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« La rivière naturelle coule à certains endroits. Et pas à d’autres. Les arbres tombés y ménagent des espaces d’eaux calmes et profondes. Ailleurs la pente crée des friselis d’eaux cristallines sur les gravières où le poisson vient frayer.
Le soleil perce où il veut, quand il peut. C’est le point de départ de la chaîne d’énergie captée par les plantes qui lient tous les êtres vivants. Et l’eau coule, un peu, beaucoup, à la folie ou pas du tout. D’une manière ou d’une autre tout son parcours se retrouve vivant, même s’il n’est pas éclairé en totalité. La rivière ne meurt que si l’homme s’en mêle.
Faire couler, obsession majeure des aménageurs, nous produit des vaches dépitées devant les quelques centilitres qu’une sécheresse, ainsi bien organisée, leur laisse à portée de langue, dans leurs points d’eau d’autrefois.
Faire couler ! Et voilà à la crue de printemps un déboulé formidable d’eaux que rien ne ralentit. Gare à ceux qui sont en aval !
Tout ça marche bien mal, simplement parce que le but poursuivi n’est pas, en réalité, la régulation du cours de la rivière, avec dosage des crues, du soleil et de tous les éléments.
Ce que l’on veut, c’est civiliser le lieu, le rendre correct. Fréquentable.
Et alors le premier élément sur lequel on se focalise c’est l’arbre. Vous l’avez vu : pourri, mort, tombé, il n’a pas droit à l’existence.
Mais il est le symbole de la nature. C’est donc lui qui, parmi tous les occupants du milieu, subira le plus cet étrange alchimie : devoir le maintien de son existence à la condition de devenir autre chose que lui même . Autre chose qu’un être vivant qui vit, se reproduit et meurt. Et de surcroît se décompose, écrabouillé dans l’eau et farci de petites bêtes.
Donc :
Première règle : il doit y avoir des arbres.
Deuxième règle : ils doivent être vivants.
Troisième règle : ils ne doivent être ni morts ni malades.
Quatrième règle : il ne doit y avoir que des arbres, pas d’autre végétation.
Et non seulement au bord des eaux. Ce credo est celui de tous les espaces que l’on prétend ouvrir à la fréquentation, alors que des gens divers y ont déjà vécu pendant des siècles.
Chemins ruraux, bords d’étangs, sentiers forestiers, sont passés au même moule. Les villages aussi d’ailleurs. Subvention, montant hors taxes, compléments de financement, valeur des plants. On pourrait vraiment croire à la revanche de la végétation sur la froideur des bitumes et bétons. « Sont visés pour la plantation les communaux délaissés, les talus, les parcelles condamnées par la rectification d’un virage. »
Voilà un langage bien caractéristique. Dans ces lieux pourraient s’implanter des hordes sauvages d’escargots, d’épines, de lianes, de chardons, et serpents. Des enchevêtrements, des lignes non maîtrisées, du spontané sans aucun calcul. Plantons mes frères, plantons. Ne laissons pas pousser ! Plantons, c’est un acte volontariste qui montre que nous sommes encore là. Ce territoire « délaissé », condamné, non on ne l’ »abandonnera pas à lui même », ce qui serait tragique. Jouons à dire qu’alors il dépérirait. Parce que nous, indispensables primates, n’y serions pas. »
François Terrasson. La civilisation anti-nature. Éditions du Rocher.
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« Les bulldozers, vautrés dans les cours d’eau, taillant et broyant pour accoucher de canaux rectilignes et déboisés, c’est fini.
Place au chantier écologique de nettoyage de rivière ! La nature a gagné.
Sans nous, bien sûr, elle était perdue. Comment avait-elle fait avant notre apparition pour préserver ses eaux douces et ses poissons ?
Mystère. Heureusement nous sommes là, et fleurissent les compliments sur la maintenance des écosystèmes par techniques douces. Car, c’est la technique qui fait tout, n’est-ce pas ?…
Faut voir.
J’entends déjà une fausse note. Dans le cri du Pic-Vert. Visiblement il n’est pas très content. Renseignement pris, on s’aperçoit qu’il a perdu son garde-manger. Une série de vieux aulnes toujours debout mais archicrevés depuis longtemps. Complètement vermoulus et criblés de coups de becs. Car les vers qui ont moulu (voir étymologie) sont le beafsteack préféré du pic. Larves grasses de coléoptères entre autres, elles s’épanouissent dans la bois mort, qui ne fait pas bien dans le paysage.
Oh ! Les bons écologistes qui ont foutu en l’air comme inutiles et morts ces réservoirs de vie.
Et qui se demanderont pourquoi on ne voit plus guère ce grand spectaculaire insecte, le Lucarne cerf-volant dont la larve a besoin du bois plus ou moins desséché. Tout était à moitié écroulé, il n’y avait plus de feuilles, c’était la jungle…
Si, si ! C’est dit, c’est écrit dans les dépliants et commentaires. Tant pis aussi pour les champignons de l’Orme défunt, pour le trou à chouette, la planque du nid de guêpes…
Nettoyage. On aurait dû s’en douter. Ce mot a un sens.
Faut faire du net.
Pas de pourriture, pas de silhouettes décrépites au long de l’eau.
On s’aperçoit qu’en fait il s’agit de réussir de manière écologique un projet totalement préconçu : rendre conforme à une image mythique la réalité de la nature. Au besoin, contre la nature elle-même.
Les maniaques du bull voulaient systématiser, ordonner, créer des autoroute aquatiques. Ils vivaient la logique du remplacement des écosystèmes par l’artificiel. Les nouveaux venus sont plus forts. Ils ont l’ambition de mettre à la place du vrai les images de leurs phantasmes tout en se faisant croire, non seulement qu’ils ne touchent à rien, mais qu’ils améliorent. La nature sera d’autant plus naturelle qu’ils y seront passés.
L’eau claire, qui coule au soleil, sans mauvaises bêtes et sans épines, c’est du positif ! Nos tronçonneuses et nos jeunes vont s’en charger. Il y a des bestioles qui adorent l’ombre et l’eau stagnante ? Ah bon ! Pas nous, en tout cas, déclarent ces modernes croisés de la nature. Si ça existe ça ne peut-être qu’une sorte de pollution. Une incapacité des choses à être telles qu’elles devraient être. »
François Terrasson. La civilisation anti-nature. Éditions du Rocher.
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« Le système avait foulé aux pieds tous ces bons préceptes de droit et de justice auxquels tous ces laquais croyaient dur comme fer. Eux qui pensaient que la guerre venait d’un manque de compréhension entre les hommes, eux qui niaient les différences en croyant les louer, eux qui voyaient en chaque homme un être digne de considération et de compassion, ceux-là s’étaient versé dans l’écologie en pensant qu’il suffisait de trier ses déchets. Mais l’écologie, la vraie, représentait l’harmonie totale de l’homme et de la nature. Elle impliquait la remise en cause complète de la place de l’être humain et de ses prérogatives sur la terre. La nature n’était pas un jardin d’enfants où on obligeait le plus grand à respecter le petit en ne lui prenant pas son goûter. Non, la nature était violente et cruelle car sans violence et sans cruauté, l’équilibre se serait rompu et tout aurait sombré dans l’inerte et le néant. Elle était une magie, un lieu de conflit perpétuel où le racisme et la force faisaient loi car il n’y avait que de tels instincts pour dispenser la lumière vitale. Et l’homme écologiste, en accord avec son écosystème, était soumis à ces lois et toute la raison du monde n’y pouvait rien changer. Le système savait tout cela, aussi avait-il créé l’écologie politique comme une nouvelle facette de son emprise afin de capter encore quelques bonnes volontés et souiller leur pureté originelle. »
L’Ami. Mon sang m’a dit. Les Amis de la Culture Européenne.
