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… on était hier le 24 avril, le 24 avril 1916 :
Insurrection à Dublin. Les nationalistes irlandais, conduits par Padraig Pearse et James Connoly, occupent l’Hôtel des Postes de Dublin, proclament la République et déploient le drapeau vert-blanc-orangé de l’Etat libre d’Irlande. Assiégés par les troupes anglaises, ils tiendront jusqu’au 3 mai.

… chouette, chouette, avons vu les premières hirondelles avant hier dimanche à Tourriers … mais pas encore à Poitiers …

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incarnation de lointains ancêtres,

et mémoire oubliée de peuples antiques …

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« …ou que nous attendons sur les gués par où passent leurs routes de migration. »

C’t’amusant, depuis que je m’interroge un peu sur les gués, je n’arrête pas de voir partout des références à ce sujet. Quand ça se passe comme ça, ma sorcière dit qu’il y a de l’écho et j’aime bien cette expression, c’est exactement ça … de l’écho … première référence : dans le bouquin que je suis en train de lire sur Mélusine, enfin plutôt que j’essaie de lire parce qu’il faut bien avouer que c’est parfois assez chiant … dans le contenu mais aussi dans la présentation, comme ce procédé de renvoyer toutes les notes en fin de chapitre : je vois difficilement mieux pour casser la lecture et la concentration… C’est pourtant dans ces notes que j’ai trouvé les références d’un article : »R. Louis, « une coutume d’origine préhistorique : les combats sur les gués chez les Celtes et chez les Germains ». Je n’ai aucune idée de ce que ce monsieur Louis peut dire des combats sur les gués, mais la première partie de la phrase « une coutume d’origine préhistorique » me permet de faire très arbitrairement le lien entre mes deux époques de prédilection même si je n’ai aucune idée non plus de ce qui peut permettre à ce monsieur Louis de prétendre que c’est une coutume d’origine préhistorique … certainement pas le fait que les « hommes du renne » attendaient leurs proies au passage des gués, quoi que … sait-on jamais …
Quoi qu’il en soit, les références au gué sont nombreuses dans la mythologie celtique et cette coutume mystérieuse du combat dans les gués a été attestée dans les textes et prouvée par l’archéologie
Il y a d’abord Cuchulainn qui, lors de la malédiction des Ulates (condamnés à une faiblesse périodique par la déesse Macha et incapables de se battre),à laquelle il est le seul à échapper, se positionne sur Ath Gabla (le Gué de la Fourche) de manière à repousser les troupes de la reine Medb (Razzia des Vaches de Cooley)
Cúchulainn, mené par son cocher Lóeg, arrive à un gué dont la gardienne lave le linge ensanglanté du héros, ce qui présage de sa mort prochaine. Passant le gué, il arrive dans la plaine de Muirthemné, où l’attendent ses ennemis.
Cette allusion à la gardienne d’un gué peut évoquer les « Parques » celtiques, ancêtres des « lavandières de la nuit », qui lavent sur un gué, c’est-à-dire à la frontière de l’Autre-Monde, les dépouilles des héros qui vont bientôt périr …
(il est question quelque part, mais je ne m’en souviens que de mémoire, des Nones gauloises -contraction de « matrones » ?- qui seraient les déesses du destin…)

Dans un épisode apparaît une anguille. C’est le résultat d’une métamorphose de la Morrigane/ Bodb (corneille), ou déesse de la guerre qui, dépitée de ne pas être aimée du héros Cuchulainn, vient sous cette forme dans le gué où il combat contre les hommes d’Irlande et s’enroule autour de sa jambe. Cuchulainn l’arrache brutalement et la jette contre les rochers

La route principale de la province d’Ulster va jusqu’au « Gué de la Veille » où Conall, « un bon guerrier des Ulates s’y tient pour veiller et protéger et pour que des guerriers étrangers ne viennent pas chez les Ulates les provoquer au combat ».

