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« Beaucoup d’écrivains furent séduits par le fascisme comme par un mouvement lyrique où se mêlaient le chant et la volonté. Pour Drieu le Rochelle obsédé comme tout barrésien par l’empire de la décadence, le fascisme était le ressort qu’il avait d’abord attendu de Moscou ; le mystérieux ressort qui tout à coup suspendait le cours du déclin. Pour Brasillach le fascisme n’était pas une opération politique mais un vaste courant de symboles, issue d’une culture secrète plus vraie que celle des livres. Il avait transformé le fascisme en poésie nationale et Mussolini en un chantre qui, ayant éveillé la Rome immortelle, lance de nouvelles galères sur le Mare Nostrum. Autres poètes magiques : Hitler qui célèbre les nuits de Walpurgis, les fêtes de Mai et qui apparaît à Brasillach dans une guirlande de chanson de marche et de myosotis, de dures branches de sapin aussi, avec une escorte de jeunes cueilleuses de myrtilles aux belles nattes, toutes fiancées à des SS descendus du Venusberg. Même Codreanu est un poète grâce à la légion de l’archange Michel. La rose et l’épée s’entrelacent autour des guerriers de Primo de Rivera. Jusqu’à la Belgique qui devient poétique grâce à Degrelle, par qui souffle la fraîche inspiration des Ardennes. Au vent de l’histoire, les feuillages sombres du Venusberg et des Ardennes, la houle d’oliviers espagnols tout prêts à devenir des lauriers frémissent du même mouvement que le chêne de Saint-Louis, les cèdres des croisades et les vagues de l’Atlantique engloutissant Mermoz ».

Jacques Laurent. Histoire égoïste. Table Ronde.

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« L’inconvénient du régime que nous subissons est le suivant : en ce qui concerne l’actualité, il a pour stratégie principale de frelater la matière première, l’information, et de corrompre en même temps les cerveaux qui ont à l’analyser. Toute information est faussée par l’empire qu’exerce le pouvoir sur la grande presse, la radio et la télévision. Ces puissantes usines moulent les faits, les dénaturent, les amputent, les écrasent, les défigurent. Contrairement aux illusions de Paul Valéry, les faits sont malléables à merci, et les techniques d’information qui, à première vue, semblent faites pour l’objectivité -celle de l’image notamment- se prêtent plus facilement encore que d’autres aux travestissements. Aux actualités, devant un poste de télévision, en feuilletant un magazine, ma vigilance est toujours aiguisée par le souvenir d’une anecdote déjà ancienne, et qui est exemplaire : Hitler étant entré à Vienne, une société d’actualités g=française utilisa les mêmes bandes qu’une société nazie ; on y voyait des rues vides jalonnées de volets fermés ; dans la version allemande, elles signifiaient l’unanimité des Viennois, leur empressement à déserter leur quartier pour aller acclamer le Führer ; et je n’ai pas besoin de vous dire avec quelle émotion contenue le commentateur français tirait de ce spectacle la preuve que, pour éviter d’assister à la hideuse entrée d’Hitler, les citoyens de Vienne s’étaient enfermés chez eux, derrière leurs volets clos. La légende s’incorpore si bien à la photographie, et la « voix-off » à l’image cinématographique télévisée, qu’aucun spectateur, sauf s’il bénéficie d’informations particulières, ne peuit douter de ce qu’il crois voir, alors que le Pouvoir à son gré, à partir d’un matériel qui a l’apparence de l’objectivité, la force convaincante du vrai, vous fabrique des Viennois douloureux ou des Viennois émerveillés.
Cette immense machine à impressionner les cerveaux est aujourd’hui l’arme favorite d’un chef d’État qui a su comprendre qu’il ne régnait que grâce à elle. La France qui croit se renseigner sur ce qui se passe dans le monde ne se renseigne que sur les opinions que le général de Gaulle a de la conjoncture. Mais parce qu’il ignore qu’il assiste à une sénce de prestidigitation, le spectateur prend cette fiction officielle pour une vérité à l’état brut.
Que la matière sur laquelle le citoyen a l’illusion de se former une opinion soit frelatée au départ prend toute sa gravité si l’on considère que l’autre caractéristique de ce régime est son hostilité pour l’esprit critique. Il n’est disposé à le tolérer, ni dans de grands corps de l’État dont jusqu’ici l’existence était fondée sur l’indépendance, le Conseil d’État par exemple, ni dans la presse, ni dans l’édition où sa vengeance poursuit avec méthode le moindre contrevenant. »