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C’est chez ElleN, en voyant les illustrations qu’elle avait choisies pour accompagner son texte sur l’identité que je me suis à mon tour demandé comment, moi, je pourrais illustrer un tel sujet. Et sans pouvoir aller plus loin, j’ai bloqué sur cette photo de mon grand-père qui date de presque cinquante ans, pendant que me venait à l’esprit cette remarque de Maurice Rollet : « si je me demande quelle gueule avait mon ancêtre antique, et bien c’était la même que la mienne » (je cite de mémoire). La même que la mienne et la même que mon grand-père qui personnifie, là, l’héritage qui m’a été fourni par la nature et la culture : et c’est la volonté d’accepter, d’assumer et de revendiquer cet héritage qui, selon Pierre Vial, définit l’Identité.
« Identité. Étymologiquement : « ce qui rend singulier ». L’identité d’un peuple est ce qui le rend incomparable et irremplaçable.
La caractéristique de l’humanité est la diversité et la singularité de ses peuples et de ses cultures. Toute homogénéisation est synonyme de mort et de sclérose, d’entropie. Les universalismes ont toujours voulu marginaliser les identités, au nom d’un modèle anthropologique unique. L’identité ethnique et l’identité culturelle forment un bloc : le maintien de l’héritage culturel et son développement supposent une proximité ethnique au sein des peuples.
L’humanité ne pourra survivre aux défis qu’elle se lance, que si elle demeure un pluriversum, c’est à dire un côtoiement pas toujours pacifique de peuples profondément différents mais ethnocentrés.
Attention : le fondement premier de l’identité est biologique : sans lui, les deux autres niveaux, culturel et civilisationnel, ne sont pas durables. Autrement dit, l’identité d’un peuple, de sa mémoire et de ses projets, repose avant tout sur des dispositions concrètes et héréditaires ».
Guillaume Faye : Pourquoi nous combattons
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Pour la petite histoire, une des dernières fois où j’ai parlé d’ « identité » une « lectrice » d’occasion, à la bonne conscience inébranlable, m’avait écrit pour me dire, qu’elle avait eu envie de « signaler ce texte à SOS Racisme » au nom des « valeurs », bien sur, de « l’amour » et de « la compréhension humaine », de « l’humanisme » et du « dialogue »… Qu’on n’aime pas ce que j’écris, je le conçois tout à fait, qu’on le critique, ou tout simplement qu’on ne le lise pas … mais que son premier réflexe ait été l’ envie de me moucharder , à SOS Racisme qui plus est, sans qu’elle comprenne que c’est ce qui me choquait le plus, est tout à fait symptomatique… à la campagne, il existe une petite chanson : « rapporteur à la maison, il aura des coups de bâton… rapporteur à l’écurie, il aura des coups de fusil… »
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Une question intéressante est posée sur un forum. Jean Rostand disait » si l’homme est un animal territorial, les naturalistes ont beaucoup à nous apprendre sur la politique, la guerre et l’amour… » . Et l’on s’accorde bien, généralement, pour dire qu’individuellement aussi bien que collectivement, nous sommes soumis aux lois de la nature : lire à cet effet Konrad Lorenz, Robert Ardrey, Irenaüs Eibl-Eibesfeldt …
Mais alors que de nombreux « païens » font constamment référence à la nécessité de se rapprocher de la Nature pour tendre vers un retour à un hypothétique Age d’Or où les humains parlaient aux arbres, aux plantes, aux pierres comme aux animaux, il serait intéressant (d’autant plus que ces mêmes « païens » n’hésitent pas à signer leurs interventions du mot « peace ») de savoir jusqu’à quel point l’homme doit ou peut vivre en harmonie avec la nature.
Nous sommes à peu près tous d’accord pour condamner son exploitation irraisonnée, justifiée par la Bible, et qui mène à sa destruction, il n’est pas sur pour autant que tout le monde accepte une société aussi violente et prédatrice que la nature ou soit capable de s’y intégrer…
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François Terrasson est un écolo aux antipodes de ces écolos médiatiques qu’on est habitués à voir un peu partout et qui ont pris prétexte de l’écologie pour poursuivre de tout autres buts que la préservation de l’environnement dans l’intérêt des sociétés humaines. Hommes et femmes liges de l’économie marchande, VRP d’une espèce de cosmopolitisme à l’échelle mondiale et propagandistes zélés d’un modèle planétaire unifié de développement…
François Terrasson, né le 3 juillet 1939 à Saint-Bonnet-Tronçais (Allier) et décédé le 2 janvier 2006 est un écrivain et naturaliste français.
Chercheur et maître de conférences au Muséum national d’histoire naturelle , il s’intéressait tout particulièrement au rapport qu’entretient l’homme avec la nature (la géonomie) sous l’angle philosophique, scientifique, politique et agricole.
La réflexion de Terrasson, non seulement embrasse l’ensemble des rapports entre l’environnement et l’humanité (géonomie), mais oblige ses lecteurs à interroger leur rapport individuel à la Nature. Son approche est tout à la fois naturaliste, sociale, économique, historique et psychologique, elle décrit aussi bien les mécanismes physiques, biologiques ou les aspects techniques, que les ressorts aussi bien rationnels qu’émotionnels, culturels ou idéologiques de notre compréhension et de nos décisions.
François Terrasson organisait des stages de « découverte de la Nature » : chaque stagiaire était déposé de nuit en forêt (par exemple de Fontainebleau), avec un duvet mais sans lampe de poche, pour passer isolé une nuit à la belle étoile. Le lendemain matin, après le petit-déjeuner, discussion collective sur la nuit précédente : comment cela s’est-il passé, qui a eu peur, qui s’est éclaté ? Réponse dans le chapitre intitulé “Tépamazo” du deuxième livre de Terrasson, « La civilisation anti-nature ». En deux mots, le groupe des gens qui se sont inquiétés toute la nuit était beaucoup plus nombreux que celui des personnes qui avaient vécu le bonheur de fusionner avec « Mère Nature ». Ce second groupe existe pourtant. On évoquait aussi, sans faux-semblants, des aspects pratiques: confort, soif, miction et défécation, moustiques, fourmis, bruits… et les rapports de chacun à l’environnement, en ces circonstances, étaient décortiqués. Les « mieux à l’aise », les « mieux adaptables » n’étaient pas forcément les personnes d’origine rurale.
Les stages, montages et livres conçus par Terrasson ont pour rôle d’illustrer sa thèse principale : à la question « pourquoi l’homme occidental détruit-il la Nature ? », sa réponse était : « parce qu’il en a peur ». Et ses livres donnent de nombreux exemples de la psychologie complexe de « l’homo occidentalis » dans son rapport à la Nature. Il citait volontiers René Jeannel: l’Homme est fils de la forêt et père du désert et Jared Diamond: l’Homme occidental a eu de la chance géographiquement, et prend l’avance technique qu’il doit à cette chance pour de la supériorité, mais les civilisations premières lui survivront peut-être ou bien reviendront, s’il ne prend pas conscience de ses préjugés et s’il ne réajuste pas son rapport à la Nature.