La rivalité entre Conall (héros Ulate, frère de lait de Cuchulainn) et Cet (guerrier du Connaught dont un druide a prédit qu’il tuerait la moitié des hommes d’Ulster) prend fin après un raid de ce dernier dans le Leinster, où il tue vingt-sept guerriers et leur tranche la tête. Conall peut le suivre à la trace du sang laissée dans la neige, il le rattrape à un gué et le tue dans un combat épique, tout en étant lui-même blessé.

Après la mort du roi Conchobar et de son fils Cormac Cond Longas, on propose la royauté d’Ulster à Conall qui la refuse, ayant mieux à faire chez Ailill et Medb en Connaught. Le roi ayant une nouvelle maîtresse, son épouse demande à Conall de le tuer, ce qu’il fait avant de réussir à s’enfuir, mais il est rattrapé par les guerriers du Connaught qui le tuent au gué de Na Mianna (aujourd’hui Ballyconnell, comté de Cavan)

Laissons Cuchulainn pour la bataille de Mag-Tured : la Morrigane a invité le grand dieu Dagda à la rejoindre à sa maison près du gué. « L’un des pieds de la femme dans l’eau touchait Allod-Eche au sud ; l’autre pied également dans l’eau touchait Lescuin au nord. Neuf tresses flottaient détachées de sa tête. Dagda s’unit à elle. Dès lors cet endroit s’appela le lit des époux. » Elle prédit à Dagda l’arrivée des Fomore, le jour de la bataille et qu’elle tuerait leur roi « elle versait du sang d’Indech plein ses deux mains à l’armée qui attendait l’ennemi au gué ». Ce gué s’appela « gué de l’anéantissement ».

C’est aussi dans un gué qu’a lieu un combat entre deux druides, par disciple interposé, Mog Ruith et Colphta: Colphta, l’Orgueilleux , un des cinq druides du roi Cormac , son aspect terrifiant ne l’empêche pas d’être vaincu par le druide Cennmar , disciple de Mog Ruith.

Toujours en Irlande, une Triade cite : Trí hátha Hérenn: Áth Clíath, Áth Lúain, Áth Caille.
Les trois gués d’Irlande : Ath Cliath (Gué des Claies), Athlone (Gué de Luan), Ath Caille (Gué du Bois).

Ath Liag Finn: C’est le nom d’un gué où Finn jeta une pierre plate tenue par une chaîne d’or, cadeau d’une femme du sidh. La légende dit que la pierre et la chaîne seront ramenées un dimanche, par une ondine, sept jours avant que ce monde ne finisse.

Arawn, maître d’Annwn -l’Autre-Monde- , propose à Pwyll qu’ils échangent leurs royaumes à condition que ce dernier batte, mais sans le tuer son rival Hafgan lors d’un duel sur un gué . Il y réussit

Dans le cycle Arthurien, Lancelot doit combattre un chevalier, Alybon, gardien du gué de la Reine, sur l’Humbrie, aux ordres de Guenièvre (ce qui rappelle aussi les combats avec le Chevalier Noir, gardien de la source de la Dame de la Fontaine…).Gué éminemment symbolique puisque c’est là qu’au temps de sa conquête, Arthur a rallié ses meilleurs chevaliers: Gauvain, Keu, Loth, et Yvain.

D’ailleurs, il existe un texte irlandais racontant la naissance mythique d’Yvain/Owein. On y apprend que le héros a été engendré, près du gué de l’Aboiement, lors d’une nuit de Samain.
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Le passage du gué et les combats qui s’y livrent ne sont pas l’apanage des insulaires , et, parmi d’autres exemples, Rabelais nous montre Gargantua buvant le Thouet au gué de Ligaine, près de Taizé.
Et lors d’une guerre qui oppose Gargantua à Pichrochole, » sa jument pissa pour se relâcher le ventre, mais ce fut en telle abondance qu’elle en fit sept lieues de déluge. Tout le pissat dériva au gué de Vède, et l’enfla tellement au fil de l’eau que toute cette troupe des ennemis fut noyée horriblement  »

