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« Clovis n’a nullement « fondé » la France ; il a seulement effacé son nom originel de Gaule pour lui substituer celui de sa tribu après l’avoir volée aux Gaulois, tout comme César l’avait fait cinq siècles avant lui. Et même il a fait pire : il l’a revendue en partie au Vatican, en échange de l’appui politique des évêques, pour enchaîner durablement les Gaulois, tant par l’âme que par le corps.
Le « baptême de Clovis » ne fut rien d’autre qu’une mascarade politicienne recouvrant de sombres trafics d’influence dont notre peuple fit les frais. Car dès après sa victoire de Soissons, Clovis ne songea plus qu’à asservir le reste des Gaules, non sans éliminer ses concurrents germaniques. Pour se ménager les faveurs de l’Église, partout solidement implantée dans tous les territoires qu’il convoitait, il épousa Clotilde, fille de Chilpéric, roi des Burgondes, qui avait été assassiné par son frère Gondebaud. Convertie au catholicisme, Clotilde était enfermée dans un couvent de Genève lorsque Clovis la demanda en mariage. On a raconté aux enfants des écoles que la très pieuse Clotilde avait su convertir Clovis au christianisme, ce qui est à l’évidence un double mensonge. Clovis l’avait choisie pour épouse, probablement sans l’avoir jamais vue, afin d’offrir un gage de bonne volonté à l’Église dont il recherchait le soutien. Voulant soumettre toute la Gaule, Clovis ne pouvait ignorer qu’il n’y parviendrait pas sans de rudes et incertaines batailles. Il comprit, ou on lui souffla, que ce serait beaucoup plus facile si le quadrillage catholique du pays favorisait ses entreprises. Et c’est effectivement ce qui se passa après qu’il eut accepté de se faire baptiser, petite comédie « médiatique » qui ne l’engageait à rien et dont il se soucia comme d’une guigne, demeurant païen jusqu’à sa mort. »
Pierre Lance. Alésia. Un choc de civilisations. Presses de Valmy.
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« Les prétendues «racines chrétiennes» de la France ne sont rien d’autre qu’une escroquerie intellectuelle entretenue par l’Église romaine. Est-il besoin d’être horticulteur pour savoir différencier une racine d’un greffon ? Le christianisme est un greffon oriental imposé à nos aïeux par la force et la ruse, grâce au concours successif de deux arrivistes sans foi ni loi : Constantin et Clovis. Charlemagne prit leur suite en imposant le christianisme aux Germains par la guerre. Il fit massacrer 4.500 Saxons qui refusaient le baptême chrétien. La peine de mort fut décrétée contre tous ceux qui voulaient demeurer païens. Prétendre que les Européens ont des «racines chrétiennes» est aussi absurde et mensonger que le serait de dire que les évangélistes afro-américains chanteurs de gospels ont des «racines chrétiennes», alors que le christianisme fut imposé à leurs ancêtres par les esclavagistes. Ce qui prouve à quel point il ne suffit pas d’être physiquement libre pour être délivré de ses chaînes mentales. Les chrétiens résiduels européens sont toujours des esclaves psychiques.
Les véritables racines du peuple français (comme des autres peuples européens), sont à rechercher dans les principes éthiques et philosophiques du paganisme, du polythéisme et du druidisme, honteusement calomniés depuis vingt siècles par les zélateurs de Rome, et de ce fait totalement ignorés des Français d’aujourd’hui, qui ont été littéralement amputés de leur propre Antiquité historique. Les monothéistes, qu’ils soient juifs, chrétiens ou musulmans, ne se rendent pas compte à quel point ils ont été «lobotomisés» dans leur enfance par des religions contre-nature qui n’ont cessé d’abaisser et d’humilier l’être humain pour le prosterner devant un Seigneur céleste imaginaire, au seul profit de pouvoirs despotiques soutenus par des clergés félons. »
Pierre Lance
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Voila ce que Pierre Lance écrivait le 9 janvier 2008.