(ce texte aurait pu être écrit aujourd’hui, il le fut en juin 1964 par Jacques Laurent et figure dans « Au contraire », paru aux éditions de la Table Ronde.)

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5 janvier 1759 : naissance au Pin-en-Mauges (Maine et Loire)de Jacques Cathelineau, le « saint de l’Anjou »,chef royaliste des Vendéens, généralissime des armées vendéennes pendant la Révolution.
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5 janvier 1919 : naissance de Jacques laurent-Cély à Paris. Journaliste, romancier, et essayiste français, ayant publié sous divers pseudonymes dont celui de Cécil Saint-Laurent. Militant Action Française dans sa jeunesse devenu anarchiste de droite, son nom reste associé au mouvement littéraire dit des Hussards.
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5 janvier 1919 : à Munich, l’ouvrier Anton Drexler fonde le DAP, Parti ouvrier allemand, rapidement devenu le NSDAP, avec Gottfried Feder, Dietrich Eckart et Karl Harrer. Moins de 15 ans après, cette émanation de la Société Thulé, parviendra au pouvoir.
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5 janvier 1955 : Marcel Déat, d’abord membre du parti socialiste, se montra, guidé par son pacifisme, favorable, dès le milieu des années 30, à une politique de compromis avec l’Allemagne. En 1941, il fonde le Rassemblement National Populaire et se rallie aux idées du national-socialisme. A la Libération, il se réfugie en Allemagne puis en Italie où il trouve refuge dans un monastère près de Turin. Il y termine sa vie le 5 janvier 1955 sous un nom d’emprunt.
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5 janvier 1975 : (certaines sources font également état de la date du 25 janvier 1975) mort à Stuttgart de Gottlob Berger, instituteur, devenu sous le IIIe Reich général de la Waffen SS. C’est sous son impulsion que la SS Verfügungstruppe se transforme en Waffen SS et s’ouvre aux autres peuples européens. Arrêté, jugé et condamné à la fin de la guerre, il est libéré en 1951. Fidèle à son engagement et à ses idées, il écrivit par la suite dans le journal « Nation Europa ».
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5 janvier 1997 : mort du belge francophone André Franquin, le père de Spirou et Fantasio (par adoption), du Marsupilami, de Modeste et Pompon, de Gaston Lagaffe et des Tifous. On lui doit aussi d’inoubliables « Idées noires ».

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« Si vous rencontrez jamais au fond d’une cave quelqu’un qui soit très occupé à couper son prochain en tranches, informez-vous d’abord. Gardez-vous d’apprécier à vue de nez, de juger témérairement, d’intervenir mal à propos. Sachez que le point du litige n’est pas de savoir si vous avez affaire à une tortionnaire mais strictement si la cause de ce tortionnaire est bonne ou mauvaise. Ce n’est d’ailleurs pas d’aujourd’hui que la fin justifie les moyens. Ce qui est neuf c’est la sorte d’unanimité des esprits quant à cet aphorisme jusqu’alors discuté.