François Terrasson faisait la part des choses entre « Hominisation » (qu’il définissait comme la capacité à échapper à la tyrannie de l’instinct et à inventer de nouveaux comportements, de nouvelles règles, et qu’il attribuait à la néoténie humaine) et « Humanisation » (qu’il définissait comme la capacité à échapper à la tyrannie de l’agressivité, de la violence, de la prédation et à inventer des comportements et des règles de respect et de coopération, à l’intérieur de notre espèce, avec les autres espèces, et avec la nature). Il pensait l’hominisation achevée il y a environ un demi-million d’années, et l’humanisation en cours d’émergence, et pensait que notre survie passée est due à l’hominisation, tandis que notre survie future est conditionnée par le succès de l’humanisation.
Travaillant dans le domaine de la mise en place d’aires naturelles protégées, parcs nationaux ou régionaux et autres réserves, il fut également un expert dans le domaine de l’aménagement de l’espace rural, participa à des études d’impact avant remembrement, et voyagea beaucoup en tant qu’expert en reconstruction écologique, voyages qui l’amenèrent aux quatre coins du monde et jusqu’aux Îles Galapagos.
Très actif, il s’est littéralement épuisé à la tâche.
Bibliographie: « La Peur de la nature », Sang de la terre. « La Civilisation anti-nature », Éditions du Rocher. « En finir avec la nature », Le Rocher .
Source: Wikipédia.
La géobiologie
Partout, où que ce soit sur notre globe, nous sommes sous l’influence permanente de deux colossales énergies desquelles nul ne peut se soustraire.
L ‘une de ces énergies provient du centre de la terre. C’est l’énergie tellurique.
Des profondeurs de l’espace sidéral émane une autre énergie. C’est l’énergie cosmique.
Par l’action centrifuge due à la rotation de notre globe, l’énergie tellurique est projetée en force sous nos pieds depuis le centre de la terre, et ce, avec d’autant plus de puissance qu’elle rencontre sur son passage des portes ouvertes: les failles, les courts d’eau souterrains, les cavités bouchées (grottes, anciennes mines comblées ou non, cavernes, etc.). Cette énergie est de polarité négative (force Yin des Chinois)
En opposition et pour la contenir existe l’énergie cosmique à polarité positive (force Yang).
Voilà mise en évidence la première essence de toute vie: la polarité.
Au niveau du sol ces deux potentiels Yin-Yang doivent impérativement égaliser leurs forces selon un rapport approximatif de 2 (cosmique) sur 1 (tellurique) afin que la vie puisse se nourrir de la qualité vibratoire justement dosée de chacune de ces deux énergies, et ainsi se dérouler en toute quiétude, en tout équilibre.
Cela se traduit sur un terrain en équilibre cosmo-tellurique par la présence de 70 à 80% de vibration cosmique pour 30 à 20% de vibration tellurique.
Si ces valeurs sont respectées, les pourcentages vibratoires s’expriment avec justesse, l’énergie cosmique nous inonde des sept couleurs vibratoires de l’arc en ciel: nourriture essentielle de nos sept principaux corps énergétiques. La vie peut s’épanouir !
Mais rares sont les lieux sur terre offrant cette possibilité d’échange. Souvent les valeurs sont inversées, soit 70 à 80% d’énergie tellurique et 20 à 30% (voire 10%) seulement d’énergie cosmique.
La terre exhale alors une énergie nocive. Alors, malgré nous, nous ressentons parfois un mal-être que nous ne savons pas exprimer. Pourtant si, quelque peu averti, nous observons notre environnement, certaines singularités nous interpellent. Par exemple des arbres qui poussent inclinés alors que dans le même périmètre, d’autres s’érigent à la verticale. Des éléments manquants dans la continuité d’une haie, malgré des repiquages successifs. Des plantations de toutes sortes parasitées sans raison apparente. Des animaux, nourris et entretenus correctement, qui dépérissent. Des constructions aux murs qui se lézardent malgré de nombreuses réparations. Bien entendu et aussi tout l’éventail de la souffrance humaine … fatigues incompréhensibles, insomnies rebelles à tous traitements, accidents inexplicables, commerces sans entrain, etc. Tous ces déboires sont très souvent la manifestation de l’énergie nocive exhalée par la terre.
C’est là que réside une des causes essentielles au « mal être de l’homme moderne ». Pourquoi la terre génère-t-elle une telle distorsion ? Pourquoi engendre-t-elle un tel déséquilibre ? Et pourquoi nous l’inflige-t-elle ? La réponse est simple: la terre, entité vivante, souffre aussi de certaines pathologies qu’il nous appartient de découvrir et de rectifier.
Trois raisons principales à ce que la terre en déséquilibre nous rende malade:
1) La première tient à l’inversion des polarités. Le corps humain, ainsi que toute chose dressée sur notre terre présente deux polarités bien définies. De la plante des pieds jusqu’au diaphragme, le corps est de polarité négative, comme le sol sur lequel il repose. Du diaphragme au sommet du crâne, il est de polarité positive de même nature que l’espace dans lequel il se déplace.
Chaque organe possède aussi deux polarités, le + et le -. Chaque échange, au niveau cellulaire, du plus infime au plus important, est régi par la loi de polarité. Chacune de nos cellules fonctionne grâce à la polarité:
le noyau est de polarité négative (-)
le cytoplasme de polarité positive (+)
afin que s’accomplisse le cycle de vie.
Vie = mouvement. Mouvement = cycle. Cycle = circulation d’énergie. Circulation d’énergie = polarité. Polarité = Vie.
Pour qu’une structure statique acquiert une dynamique il faut un moteur. Ici le moteur est la polarité. Si le moteur ne tourne pas rond, la vie ne pourra pas s’exprimer librement. Nous devons vivre dans l’ambiance d’un milieu équilibré où les valeurs de polarité sont en juste proportion. Dans un lieu de vie à prédominance Yin tellurique, empreint d’une trop grande énergie négative, les polarités n’étant plus respectées, notre Cycle de Vie souffre d’une carence: c’est la porte ouverte à toutes les pathologies.
2) La seconde raison de la nocivité de l’énergie tellurique à trop forte dose tient à sa capacité vibratoire intrinsèque.
Un bon équilibre cosmo-tellurique apporte au vivant une nourriture vibratoire compatible avec la vie. L’énergie cosmique amène les 7 vibrations couleurs de l’arc en ciel nécessaires au bon fonctionnement de nos chakras (qu’on peut préférer appeler, comme moi, « rouelles » ou « petits soleils »). L’énergie tellurique sans excès nous rattache à la terre mais une overdose sera néfaste pour la santé.
3) La troisième raison enfin, tient à la dynamique de cette énergie tellurique.
De par sa puissance, celle ci est capable de véhiculer tout ce qu’elle rencontre sur son passage. Elle est une énergie porteuse de toutes les vibrations d’ondes émises par une complexité d’éléments: eaux polluées, fosses septiques, lieux empoisonnés, cimetières, etc.
Cette énergie tellurique ne sort pas d’une manière anarchique sous nos pieds mais en des points précis: au niveau des croisements des réseaux telluriques. Ces réseaux peuvent être considérés comme étant le prolongement des méridiens de l’homme.
