodes du dieu tout puissant créateur monothéiste). Et donc, on peut invoquer les dieux et les hommes (« j’ai besoin de l’aide des dieux et j’ai besoin aussi de l’aide des hommes »). Prajapati se sacrifie à lui même (se sacrifie pour permettre la création).
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Il faut travailler sur les contes et les légendes dans une vision dumézilienne (à partir des trois fonctions) sinon on passe à côté.
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On crée le mot français à partir du singulier : on part de 1 chêne pour arriver à des chêneS. Alors que c’est le contraire dans les langues celtiques (et donc le Gaulois) : on part des chênes « derw » pour arriver à 1 chêne « derwenn » (en français, on rajoute une ou des lettres pour parvenir au pluriel alors qu’en celtique, on rajoute une ou des lettres pour parvenir au singulier): le « poly » est la base de départ en quelque sorte… car si le pluriel existe avant le singulier, LES dieux sont antérieurs au dieu unique…
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Le mauvais roi est mis à mort, le mauvais druide (qui doit être au service de ce qui est dessous tout en étant au dessus) est chassé de la Touta.
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Taliesin représente la Parole vraie, la parole sincère d’un druide.
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S’adresser aux dieux sans paroles, c’est historiquement le plus haut degré de l’initiation.
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Dans notre société actuelle, on ne peut guère faire qu’ étudier la tradition druidique, la transmettre à des jeunes qui, eux mêmes … jusqu’à ce qu’un jour, les conditions fassent qu’il soit possible de …
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Il faut étudier la Tradition pour retrouver ce qui peut l’être et construire le reste sans faire d’erreurs pour pouvoir vivre notre paganisme au quotidien.
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