On l’a vu, en Irlande, la divinité féminine tutélaire du gué, c’est donc la Morrigane, déesse de la guerre, et le fait que le gué, dans la Razzia des Vaches de Cooley soit le lieu des combats singuliers de Cuchulainn contre les guerriers envoyés par les Irlandais en fait un point de rencontre ou une limite qu’on ne traverse que si on le peut, par exemple si l’on est initié.
Le gué est le lieu séparant le monde sensible de l’Autre Monde, endroit privilégié des affrontements et combats singuliers pour le héros en quête d’initiation.L’initiation druidique, elle, consistait à passer trois nuits et deux jours de méditation dans un lieu sacré, en contact avec les “divins ancêtres” et ce pouvait très bien être aussi au milieu d’un gué comme symbole du “passage ”, un de leurs lieux de prédilection. Mais le gué n’est pas obligatoirement le passage vers l’autre monde, vers la mort ; il peut être aussi, comme le souligne l’Arbre Celtique, « un passage vers la connaissance qui, si l’on suit les grands textes mystiques, induit l’existence de ces deux mondes comme en « surimpression » et c’est ce que dit W. Kruta à propos de l’art celtique: une surimpression du cyclique et du permanent. Ce qui rend les choses un peu « floues » pour des cartésiens ».
Une épigraphe gallo-romaine atteste de l’existence d’une Ritona , déesse particulièrement proche du gué qui se dit en gaulois « ritu », continuation d’un mot indo-européen « prtus » désignant le passage, le gué, le pont. Elle serait donc la déesse gauloise attachée aux gués, peut être même aux combats de gués puisque, comme le dictionnaire des symboles nous le dit, l’archéologie a souvent mis à jour dans l’ancienne Gaule « des armes à l’emplacement de gués, ce qui tendrait à prouver que la coutume irlandaise du combat de gué, en celtique continental et brittonique, se rattache à celle du passage et de la course » (« ritu » signifiant aussi « la course »… et on peut aussi rappeler, incidemment; qu’une course est à l’origine de la malédiction lancée par Macha induisant la « maladie des Ulates »…).
« Le gué (« dictionnaire des symboles ». Chevalier/Gheerbrant) symbolise le combat pour un passage difficile, d’un monde à un autre, ou d’un état intérieur à un autre état. Il réunit le symbolisme de l’eau (lieu des renaissances) et celui des rivages opposés (lieu des contradictions, des franchissements, des passages périlleux) ».

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incarnation de lointains ancêtres,

et mémoire oubliée de peuples antiques …

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Cette image est certainement celle qui s’harmonise le mieux avec la conception que j’ai actuellement des choses, comment j’appréhende cette démarche : »incarnation de lointains ancêtres,et réactivation de la mémoire oubliée de peuples antiques » et comment je vois ces hommes dans des âges différents dans leurs différents états qui ont fait qui je suis aujourd’hui et qui je voudrais être demain… qui mais aussi comment et pourquoi… Cette image est donc un avatar : en informatique et dans les jeux vidéo, un personnage représentant un utilisateur (en l’occurence moi) qui peut se réduire à un portrait, comme sur un forum ou dans une messagerie, ou encore être un véritable acteur interactif, contrôlé par l’utilisateur, comme dans les jeux vidéo. Son avenir, son importance, sa crédibilité dépendent donc de la manière dont je l’utiliserai…

Il représente « le Magicien » du Tarot des Druides de Philip et Stephanie Carr-Gomm, équivalent du Bateleur.
Il connait le secret de la création -il sait s’ouvrir aux deux aspects de l’énergie créatrice divine, que les druides appellent Awen et Nwyfre: inspiration et force vitale. Et il sait comment faire pour que ces forces passent à travers lui et s’écoulent dans le monde, dirigées par sa conscience et sa volonté.
Le Magicien se tient devant l’une des grandes portes de Stonehenge, révélant ainsi qu’il est un chaman capable de traverser les portes de l’Autre-Monde, pour en ramener connaissance et guérison.
Il unit le Ciel et la Terre. Cette union a trait aux forces cosmiques que l’on peut considérer comme le Féminin divin et le Masculin divin. Stonehenge fut construit pour célébrer cette union au solstice d’été, au soleil levant uni à la terre dans le sanctuaire intérieur du cercle.