Le réseau « Hartman » appelé aussi « réseau global » est le plus connu. Pour se représenter un réseau il faut imaginer un mur vibratoire invisible d’une épaisseur théorique de 21 centimètres prenant sa source dans les profondeurs de la terre et s’élevant très haut dans le ciel. Il faut savoir en outre que ces murs vibratoires existent tous les mètres dans l’axe N/S et tous les 2.50 mètres dans l’axe E/O.
Nous vivons dans le cloisonnement permanent de ces murs vibratoires. Il existe en conséquence des croisements tous les 2 m. et tous les 2.50 m. C’est au niveau de ces croisements que l’énergie sort en force.
Elle le fait suivant un mouvement ascendant spiralé et imprègne la partie intérieure du rectangle délimité par les croisements.
Un autre réseau important est le réseau Curry ou « réseau diagonal ». Il est posé en diagonale soit N/O-S/E et N/E-S/O par rapport au réseau Hartman. Les mailles de ce réseau sont plus larges et plus variables (4 à 16 mètres), les murs vibratoires plus épais (40 centimètres environ). Leurs croisements génèrent aussi l’énergie tellurique.
D’autres réseaux existent aussi, dont les réseaux solaires, bénéfiques ceux ci, orientés N/S sur lesquels sont construits tous les monuments importants (basiliques, églises, Mont saint Michel, pyramides, etc.)
La superposition de deux croisements des réseaux Hartman et Curry définissent un point particulièrement nocif appelé « Point Etoile ».
Si, de surcroît, ce point se conjugue avec un passage d’eau ou avec l’influence d’une faille, celui ci devient un point hautement dangereux appelé « Point Géo-Pathogène ».
En outre, tous les réseaux sont porteurs d’informations que l’instinct de l’homme savait déchiffrer. Ainsi, avant un événement exceptionnel (tremblement de terre, éruption volcanique, forte perturbation quelconque), un élargissement de la bande du réseau peut être observé 12 à 48 heures précédant l’évènement, pour reprendre par la suite, une largeur normale.
Lors d’un cataclysme non naturel (explosion atomique, par exemple), les réseaux ne subissent aucune modification avant l’explosion mais restent perturbés plusieurs jours après.
Mes dieux ne sont pas des dieux du désert. Mes dieux ne sont pas interchangeables avec les dieux de mes voisins. Mes dieux sont les dieux d’un sol où les arbres sont des chênes, des merisiers, des bouleaux, des noisetiers (dont les longs chatons de ses fleurs mâles annonceront la venue du printemps après l’hiver même si, comme la plupart des espèces forestières, les arbres portent sur un même pied aussi les fleurs femelles, ), des érables, des houx et des buis, auxquels s’ajoutent, le long des ruisseaux, des rivières et des fleuves, des peupliers et des aulnes dont les racines plongent dans l’eau et dont la cime s’étale face au soleil.
Le tapis de feuilles mortes et l’humus sous jacent en voie de formation du sol dont mes dieux sont les dieux, recèlent toute une faune d’insectes, de myriapodes, de vers, d’arachnides, de mollusques dans toutes leurs phases de développement. Ils constituent même en hiver la nourriture régulière des rouge-gorges et des merles qui aiment à fouiller à grand bruit dans le tapis de feuilles. Tandis que, bec noir, pieds noirs, plumage noir à reflets bleutés, les corbeaux freux s’abattent en grandes colonies sur les champs offerts, et que la buse, perchée sur un arbre ou une motte de terre, chasse à l’affût surtout des petits rongeurs comme les campagnols et les taupes.
La dissémination du gui est assurée par les oiseaux: la grive et le geai particulièrement, qui se nourrissent des baies.
Les bourgeons et les chatons floraux formés déjà avant l’hiver sont une bonne source de nourriture pour certains oiseaux hivernants, les bouvreuils en particulier; tandis que les baies, les glands, les faînes et autres fruits sont une manne pour les ramiers, les pinsons et les mésanges.
Les crevasses et les fissures des écorces, les écailles des bourgeons sont peuplées d’insectes cachés pour hiverner sous toutes leurs formes: oeufs, larves, nymphes. Ils sont recherchés et capturés par les mésanges, les roitelets, les sittelles, les grimpereaux et les pics dont les « rondes » souvent composées de plusieurs espèces, parcourent la forêt pendant l’hiver. Ces « rondes » se rassemblent pendant la matinée et voyagent la journée dans un rayon de quatre kilomètres au maximum. Leurs membres retrouvent le soir, isolément, leur cachette nocturne coutumière.
Mes dieux sont les dieux d’un sol foulé par toutes sortes d’animaux.
L’écureuil roux vire au gris l’hiver et ses oreilles s’ornent alors d’un pinceau de poils. Il émet des son variés: chuintements, grondements, grognements et cris aigus, et se nourrit de noix, de graines, de noisettes, de cônes de conifères, de baies, de champignons, d’insectes, d’oeufs et parfois de nichées d’oisillons. Il amasse des provisions pour l’hiver et les dissimule dans des cachettes. Son nid qui se remarque surtout l’hiver, construit à la fourche des branches, est une sorte de globe de 20 à 50 centimètres de diamètre, fait de rameaux entrelacés, d’herbes sèches, de mousse, de plumes et de poils, et pourvu de deux issues. Un seul écureuil en installe plusieurs sur son territoire mais n’en habite qu’un.
Le lièvre est un solitaire nocturne et crépusculaire, qui gîte en plein air entre les mottes d’un champ labouré, sous une touffe d’herbes ou même en plein pré. Il se nourrit d’herbes, de trèfle, de luzerne, de baies, de petits rameaux de racines et aime particulièrement les betteraves. Doté d’une très bonne oreille et d’un odorat développé, il gagne souvent les bois en hiver.
Le sanglier habite les forêts de feuillus aux sous bois épais, il apprécie le voisinage de l’eau. Principalement nocturne, le jour il se repose dans sa bauge, une dépression creusée dans un fourré. Les laies et les jeunes vivent en « compagnie », parfois jusqu’à cent têtes mais les vieux restent solitaires. Omnivore, il mange des faînes, des glands, des racines, des feuilles, des fruits sauvages, des oeufs, des nichées d’oiseaux, des petits animaux, des cadavres. Il fouille la terre pour y trouver des vers et des insectes (les traces qu’il laisse alors sont des « boutis », de son boutoir) et il retourne aussi les pierres pour chasser les reptiles.
Le renard est un solitaire mais il accepte cependant de partager le territoire qu’il a marqué de son urine avec ses frères et parfois même, il les accueille dans son terrier. Il mange tout ce qui lui tome sous la dent: des poissons morts au bord de l’eau, des petits rongeurs, des batraciens, des reptiles, des insectes, des fruits, des baies, du maïs, des herbes et il lui arrive même de pêcher dans les petits ruisseaux. Le plus souvent nocturne, il gîte par beau temps sous un buisson ou à l’abri des basses branches. Il creuse aussi des terriers, le plus souvent sur un talus, en bordure d’un bois, qui sont orientés au soleil.