Malgré quelques points discutables, la démonstration est inattaquable. Cependant on peut préciser au sujet de Constantin qu’il n’était pas catholique, mais qu’il soutenait pour des raisons politiques l’église catholique. Il s’est fait baptiser sur son lit de mort, non pas catholique, mais arien, alors qu’il avait combattu pour des raisons politiques l’arianisme pendant toute sa vie… Au chapitre des meurtres imputables au même Constantin, il faut aussi ajouter sa femme Fausta. Combien de chefs d’États ont tué à la fois leurs fils et leur femme pour conserver le pouvoir ?…
« Le Président Sarkozy, lors de sa visite au pape, a déclaré que la France avait des racines chrétiennes. Vrai ou faux ? Voici un récapitulatif dont nos lecteurs tireront leurs propres conclusions :
• Année 71 (BC), après la révolte des esclaves conduite par Spartacus, les Romains crucifient 7 000 hommes sur la Via Appia, imprimant dans tous les esprits le symbole de cruauté extrême de la crucifixion.
• Années 5 ou 4 (BC), naissance présumée de Jésus. Selon les Évangiles, il tentera durant sa brève existence d’introduire un peu de douceur dans un monde de brutes, indisposant l’occupant romain et le clergé israélite. Comme Gautama (dit le Bouddha, – 560), il n’essaiera jamais de fonder une religion. Crucifié vers 30 sur le Golgotha.
• 35, Saül de Tarse (St Paul) se convertit au christianisme sur le chemin de Damas. Il sera le fondateur de l’Église catholique.
• 70 à 100, rédaction des Évangiles. Expansion du christianisme.
• 250, première grande persécution des Chrétiens par Rome. Le christianisme apparaît alors à beaucoup d’Européens comme une force subversive contre l’oppression romaine. (17 siècles plus tard, le marxisme jouera le même rôle contre les empires coloniaux occidentaux, enfants spirituels de l’impérialisme romain.)
• 312, conversion au christianisme de Constantin 1er, afin de se concilier l’influence grandissante de l’Église. Constantin, « premier prince chrétien d’Occident », fera assassiner son gendre, son beau-père, un neveu, un demi-neveu, sa seconde épouse, puis son propre fils Crispus. Grâce à ce monstre sanguinaire, l’Église va étendre sa domination sur tous les peuples de l’Empire.
• 354, la fête païenne indéracinable du solstice d’hiver (No Hel, Nouveau Soleil) du 25 décembre est déclarée d’autorité par le pape Jules 1er date de naissance du Christ, car nul ne connaît la vraie.
• 406-415, invasions germaniques. Privée de guerriers par l’Empire, la Gaule ne peut se défendre. 476, fin de l’Empire romain d’Occident.
• 486, Khlodovic (Clovis), chef des Francs Saliens, envahit le Nord de la Gaule.
• 496, fausse conversion de Clovis au christianisme, ce qui lui assure le soutien du clergé gallo-romain et lui permet d’étendre sa dictature sur toute la Gaule. À l’instar de Constantin, Clovis fut un assassin multirécidiviste qui fit exécuter l’un après l’autre ses pairs, les chefs des tribus franques installées à Cologne, à Cambrai, à Thérouane. C’est donc grâce aux alliances successives de son clergé avec deux criminels impitoyables que la France devint par contrainte et félonie « la fille aînée de l’Église ».
• 800, Charlemagne est couronné à Rome Empereur d’Occident. Il fera massacrer des milliers d’Européens refusant le christianisme.
• 1661, Accession au trône de Louis XIV, le roi bigot qui se prend pour un Soleil. Il prépare la décadence nationale et sème les germes de la révolution. Il émascule l’aristocratie française et transforme les nobles en courtisans poudrés. Par son faste outrancier, son despotisme et ses guerres incessantes, il épuise l’économie et dresse contre lui toute l’Europe. Par fanatisme catholique, il révoque l’édit de Nantes, ce qui entraîne l’exil de 300 000 protestants, qui sont parmi les plus industrieux et les plus cultivés des Français.
• 1751, parution du premier volume de « L’Encyclopédie » de Diderot et d’Alembert, qui inaugure le siècle des Lumières et aura un immense retentissement dans tout le monde civilisé. La publication de « L’Encyclopédie » occupera 1 000 ouvriers pendant 25 ans.