Ce qui est neuf, ce n’est ni le massacre ni la torture, mais que des esthètes, des philosophes, des poètes, tous champions patentés du libre examen, appellent, approuvent, acclament, massacrent et torturent au point qu’il ne leur reste de blâme et d’invective que pour les carnages dont se rendent coupables leurs adversaires sans qu’il soit question un seul instant de réprouver l’atrocité en soi. César ou Démos n’ont pas commencé d’être brutaux et injustes à notre époque : toute l’histoire en témoigne. Mais au moins, jadis, ne se rougissaient-ils pas les mains au nom des droits de l’homme. Une caractéristique de notre époque (qui entre bien des gênes bénéfiques n’a hérité que celui-ci de la Révolution Française) veut qu’il ne suffise plus à l’égorgeur d’égorger, encore lui faut-il qu’on l’approuve. Les grandes tyrannies modernes ne se contentent pas de l’obéissance de leurs sujets : ceux-ci doivent en sus se pâmer sur les délices de leurs libertés. »

Jacques Laurent, Au contraire. La Table Ronde.

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Jacques Laurent est mort il y a dix ans aujourd’hui, le 29 décembre 2000 à Paris.

« Les grammaires sont des manuels d’éducation sexuelle. Nous ne pourrons jamais oublier que buffet est masculin et armoire féminine. A peine sait-on parler qu’on marie la grenouille et le crapaud, le tigre et la panthère, le parapluie et l’ombrelle. Le buffet en prenait aussitôt une solidité plus pataude que l’armoire, la grenouille auprès du crapaud trapu se trémoussait comme une bavarde et l’évidente frivolité de l’ombrelle confirmait la sexualité de ce vocabulaire. Les hommes se servent d’une épée, pourtant elle est toujours femelle pour moi, femelle du sabre. Malgré que j’en aie je distinguerai toujours par des impressions sexuelles la vaillance, du courage, la mer, de l’océan. En France nous attendons une mort plus feutrée, plus insidieuse qu’en Angleterre où elle est neutre. Même dans la cour du lycée Condorcet, la statue de l’instruction, parce que le vocabulaire l’exige, porte des mamelles; la République a les cheveux longs alors que l’Empire est un oiseau mâle et le criminel un gaillard grincheux poursuivi par une alerte jeune femme.
Ainsi était née ma sexualité.

Les Bêtises.

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« Nous ne sommes pas anarchistes par goût de la subversion : nous le sommes parce que nous ne trouvons plus devant nous que des bouffonneries qui exigent notre dérision. « Ils n’ont plus droit au respect -affirmait Jacques Laurent en nous mettant hors de jeu. Qui ? Tous autant qu’ils sont, d’hier, d’aujourd’hui et de demain, tous ces gens du Pouvoir qui pouvaient prétendre à notre respect. Nous savons, -et non plus comme jadis, par une exception qui confirme la règle,- que dans tout général, tout ministre, tout prélat, tout meneur d’hommes, tout savant, tout héros, militaire ou sportif, tout écrivain, il y a, sommeillant et qu’on réveille facilement, un détenu triste, prêt à mendier le rab de fayots, le sourire du gaffe, et à se frapper la poitrine dans un box pour expliquer ses intimes méandres au premier paquet venu de justiciers ». Nous ratifions cette profession de désespoir social et civique. Nous n’avons pas eu besoin de faire table rase; elle s’est faite toute seule. Nous avons fini par nous habituer à ce néant qui bafouille, qui jabote, qui se rengorge dans des poses avantageuses.

Pol Vandromme, Rebatet.

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Jacques Laurent-Cély, né le 5 janvier 1919 à Paris, mort le 29 décembre 2000 à Paris, était un journaliste, romancier, et essayiste français, ayant notamment publié sous divers pseudonymes dont celui de Cécil Saint-Laurent, et élu à l’Académie française en 1986. Militant royaliste dans sa jeunesse devenu anarchiste de droite, son nom reste associé au mouvement littéraire dit des Hussards.

Jacques Laurent aurait aimé que les étudiants se constituent en une classe. Au lieu d’aller faire la cour aux ouvriers dans les usines (quand ils y allaient encore). Qu’ils admettent que le prolétariat s’est intégré au système capitaliste et a cessé de détenir une vocation révolutionnaire. Selon ses vœux, c’était à eux, les étudiants, qu’il appartenait d’inventer une classe dont le rôle serait essentiellement critique.