Solitaire, le vieux cerf l’est aussi, sauf à l’époque du rut, de septembre à octobre. Pendant ces nuits d’automne, les longs brames des mâles secouent les forêts, tandis que la chouette, dans son vol bas, lent et silencieux, chasse les rongeurs. L’animal qui d’habitude ne défend pas son territoire, interdit aux autres l’accès d’un lieu où sont regroupées les femelles en rut et les cerfs se battent pour conquérir les femelles.. Pouvant à la fois paître et brouter, le cerf se nourrit des végétaux les plus divers et au printemps, en mars-avril, il perd ses bois qui repoussent en août. Dans l’intervalle, les bois de croissance sont recouverts d’une peau tendre qui tombe avant le rut: le « velours ».
Mes dieux sont les dieux d’un sol qui porte beaucoup de souvenirs mythologiques et de monuments mégalithiques, menhirs, tumulus ou dolmens, de roches aménagées ou de parois taillées, de roches à cavités, de pierres à cupules ou rituelles d’apparence anodine.
Tel est l’Esprit des Lieux que j’honore.
Mes dieux sont les dieux que jure ma tribu. Mes dieux étaient déjà les dieux de mes ancêtres de sang, les dieux de mon sol, les dieux de mon clan, les dieux de ma tribu, les dieux de mon peuple. Mes dieux sont les dieux que jure ma tribu .
Ce texte est paru dans de nombreuses revues écologiques, sans que Giono accepte jamais de droits d’auteur.
Voici ce que disait Giono de son texte dans une lettre qu’il écrivit au Conservateur des Eaux et Forêts de Digne, en 1957, au sujet de cette nouvelle :
“Cher Monsieur,
Navré de vous décevoir, mais Elzéard Bouffier est un personnage inventé. Le but était de faire aimer l’arbre ou plus exactement faire aimer à planter des arbres (ce qui est depuis toujours une de mes idées les plus chères). Or si j’en juge par le résultat, le but a été atteint par ce personnage imaginaire. Le texte que vous avez lu dans Trees and Life a été traduit en Danois, Finlandais, Suédois, Norvégien, Anglais, Allemand, Russe, Tchécoslovaque, Hongrois, Espagnol, Italien, Yddisch, Polonais. J’ai donné mes droits gratuitement pour toutes les reproductions. Un américain est venu me voir dernièrement pour me demander l’autorisation de faire tirer ce texte à 100 000 exemplaires pour les répandre gratuitement en Amérique (ce que j’ai bien entendu accepté). L’Université de Zagreb en fait une traduction en yougoslave. C’est un de mes textes dont je suis le plus fier. Il ne me rapporte pas un centime et c’est pourquoi il accomplit ce pour quoi il a été écrit. J’aimerais vous rencontrer, s’il vous est possible, pour parler précisément de l’utilisation pratique de ce texte. Je crois qu’il est temps qu’on fasse une “politique de l’arbre” bien que le mot politique semble bien mal adapté.
Très cordialement, Jean Giono”
Alors ce sera une de mes modestes contributions à la « politique de l’arbre » de Giono
Jean Giono
L’Homme qui plantait des Arbres, 1953
Pour que le caractère d’un être humain dévoile des qualités vraiment exceptionnelles, il faut avoir la bonne fortune de pouvoir observer son action pendant de longues années. Si cette action est dépouillée de tout égoïsme, si l’idée qui la dirige est d’une générosité sans exemple, s’il est absolument certain qu’elle n’a cherché de récompense nulle part et qu’au surplus elle ait laissé sur le monde des marques visibles, on est alors, sans risque d’erreurs, devant un caractère inoubliable.
Il y a environ une quarantaine d’années, je faisais une longue course à pied, sur des hauteurs absolument inconnues des touristes, dans cette très vieille région des Alpes qui pénètre en Provence.
Cette région est délimitée au sud-est et au sud par le cours moyen de la Durance, entre Sisteron et Mirabeau ; au nord par le cours supérieur de la Drôme, depuis sa source jusqu’à Die ; à l’ouest par les plaines du Comtat Venaissin et les contreforts du Mont Ventoux. Elle comprend toute la partie nord du département des Basses Alpes, le sud de la Drôme et une petite enclave du Vaucluse.
C’était, au moment ou j’entrepris ma longue promenade dans ces déserts, des landes nues et monotones, vers 1200 à 1300 mètres d’altitude. Il n’y poussait que des lavandes sauvages.
Je traversais ce pays dans sa plus grande largeur et, après trois jours de marche, je me trouvais dans une désolation sans exemple. Je campais à côté d’un squelette de village abandonné. Je n’avais plus d’eau depuis la veille et il me fallait en trouver. Ces maisons agglomérées, quoique en ruine, comme un vieux nid de guêpes, me firent penser qu’il avait dû y avoir là, dans le temps, une fontaine ou un puits. Il y avait bien une fontaine, mais sèche. Les cinq à six maisons, sans toiture, rongées de vent et de pluie, la petite chapelle au clocher écroulé, étaient rangées comme le sont les maisons et les chapelles dans les villages vivants, mais toute vie avait disparu.
C’était un beau jour de juin avec grand soleil, mais, sur ces terres sans abri et hautes dans le ciel, le vent soufflait avec une brutalité insupportable. Ses grondements dans les carcasses des maisons étaient ceux d’un fauve dérangé dans son repas.
Il me fallut lever le camp. A cinq heures de marche de là, je n’avais toujours pas trouvé d’eau et rien ne pouvait me donner l’espoir d’en trouver. C’était partout la même sécheresse, les mêmes herbes ligneuses. Il me sembla apercevoir dans le lointain une petite silhouette noire, debout. Je la pris pour le tronc d’un arbre solitaire. A tout hasard, je me dirigeai vers elle. C’était un berger. Une trentaine de moutons couchés sur la terre brûlante se reposaient près de lui.
Il me fit boire à sa gourde et, un peu plus tard, il me conduisit à sa bergerie, dans une ondulation du plateau. Il tirait son eau, excellente, d’un trou naturel, très profond, au-dessus duquel il avait installé un treuil rudimentaire.
Cet homme parlait peu. C’est le fait des solitaires, mais on le sentait sûr de lui et confiant dans cette assurance. C’était insolite dans ce pays dépouillé de tout. Il n’habitait pas une cabane mais une vraie maison en pierre ou l’on voyait très bien comment son travail personnel avait rapiécé la ruine qu’il avait trouvée là à son arrivée. Son toit était solide et étanche. Le vent qui le frappait faisait sur les tuiles le bruit de la mer sur les plages.
Son ménage était en ordre, sa vaisselle lavée, son parquet balayé, son fusil graissé ; sa soupe bouillait sur le feu. Je remarquai alors qu’il était aussi rasé de frais, que tous ses boutons étaient solidement cousus, que ses vêtements étaient reprisés avec le soin minutieux qui rend les reprises invisibles.
Il me fit partager sa soupe et, comme après je lui offrais ma blague à tabac, il me dit qu’il ne fumait pas. Son chien, silencieux comme lui, était bienveillant sans bassesse.
Il avait été entendu tout de suite que je passerais la nuit là ; le village le plus proche était encore à plus d’une une journée et demie de marche. Et, au surplus, je connaissais parfaitement le caractère des rares villages de cette région. Il y en a quatre ou cinq dispersés loin les uns des autres sur les flans de ces hauteurs, dans les taillis de chênes blancs à la toute extrémité des routes carrossables. Ils sont habités par des bûcherons qui font du charbon de bois. Ce sont des endroits où l’on vit mal. Les familles serrées les unes contre les autres dans ce climat qui est d’une rudesse excessive, aussi bien l’été que l’hiver, exaspèrent leur égoïsme en vase clos. L’ambition irraisonnée s’y démesure, dans le désir continu de s’échapper de cet endroit.