• 1789, l’incapacité de Louis XVI à engager les réformes nécessaires, l’intransigeance de la noblesse et du clergé, la crise économique et financière, la fiscalité écrasante, le terrible hiver 88-89 et les menaces de famine, tout conduit à l’explosion révolutionnaire.
• 1793, exécution de Louis XVI, dictature de Robespierre et instauration de la Terreur, exécution des députés girondins. Robespierre, mystique et fanatique, glorificateur de « l’Être suprême », dévoie l’idéal républicain de 89 et le conduit à l’échec.
• 1801, Bonaparte, à peine français, Premier consul et futur tyran, signe un concordat avec le Pape Pie VII et rétablit le catholicisme.
Peut-on appeler cela des « racines » ? À vous de juger.»
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Passionnés d’indépendance, les Celtes ont toujours répugné à donner à certains de leurs dieux des fonctions de « chef des dieux » (et cette attitude implique le respect de la hiérarchie des valeurs en même temps que le refus de la hiérarchie des autorités), mais s’il est impossible de désigner un chef au panthéon des Gaulois, on peut, au moins, dégager une déité particulièrement prestigieuse. Ce dieu symbole, c’est Lug.
Il est le successeur « perfectionné » de Dagda (« dieu bon ») qui figurait principalement les réussites de l’agriculture et des divers métiers artisanaux qui naissent de cette richesse agricole (et qui survivra quand même en Gaule sous le nom de Sucellos). Lug représente un stade plus avancé de la société celtique, un artisanat plus élaboré, et l’aspect intellectuel et spirituel d’une culture atteignant son apogée.
Car il est la représentation de la lumière physique des étoiles de notre galaxie (les Irlandais nomment la Voie Lactée la « Chaîne de Lug ») autant que de la lumière de l’intelligence, de la raison et du langage qui les expriment. Lug est le propre frère du Logos des Grecs (pensée, raison, verbe) qui est l’autre nom d’Hermès (César assimile Lug à Mercure) et le père direct du latin Lux (lumière). Voici donc le symbole que les Gaulois avaient mis au dessus de tous les autres : la raison, la reflexion, la création et l’expression. Lug est le symbole même de la civilisation.
Le second dieu cité par César est Bélénos assimilé à Apollon : symbole de la lumière solaire (non du soleil lui même) il apparait comme le complément de Lug la lumière stellaire. Symbole d’harmonie et de beauté, il est le maître des beaux arts et de la guérison.
Par Lug et par Bélénos, la Gaule veut démontrer la primauté de la méditation, de l’intuition, de l’invention, du raisonnement et de l’esthétique sur toutes les autres préoccupations humaines.
Pour ne pas trop négliger le monde au profit des étoiles et ne pas oublier la sécurité pour les plaisirs de l’esprit, troisième dieu du panthéon, Mars le guerrier apporte son soutien. Mars, c’est Teutatès, le père de la tribu. Il est un fait historique, une réalité humaine : le pays de nos pères —–> Teutatès ne légitime que la guerre patriotique, pour la protection du patrimoine ancestral et le maintien de la personnalité ethnique.
Représentant la Patrie, Teutatès n’est pas nécessairement guerrier. En temps de paix, il devient protecteur, bâtisseur, législateur, industrieux. En temps de paix, il est le premier « serviteur » de Lug et Bélénos mais en temps de guerre, il devient la Nation en armes tandis que Lug lui même saisit sa lance et n’est plus que capitaine.
Mars, c’est aussi Ogmios, l’inventeur de l’alphabet ogamique mais aussi l’équivalent de l’Irlandais Ogma, « homme fort » à la bataille de Mag Tured, ce qui le rapproche d’Hercule, et parce qu’il porte aussi peau de lion, massue, arc et carquois. Surtout, il est celui qui entraîne une foule d’hommes joyeux par de fines chaînes qui relient leurs oreilles à sa langue (les Celtes donnent à Hercule le surnom de Logos) : Ogmios exprime la puissance déterminante de la parole pour entraîner les hommes au combat : il convainc, enthousiasme, enflamme; il réclame leur adhésion spirituelle à l’entreprise guerrière (alors que Mars se contente de donner des ordres).