Il considérait que dans une société de consommation, l’action révolutionnaire devait prendre une autre forme qu’au XIXe siècle et au début du XXe. Qu’elle devait reposer non pas sur des revendications élémentaires, mais sur une exigence intellectuelle et spirituelle.

Mais il fallait que les étudiants soient à la hauteur de cette entreprise en remettant en cause des habitudes de pensée, issues de la mode qui les conduisent trop souvent à bêtifier. Il fallait qu’ils s’insurgent « en faveur des hommes contre les schémas ».

Mais ils ne furent pas à la hauteur … et ils ne le sont pas plus aujourd’hui …

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Antoine Blondin est né le 11 avril 1922.

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Les titres de ses romans sont autant d’aveux ou d’autoportraits : L’Humeur vagabonde, Un singe en hiver, Monsieur Jadis, L’Europe buissonnière …

Il est difficile de l’évoquer sans parler aussi de Roger Nimier : avec lequel (et Michel Déon et Jacques Laurent) il est lié au « mouvement littéraire des Hussards ». Ce texte (dans « Ma vie entre des lignes »)  les réunit de manière exemplaire:

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« Cette nuit là, qui était celle du réveillon, je m’étais épanché à travers Paris dans un taxi que je n’étais plus en mesure de payer quand le chauffeur -lassé- m’en fit la suggestion. Conduit au poste de police pour grivèlerie, on me retira tout : ceinture, cravate, sauf la barbe qui me donnait l’aspect d’un parfait clochard et ne m’avantagea pas lorsqu’on vint m’extraire de ma cellule, à la fin de la matinée, pour me conduire devant le commissaire. Celui-ci me donna à entendre que le camion du Dépôt allait effectuer son ramassage dans l’heure qui suivait et que l’après midi ne se passerait pas que je ne fusse traduit devant le tribunal des flagrants délits et condamné sans recours.. Toute fois voulait-il bien me laisser une chance de rembourser le chauffeur avant cette échéance en téléphonant à quelqu’un de m’apporter la somme qui se montait à 3000 francs (anciens). J’avais droit à un seul coup de téléphone. J’appelai Roger, tremblant qu’il n’eût réveillonné dans quelque campagne. Il était là et me dit qu’il arrivait. On me reconduisit dans la cage où le temps me sembla long. Qui du fourgon ou de l’Aston-Martin arriverait le premier ? Je l’ignorais encore quand on me poussa vers la sortie… Une sourde animation régnait dans le poste de police au milieu duquel se tenait un chauffeur en livrée, casquette et gants d’uniforme. Il se découvrit à mon approche et me tendit une enveloppe en me disant : « Voici, monsieur. » Je lui répondis : « Merci, Étienne. »

C’était Roger.

L’enveloppe contenait le salaire de trois brigadiers-chefs. Je réglai ma petite note, puis me dirigeait vers « ma  nimiervoiture », escorté par « mon chauffeur » qui, se découvrant derechef, contourna la voiture pour ouvrir la portière avec les marques d’une déférence extrême. Jamais « La Vieille Maison »* ne m’avait paru plus accueillante ni plus somptueuse. Elle flambait sous un pâle soleil dans une apothéose de klaxons, car elle bouchait toute la rue. Les flics, massés au seuil de leur antre, se frottaient les yeux devant l’équipage miraculeux qui emportait cette pauvre cloche incapable de régler un taxi et l’on peut présumer qu’ils eurent vraiment ce jour-là la révélation de Noël. « Tout cela pour te refaire un peu la cerise », dit simplement Roger.

On voit la délicatesse : me sortir du poste n’était rien, m’en faire sortir la tête haute, convertir l’angoisse en plaisanterie, l’humiliation en triomphe, c’était là tout Roger Nimier. »

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* « cette voiture que nous appelions « La Vieille Maison » parce qu’elle renfermait des rasoirs électriques, des chemises de rechange, des livres, des déclarations d’impôts et des jeux de patience un peu désuets; parfaitement : des jeux de patience jouxtant le compteur étalonné jusqu’à 260 ! »

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