Les hommes vont porter leur charbon à la ville avec leurs camions puis retournent. Les plus solides qualités craquent sous cette perpétuelle douche écossaise. Les femmes mijotent des rancœurs. Il y a concurrence sur tout, aussi bien pour la vente du charbon que pour le banc à l’église, pour les vertus qui se combattent entre elles, pour les vices qui se combattent entre eux et pour la mêlée générale des vices et des vertus, sans repos. Par là-dessus, le vent également sans repos irrite les nerfs. Il y a des épidémies de suicides et de nombreux cas de folies, presque toujours meurtrières.
Le berger qui ne fumait pas alla chercher un petit sac et déversa sur la table un tas de glands. Il se mit à les examiner l’un après l’autre avec beaucoup d’attention, séparant les bons des mauvais. Je fumais ma pipe. Je me proposai pour l’aider. Il me dit que c’était son affaire. En effet : voyant le soin qu’il mettait à ce travail, je n’insistai pas. Ce fut toute notre conversation. Quand il eut du côté des bons un tas de glands assez gros, il les compta par paquets de dix. Ce faisant, il éliminait encore les petits fruits ou ceux qui étaient légèrement fendillés, car il les examinait de fort près. Quand il eut ainsi devant lui cent glands parfaits, il s’arrêta et nous allâmes nous coucher.
La société de cet homme donnait la paix. Je lui demandai le lendemain la permission de me reposer tout le jour chez lui. Il le trouva tout naturel ou, plus exactement, il me donna l’impression que rien ne pouvait le déranger. Ce repos ne m’était pas absolument obligatoire, mais j’étais intrigué et je voulais en savoir plus. Il fit sortir son troupeau et il le mena à la pâture. Avant de partir, il trempa dans un seau d’eau le petit sac ou il avait mis les glands soigneusement choisis et comptés.
Je remarquai qu’en guise de bâton, il emportait une tringle de fer grosse comme le pouce et longue d’environ un mètre cinquante. Je fis celui qui se promène en se reposant et je suivis une route parallèle à la sienne. La pâture de ses bêtes était dans un fond de combe. Il laissa le petit troupeau à la garde du chien et il monta vers l’endroit ou je me tenais. J’eus peur qu’il vînt pour me reprocher mon indiscrétion mais pas du tout, c’était sa route et il m’invita à l’accompagner si je n’avais rien de mieux à faire. Il allait à deux cents mètres de là, sur la hauteur.
Arrivé à l’endroit où il désirait aller, il se mit à planter sa tringle de fer dans la terre. Il faisait ainsi un trou dans lequel il mettait un gland, puis il rebouchait le trou. Il plantait des chênes. Je lui demandai si la terre lui appartenait. Il me répondit que non. Savait-il à qui elle était ? Il ne savait pas. Il supposait que c’était une terre communale ou, peut-être, était-elle propriété de gens qui ne s’en souciaient pas ? Lui ne se souciait pas de connaître les propriétaires. Il planta ainsi cent glands avec un soin extrême.
Après le repas de midi, il recommença à trier sa semence. Je mis, je crois, assez d’insistance dans mes questions puisqu’il y répondit. Depuis trois ans il plantait des arbres dans cette solitude. Il en avait planté cent mille. Sur les cent mille, vingt mille était sortis. Sur ces vingt mille, il comptait encore en perdre la moitié, du fait des rongeurs ou de tout ce qu’il y a d’impossible à prévoir dans les desseins de la Providence. Restaient dix mille chênes qui allaient pousser dans cet endroit où il n’y avait rien auparavant.
C’est à ce moment là que je me souciai de l’âge de cet homme. Il avait visiblement plus de cinquante ans. Cinquante-cinq, me dit-il. Il s’appelait Elzéard Bouffier. Il avait possédé une ferme dans les plaines. Il y avait réalisé sa vie.
Il avait perdu son fils unique, puis sa femme. Il s’était retiré dans la solitude où il prenait plaisir à vivre lentement, avec ses brebis et son chien. Il avait jugé que ce pays mourait par manque d’arbres. Il ajouta que, n’ayant pas d’occupations très importantes, il avait résolu de remédier à cet état de choses.
Menant moi-même à ce moment-là, malgré mon jeune âge, une vie solitaire, je savais toucher avec délicatesse aux âmes des solitaires. Cependant, je commis une faute. Mon jeune âge, précisément, me forçait à imaginer l’avenir en fonction de moi-même et d’une certaine recherche du bonheur. Je lui dis que, dans trente ans, ces dix mille chênes seraient magnifiques. Il me répondit très simplement que, si Dieu lui prêtait vie, dans trente ans, il en aurait planté tellement d’autres que ces dix mille seraient comme une goutte d’eau dans la mer.
Il étudiait déjà, d’ailleurs, la reproduction des hêtres et il avait près de sa maison une pépinière issue des faines. Les sujets qu’il avait protégés de ses moutons par une barrière en grillage, étaient de toute beauté. Il pensait également à des bouleaux pour les fonds où, me dit-il, une certaine humidité dormait à quelques mètres de la surface du sol.
Nous nous séparâmes le lendemain.
L’année d’après, il y eut la guerre de 14 dans laquelle je fus engagé pendant cinq ans. Un soldat d’infanterie ne pouvait guère y réfléchir à des arbres. A dire le vrai, la chose même n’avait pas marqué en moi ; je l’avais considérée comme un dada, une collection de timbres, et oubliée.
Sorti de la guerre, je me trouvais à la tête d’une prime de démobilisation ridicule mais avec le grand désir de respirer un peu d’air pur. C’est sans idée préconçue, sauf celle-là, que je repris le chemin de ces contrées désertes.
Le pays n’avait pas changé. Toutefois, au-delà du village mort, j’aperçus dans le lointain une sorte de brouillard gris qui recouvrait les hauteurs comme un tapis. Depuis la veille, je m’étais remis à penser à ce berger planteur d’arbres. “Dix mille chênes, me disais-je, occupent vraiment un très large espace”.
J’avais vu mourir trop de monde pendant cinq ans pour ne pas imaginer facilement la mort d’Elzéard Bouffier, d’autant que, lorsqu’on en a vingt, on considère les hommes de cinquante comme des vieillards à qui il ne reste plus qu’à mourir. Il n’était pas mort. Il était même fort vert. Il avait changé de métier. Il ne possédait plus que quatre brebis mais, par contre, une centaine de ruches. Il s’était débarrassé des moutons qui mettaient en péril ses plantations d’arbres. Car, me dit-il (et je le constatais), il ne s’était pas du tout soucié de la guerre. Il avait imperturbablement continué à planter.
Les chênes de 1910 avaient alors dix ans et étaient plus hauts que moi et que lui. Le spectacle était impressionnant. J’étais littéralement privé de parole et, comme lui ne parlait pas, nous passâmes tout le jour en silence à nous promener dans sa forêt. Elle avait, en trois tronçons, onze kilomètres dans sa plus grande largeur. Quand on se souvenait que tout était sorti des mains et de l’âme de cet homme, sans moyens techniques, on comprenait que les hommes pourraient être aussi efficaces que Dieu dans d’autres domaines que la destruction.