Après Mars, Jupiter auquel César assimile Taran ou Taranis, dieu du tonnerre et de la foudre, cousin du Donar-Thor des Germains.
Cinquième divinité citée par César, la Minerve gauloise était Belisama, déesse du feu domestique, patronne des forgerons et autres artisans du métal, du verre, etc. Déesse guerrière car ayant le premier rôle dans la fabrication des armes. Mais surtout elle est d’origine solaire.
Pour les Celtes, le chiffre 3 est symbole d’équilibre et d’harmonie (accomplissement de l’homme : harmonisation de ses 3 constituants -corps, esprit, âme- ou -instinct, intelligence, intuition-) et Cernunnos qui est parfois représenté tricéphale, serait alors la suprême sagesse. Et les attributs animaux seraient là pour montrer que le sage a conscience de l’animalité qui est en l’homme et qu’il convient de prendre appui sur elle, de l’assûmer, de l’élever et de la sublimer.
Parfois représenté avcec Bélénos et Lug (Apollon et Mercure), il pourrait représenter la puissance solaire, fécondante, dont les deux sont les compagnons naturels. En outre, Bélénos étant la raison et l’esthétique et Lug la lucidité et l’ingéniosité, Cernunnos parachèverait la triade en représentant la sagesse et la philosophie.
Esus, dont ne parle pas César mais dont parle Lucain, est formé de la racine EIS qui contient l’idée essentielle de « jaillissement ». Esus serait donc la force attractive, agent moteur des mondes et des êtres et, partant, c’est toute l’énergie créatrice, l’amour procréateur, c’est tout ce qui jaillit avec force du sein des êtres, la source qui bondit au sortir de la roche, la semence qui jaillit de l’homme, l’arbre qui surgit de la terre. Origine de toute vie, de toute passion, de tout mouvement.
Aux lourdauds dieux romains, la Gaule oppose donc Lug, artisan, poète et chercheur, créateur amoureux de la chose bien pensée, bien dite et bien faite. Et puis Bélénos, son jeune frère en lumière, prince des esthètes et faiseur de santé, dispensateur d’harmonie, de beauté, de couleur et de fantaisie. Et encore Teutatès, le père de la Nation, le rassembleur des patriotes, celui qui entend préserver la personnalité nationale de tous les niveleurs de peuples, enragés d’uniformiser le monde. Et puis enfin Esus, patrice (masculin de matrice) des univers et principe de toute vie, celui qui, par excellence, « ne connait pas de lois ».
Enfin « dis pater » dont tous les Gaulois se disent issus ne serait que la transposition poétique d’un fait de civilisation. Les Gaulois, au lieu de dire « nous sommes les plus avancés dans la science agronomique, nous savons amender les terres par la marne et la chaux et nous avons inventé les moyens de retourner convenablement l’humus. Ceci est la source de nos richesses; elle nous vient de nos défunts ancêtres qui, durant des générations, ont perfectionné notre agriculture, en ont vécu et nous ont légué leurs champs et leur habileté à faire jaillir la vie du monde souterrain » préféraient dire « nous sommes les fils de Dis Pater, les enfants d’Hadès ».
Source : Pierre Lance, Alésia, un choc de civilisations. Presses de Valmy.
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« Ah ! que l’Histoire-fiction est une belle chose ! J’avoue trouver quelque plaisir à imaginer Germains et Romains s’empoignant dans les Alpes suisses entre -100 et -50, tandis que les Gaulois, comptant les coups, se seraient alors occupés de construire la civilisation occidentale, qui eut pris une tout autre tournure. Elle ne serait jamais devenue romaine, et du coup pas davantage chrétienne. L’Europe n’aurait connu que l’éthique de liberté-fierté-responsabilité individuelle des Celtes, à laquelle ils ajoutaient le profond respect des arbres, des sources et de toute la nature. la technologie que cette civilisation aurait développée ne se serait donc jamais faite au détriment de la santé humaine et de l’environnement.