Il avait suivi son idée, et les hêtres qui m’arrivaient aux épaules, répandus à perte de vue, en témoignaient. Les chênes étaient drus et avaient dépassé l’âge ou ils étaient à la merci des rongeurs ; quant aux desseins de la Providence elle-même pour détruire l’œuvre créée, il lui faudrait avoir désormais recours aux cyclones. Il me montra d’admirables bosquets de bouleaux qui dataient de cinq ans, c’est-à-dire de 1915, de l’époque ou je combattais à Verdun. Il leur avait fait occuper tous les fonds où il soupçonnait, avec juste raison, qu’il y avait de l’humidité presque à fleur de terre. Ils étaient tendres comme des adolescents et très décidés.
La création avait l’air, d’ailleurs, de s’opérer en chaîne. Il ne s’en souciait pas ; il poursuivait obstinément sa tâche, très simple. Mais en redescendant par le village, je vis couler de l’eau dans des ruisseaux qui, de mémoire d’homme, avaient toujours été à sec. C’était la plus formidable opération de réaction qu’il m’ait été donné de voir. Ces ruisseaux secs avaient jadis porté de l’eau, dans des temps très anciens.
Certains de ces villages tristes dont j’ai parlé au début de mon récit s’étaient construits sur les emplacements d’anciens villages gallo-romains dont il restait encore des traces, dans lesquelles les archéologues avaient fouillé et ils avaient trouvé des hameçons à des endroits où au vingtième siècle, on était obligé d’avoir recours à des citernes pour avoir un peu d’eau.
Le vent aussi dispersait certaines graines. En même temps que l’eau réapparut, réapparaissaient les saules, les osiers, les prés, les jardins, les fleurs et une certaine raison de vivre.
Mais la transformation s’opérait si lentement qu’elle entrait dans l’habitude sans provoquer d’étonnement. Les chasseurs qui montaient dans les solitudes à la poursuite des lièvres ou des sangliers avaient bien constaté le foisonnement des petits arbres mais ils l’avaient mis sur le compte des malices naturelles de la terre. C’est pourquoi personne ne touchait à l’œuvre de cet homme. Si on l’avait soupçonné, on l’aurait contrarié. Il était insoupçonnable. Qui aurait pu imaginer, dans les villages et dans les administrations, une telle obstination dans la générosité la plus magnifique ?
A partir de 1920, je ne suis jamais resté plus d’un an sans rendre visite à Elzéard Bouffier. Je ne l’ai jamais vu fléchir ni douter. Et pourtant, Dieu sait si Dieu même y pousse ! Je n’ai pas fait le compte de ses déboires. On imagine bien cependant que, pour une réussite semblable, il a fallu vaincre l’adversité ; que, pour assurer la victoire d’une telle passion, il a fallu lutter avec le désespoir. Il avait, pendant un an, planté plus de dix mille érables. Ils moururent tous. L’an d’après, il abandonna les érables pour reprendre les hêtres qui réussirent encore mieux que les chênes.
Pour avoir une idée à peu près exacte de ce caractère exceptionnel, il ne faut pas oublier qu’il s’exerçait dans une solitude totale ; si totale que, vers la fin de sa vie, il avait perdu l’habitude de parler. Ou, peut-être, n’en voyait-il pas la nécessité ?
En 1933, il reçut la visite d’un garde forestier éberlué. Ce fonctionnaire lui intima l’ordre de ne pas faire de feu dehors, de peur de mettre en danger la croissance de cette forêt naturelle.
C’était la première fois, lui dit cet homme naïf, qu’on voyait une forêt pousser toute seule. A cette époque, il allait planter des hêtres à douze kilomètres de sa maison. Pour s’éviter le trajet d’aller-retour, car il avait alors soixante-quinze ans, il envisageait de construire une cabane de pierre sur les lieux mêmes de ses plantations. Ce qu’il fit l’année d’après.
En 1935, une véritable délégation administrative vint examiner la “forêt naturelle”. Il y avait un grand personnage des Eaux et Forêts, un député, des techniciens. On prononça beaucoup de paroles inutiles. On décida de faire quelque chose et, heureusement, on ne fit rien, sinon la seule chose utile : mettre la forêt sous la sauvegarde de l’Etat et interdire qu’on vienne y charbonner. Car il était impossible de n’être pas subjugué par la beauté de ces jeunes arbres en pleine santé. Et elle exerça son pouvoir de séduction sur le député lui-même.
J’avais un ami parmi les capitaines forestiers qui était de la délégation. Je lui expliquai le mystère. Un jour de la semaine d’après, nous allâmes tous les deux à la recherche d’Elzéard Bouffier. Nous le trouvâmes en plein travail, à vingt kilomètres de l’endroit où avait eu lieu l’inspection.
Ce capitaine forestier n’était pas mon ami pour rien. Il connaissait la valeur des choses. Il sut rester silencieux. J’offris les quelques œufs que j’avais apportés en présent. Nous partageâmes notre casse-croûte en trois et quelques heures passèrent dans la contemplation muette du paysage.
Le côté d’où nous venions était couvert d’arbres de six à sept mètres de haut. Je me souvenais de l’aspect du pays en 1913, le désert… Le travail paisible et régulier, l’air vif des hauteurs, la frugalité et surtout la sérénité de l’âme avaient donné à ce vieillard une santé presque solennelle. C’était un athlète de Dieu. Je me demandais combien d’hectares il allait encore couvrir d’arbres ?
Avant de partir, mon ami fit simplement une brève suggestion à propos de certaines essences auxquelles le terrain d’ici paraissait devoir convenir. Il n’insista pas. “Pour la bonne raison, me dit-il après, que ce bonhomme en sait plus que moi.” Au bout d’une heure de marche, l’idée ayant fait son chemin en lui, il ajouta : “Il en sait beaucoup plus que tout le monde. Il a trouvé un fameux moyen d’être heureux !”
C’est grâce à ce capitaine que, non seulement la forêt, mais le bonheur de cet homme furent protégés. Il fit nommer trois gardes forestiers pour cette protection et il les terrorisa de telle façon qu’ils restèrent insensibles à tous les pots-de-vin que les bûcherons pouvaient proposer.
L’œuvre ne courut un risque grave que pendant la guerre de 1939. Les automobiles marchant alors au gazogène, on n’avait jamais assez de bois. On commença à faire des coupes dans les chênes de 1910, mais ces quartiers sont si loin de tous réseaux routiers que l’entreprise se révéla très mauvaise au point de vue financier. On l’abandonna. Le berger n’avait rien vu. Il était à trente kilomètres de là, continuant paisiblement sa besogne, ignorant la guerre de 39 comme il avait ignoré la guerre de 14.
J’ai vu Elzéard Bouffier pour la dernière fois en juin 1945. Il avait alors quatre-vingt-sept ans. J’avais donc repris la route du désert, mais maintenant, malgré le délabrement dans lequel la guerre avait laissé le pays, il y avait un car qui faisait le service entre la vallée de la Durance et la montagne. Je mis sur le compte de ce moyen de transport relativement rapide le fait que je ne reconnaissais plus les lieux de mes dernières promenades. Il me semblait aussi que l’itinéraire me faisait passer par des endroits nouveaux. J’eus besoin d’un nom de village pour conclure que j’étais bien cependant dans cette région jadis en ruine et désolée. Le car me débarqua à Vergons.