A quoi un druide-astrologue me répondrait sans doute que ce beau rêve n’eut pas pas été en accord avec les rythmes cosmiques et que l’équilibre dynamique de l’univers exigeait que, pour un temps, sur notre planète, le feu laisse la place à l’eau, et qu’il fallait patienter vingt-et-un siècles environ pour que l’air, allié naturel du feu, puisse régner à son tour et remettre en honneur une éthique de liberté. »
Pierre Lance, Alésia, un choc de civilisations. Presses de Valmy.
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« Certains auteurs ont défendu la thèse du monothéisme druidique. Mais, outre que ces auteurs étaient eux-mêmes monothéistes et voulaient à toute force nourrir l’illusion d’une « supériorité » du monothéisme sur le polythéisme, il n’est pas un seul témoignage d’auteur ancien qui vienne conforter cette hypothèse.
Les Grecs et les Latins parlent toujours des dieux gaulois et non d’un seul. On a prétendu qu’Esus était primitivement le dieu unique des celtes, et il est vrai qu’Esus, qu’on peut identifier à l’énergie vitale, est un dieu primordial. Mais en tirer argument au profit d’un monothéisme celtique supposé reviendrait à prétendre que les Grecs étaient monothéistes puisqu’ils faisaient d’Éros le créateur du monde, la première force en action après le Chaos originel. Or les Gaulois, tout comme les Grecs, avaient pleine conscience (des siècles avant Darwin !) de ce que l’évolution biologique est essentiellement un processus de différenciation, de diversification et de sélection, qui enfante logiquement le particularisme concurrentiel de toute manifestation animique. Individualisme et monothéisme sont nécessairement inconciliables car le premier distingue et particularise, ce qui favorise l’élévation des meilleurs, tandis que le second uniformise, égalise et grégarise, paralysant ainsi tout progrès de la vie
Cette exaltation de la personnalité de chaque être (…) était le fondement de la philosophie gauloise. »
Pierre Lance : Alésia, un choc de civilisations.
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Même si elle peut faire grincer des dents, c’est une thèse intéressante que celle de Pierre Lance (« Alésia. Un choc de civilisations ») sur les causes de la défaite gauloise devant les armées romaines. C’est tout simplement parce que, selon lui, la société gauloise était décadente : elle « n’était déjà plus tout à fait le type de société qui convenait à l’éthique des Celtes et à leur psychologie profonde (…) il manquait donc à ces hommes, lors de la conquête romaine, la foi et l’enthousiasme qu’il faut pour défendre la communauté avec toute la vaillance nécessaire ».
Pierre Lance voit dans l’organisation tripartite de la société (et dans l’assimilation de la « fonction » à la « classe ») l’une des raisons à cette décadence. Au contraire de certains continuateurs de Georges Dumézil qui en font une sorte de « plan selon lequel s’édifieraient toutes les sociétés indo-européennes », il remarque que les deux classes de druides et de chevaliers n’existaient pas à l’apogée de la civilisation de la Tène et que ce tripartisme est « l’ultime aboutissement d’une dégradation de la propriété foncière individuelle et tribale ».
« Au reste, ajoute-t-il, le terme « fonction » lui même doit être ramené à une nécessité vitale. Or, aucune société saine n’a besoin de prêtres mais elle a besoin de chercheurs, de médecins, de philosophes. Là est vraiment la première fonction. Mais que le médecin ou le philosophe devienne un sorcier puis un prêtre, et nous avons là un processus de décadence de la fonction parfaitement évident.
De même, une société qui ne nourrit pas d’intentions prédatrices n’a nul besoin de guerriers spécialisés. Dans une société forte, tous les les hommes sont libres, responsables et prêts à prendre les armes pour la défense de la communauté si celle-ci est menacée. Mais dès lors que la guerre devient une affaire de spécialistes n’ayant aucune autre raison de vivre que le combat, il y a tout lieu de craindre que le peuple soit un jour réduit en esclavage, car la caste guerrière, logiquement constituée de casse-cous et de têtes brûlées, ne résistera sans doute pas longtemps à la tentation d’abuser de la force dont elle dispose sans partage. Ce dont en réalité une nation a besoin, c’est seulement d’une certaine proportion de citoyens expérimentés dans le maniement des armes et aptes à former et à encadrer le peuple en cas de nécessité. Là est véritablement la deuxième fonction, dont le pouvoir politique doit veiller à ce qu’en aucun cas elle n’outrepasse son rôle. Et pour en avoir la garantie, il est indispensable qu’une partie au moins du peuple puisse être rapidement appelée sous les drapeaux.