En 1913, ce hameau de dix à douze maisons avait trois habitants. Ils étaient sauvages, se détestaient, vivaient de chasse au piège ; à peu près dans l’état physique et moral des hommes de la préhistoire. Les orties dévoraient autour d’eux les maisons abandonnées. Leur condition était sans espoir. Il ne s’agissait pour eux que d’attendre la mort : situation qui ne prédispose guère aux vertus.
Tout était changé. L’air lui-même. Au lieu des bourrasques sèches et brutales qui m’accueillaient jadis, soufflait une brise souple chargée d’odeurs. Un bruit semblable à celui de l’eau venait des hauteurs : c’était celui du vent dans les forêts. Enfin, chose étonnante, j’entendis le vrai bruit de l’eau coulant dans un bassin. Je vis qu’on avait fait une fontaine, qu’elle était abondante et, ce qui me toucha le plus, on avait planté près d’elle un tilleul qui pouvait déjà avoir dans les quatre ans, déjà gras, symbole incontestable d’une résurrection.
Par ailleurs, Vergons portait les traces d’un travail pour l’entreprise duquel l’espoir était nécessaire. L’espoir était donc revenu. On avait déblayé les ruines, abattu les pans de murs délabrés et reconstruit cinq maisons. Le hameau comptait désormais vingt-huit habitants dont quatre jeunes ménages. Les maisons neuves, crépies de frais, étaient entourées de jardins potagers où poussaient, mélangés mais alignés, les légumes et les fleurs, les choux et les rosiers, les poireaux et les gueules-de-loup, les céleris et les anémones. C’était désormais un endroit ou l’on avait envie d’habiter.
A partir de là, je fis mon chemin à pied. La guerre dont nous sortions à peine n’avait pas permis l’épanouissement complet de la vie, mais Lazare était hors du tombeau. Sur les flans abaissés de la montagne, je voyais de petits champs d’orge et de seigle en herbe ; au fond des étroites vallées, quelques prairies verdissaient.
Il n’a fallu que les huit ans qui nous séparent de cette époque pour que tout le pays resplendisse de santé et d’aisance. Sur l’emplacement des ruines que j’avais vues en 1913, s’élèvent maintenant des fermes propres, bien crépies, qui dénotent une vie heureuse et confortable. Les vieilles sources, alimentées par les pluies et les neiges que retiennent les forêts, se sont remises à couler. On en a canalisé les eaux. A côté de chaque ferme, dans des bosquets d’érables, les bassins des fontaines débordent sur des tapis de menthes fraîches. Les villages se sont reconstruits peu à peu. Une population venue des plaines où la terre se vend cher s’est fixée dans le pays, y apportant de la jeunesse, du mouvement, de l’esprit d’aventure. On rencontre dans les chemins des hommes et des femmes bien nourris, des garçons et des filles qui savent rire et ont repris goût aux fêtes campagnardes. Si on compte l’ancienne population, méconnaissable depuis qu’elle vit avec douceur et les nouveaux venus, plus de dix mille personnes doivent leur bonheur à Elzéard Bouffier.
Quand je réfléchis qu’un homme seul, réduit à ses simples ressources physiques et morales, a suffi pour faire surgir du désert ce pays de Canaan, je trouve que, malgré tout, la condition humaine est admirable. Mais, quand je fais le compte de tout ce qu’il a fallu de constance dans la grandeur d’âme et d’acharnement dans la générosité pour obtenir ce résultat, je suis pris d’un immense respect pour ce vieux paysan sans culture qui a su mener à bien cette œuvre digne de Dieu.
Elzéard Bouffier est mort paisiblement en 1947 à l’hospice de Banon.
Jean Giono
Je ne voudrais pas paraitre trop prétentieux, mais à l’orée de ces « chroniques du balcon », qui menacent d’atteindre un summum d’inintérêt, j’avais envie de mettre en exergue ces lignes de Xavier de Maistre qui préludent à son « Voyage autour de ma Chambre »:
« J‘ai entrepris et exécuté un voyage de quarante−deux jours autour de ma chambre. Les observations intéressantes que j’ai faites, et le plaisir
continuel que j’ai éprouvé le long du chemin, me faisaient désirer de le rendre public ; la certitude d’être utile m’y a décidé. »
Orienté plein nord, mon balcon mesure 1m28 sur 2m86, . Une porte fenêtre, de la pièce principale, y donne ainsi qu’ une autre porte fenêtre, de la cuisine, et qui forment angle droit. Quand on y (rentre ? pénètre ? je ne sais pas trop quel terme employer s’agissant d’un balcon …) sur la droite, un grand fauteuil paillé que j’ai du acheter quand j’avais une vingtaine d’années. Assurément ce détail ne me rajeunit pas, mais le fauteuil, lui, est encore en bon état même s’il faudrait que je m’en occupe … la paille semble toujours impec mais le montant du côté droit, l’extrémité donc est en train de s’effriter … je l’avais déjà traité : bonne dose de cette saloperie de xylophène et tartines de pâte à bois après avoir enlevé tout ce qui voulait bien partir … mais là, depuis un ou deux ans, ça recommence … je ne sais pas s’il y a, à nouveau, une bestiole, mais ça se barre en couilles de poudre de bois dès qu’on y aventure un ongle … si j’enlève tout ce qui veut bien partir, ça va faire vraiment un gros gros trou … je me demande si le mieux ne serait pas finalement de scier le bout et de le remplacer par un autre morceau de bois parce que, que ça ne soit pas fait dans les règles, je n’en ai pas grand chose à faire après tout, je ne participe pas à un concours de restauration de fauteuil paillé (comme quoi, on peut changer, parce qu’il y a quelques années, jamais je n’aurais raisonné de cette manière…). Je ne me suis pas acheté beaucoup de meubles qui « comptent » dans ma vie … ce fauteuil et puis une petite table de ferme … c’est d’ailleurs sur elle que je suis présentement installé. Je les ai achetés à peu près en même temps quand j’avais une vingtaine d’années … besoin de m’ancrer ? avec ces meubles régionaux ? besoin de m’installer ? quoi de moins « nomade » qu’un « meuble » ? autrement dit, le meuble: symbole d’embourgeoisement ?… l’outil d’initiation qui fait passer le seuil, passer de l’ado à l’adulte ? adulte ? moi ? ça ce saurait … enfin quoi qu’il en soit, les seuls autres meubles que j’ai achetés par la suite étaient des étagères, et puis des étagères, et puis … des étagères … ah si ! il y avait aussi ce fauteuil Voltaire que j’aimais et que j’ai préféré abandonner plutôt que de discuter pour le récupérer, il y a de ça maintenant 7 ans (!!!), parce que j’abandonnais aussi tout ce qui était allé avec pendant plus de vingt ans, c’est comme ça que j’ai laissé une bonne partie de mes « beaux » livres (les Encyclopédies de Pierre Dubois notamment), pas mal de BD (dont les séries « Tintin », « Spirou et Fantasio », et les Corto Maltese), les Pléiade (Montherlant, Giono, Céline, Hemingway) (entre parenthèse, j’aimais bien lire dans ce Voltaire, il était beaucoup mieux adapté à ça que les autres sièges … )
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