Mais toute société a, par contre, un impérieux besoin d’agriculteurs et d’artisans (aujourd’hui de techniciens, d’entrepreneurs et d’ouvriers) et ce sont là les deux autres fonctions (confondues en une seule) que devaient symboliser les mythes originels. Sur ce point, la mythologie celtique est particulièrement instructive, puisque tous ses principaux dieux sont agriculteurs, artisans, artistes, médecins, poètes mais qu’aucun d’eux ne représente une fonction religieuse ou militaire spécifique. Le Teutatès gaulois, que César essaie d’assimiler au Mars romain, symbolise en fait la patrie, qui combat toute entière lorsqu’elle est en danger, et si Lug devient chef de guerre, c’est seulement parce qu’il est le dieu « polytechnicien » qui réunit le savoir-faire de tous les métiers.
(…)
[interprétation des objets symboliques et sacrés des légendes celtes] Au premier stade de civilisation, les trois fonctions sont tout simplement celles qui satisfont aux besoins essentiels des hommes, soit la chasse (lance, flèche ou épée), le défrichement de la forêt (la hache) et l’agriculture (charrue, pierre ou tailloir), immédiatement suivie de la cuisine (coupe ou chaudron). Dans un second stade de civilisation (dont nous avons déjà constaté l’évolution dans le passage du Dagda irlandais au Lug gaulois), le chasseur ou le défricheur devient l’artisan, puis l’artiste. Enfin le cuisinier (qui prépare aussi les herbes et les potions) devient le médecin, puis le chimiste, le chercheur scientifique, au bout du compte le philosophe. Nulle place dans tout ceci pour le prêtre ou le guerrier, éléments parasitaires des sociétés décadentes ».
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Après deux mois de siège,52 ans avant notre ère, Vercingetorix capitule à Alésia le 27 septembre. Les Gaulois sont vaincus et la Gaule est intégrée à l’ empire romain.
Selon Pierre Lance (« Alésia, un choc de civilisations »), « la défaite d’Alésia est une allégorie qui restitue l’image de toutes les défaites gauloises, tant militaires qu’idéologiques, jusqu’à 1940 inclusivement, mais qui, plus encore, symbolise toutes les défaites du Celte de toujours devant une « civilisation de l’artifice » et une « religion du système » qui, depuis plus de vingt siècles, trahissent toute espèce de nature et de réalité.
C’est la défaite de l’individualiste devant le collectivisme, du régionaliste devant le centralisme, du panthéiste devant le monothéisme, du spiritualiste devant le matérialisme, de l’Occidental devant l’orientalisme, du villageois devant la mégapole, du citoyen devant la bureaucratie, du créateur devant le technocrate, de l’artisan devant le robotisme, de la maison individuelle devant le grand ensemble … Que sais-je encore ! Bref, c’est la défaite de l’homme libre devant toutes les formes de tyrannie : politique, économique, spirituelle. En un mot c’est la défaite de l’Esprit.
C’est dire que cette défaite est celle de tous les hommes. Et c’est pourquoi elle exige la revanche sans laquelle on pourrait désespérer de l’avenir de l’humanité. (…)
Aujourd’hui, nous voyons s’élaborer de grands blocs humains dont certains dirigeants rêvent manifestement d’imposer leur loi à toute la planète, soit au nom d’idéologies ou de religions totalitaires, soit pour le seul goût du pouvoir, ou bien encore mus par un mélange de tout cela. Les hommes libres doivent donc, plus que jamais, se préparer à défendre, envers et contre tous, le droit sacré des individus et des peuples à disposer d’eux-mêmes, et, dans toute l’Histoire, aucun peuple ne sut mieux en affirmer les principes et en jeter les bases que nos ancêtres les Gaulois. »
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