Très pratiquement, voilà sa signification : « Vous savez que vous avez la possibilité de réaliser vos rêves, et c’est juste une question d’utilisation de votre pouvoir de volonté et de votre concentration pour faire les premières démarches vers la réalisation de votre dessein. N’oubliez pas que vous rendez votre vie magique, et pour faire de la magie efficace dans le monde, vous devez combiner les capacités de concentration et d’ouverture. Le Magicien est puissant parce qu’il sait s’ouvrir à l’inspiration, à l’esprit, et laisser cette inspiration s’écouler de lui dans le monde, par ses décisions et ses actions. Le doute et la préoccupation avec le moi (appelé souvent l’égo) inhibe cette circulation d’énergie. Si vous pouvez avoir confiance et laisser vos soucis au sujet de la vie, l’énergie créatrice peut commencer à circuler à travers vous, et vous pouvez vous mettre à travailler sur des projets importants et significatifs.
En même temps, le Grand Oeuvre -l’union du dieu et de la déesse en vous- peut commencer, et vous sentez en vous l’énergie d’agir dans le monde, au lieu de rester inactif. La communication est une façon formidable de faire cela -avec différentes parties de votre être, avec votre partenaire, vos amis et vos collègues de travail, et avec le monde de la Nature et de l’esprit. Le Magicien, la Magicienne, est maître, maîtresse du monde -un barde au sens le plus profond du terme, qui connait la sacralité et le pouvoir créatif du monde et de la voix. Le Magicien chante son monde et le fait ainsi exister. »

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incarnation de lointains ancêtres,

et mémoire oubliée de peuples antiques …

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« Je suis un « homme du renne » mais je chasse aussi les bisons et les aurochs dont nous suivons les troupeaux avec mon clan au fil de leurs déplacements saisonniers ou que nous attendons sur les gués par où passent leurs routes de migration. Je vénère un dieu père auquel, par assimilation, je fais porter des ramures de rennes. Je vis dans l’entrée des grottes que j’aménage pour me protéger du vent et des grands froids ou dans des campements précaires au cours de l’été. J’aime les parures, animales ou végétales, plumes et ossements, pendeloques de coquillages et de dents d’animaux, et je porte déja des tatouages compliqués. En dehors de la chasse et de la pêche, je fabrique des vêtements , des récipients ,des armes et des outils, je travaille les peaux et les fourrures et me livre à des rites religieux.
Je suis maintenant un chamane et je guéris les malades, je provoque les changements de temps désirés, je prédis l’avenir et je converse avec les esprits et les animaux-esprits. Je descends au fond des grottes dans les boyaux les plus reculés pour y pratiquer les rites magiques de chasse,et je peins et je grave sur les parois les animaux à chasser et des figures frustres ou au contraire, très réalistes. Je sculpte aussi des figures féminines, des Vénus aux formes accentuées, à l’image de la Terre généreuse que nous allons apprendre à cultiver, de la déesse fertile que je vénère. »

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Le renne est emblématique de l’époque magdalénienne: il fournit la viande pour la nourriture, les peaux pour les vêtements et les tentes, la graisse pour les lampes, les ramures et les os pour les armes et les outils, les nerfs pour le fil à coudre et les lanières. On lit souvent que les tribus sont nomades et suivent les troupeaux de rennes dans leurs migrations … je ne sais pas trop, en fait, ce qu’on entend réellement par « nomades », mais en tout état de cause, il est bien évident que ces tribus ne passent pas leur temps sur les chemins… Ce n’est, en effet, pas leur faire trop d’honneur que de penser qu’ ils se sont aperçus que les animaux empruntent toujours le même itinéraire, se rendant compte, par la même occasion qu’il est bien plus intelligent de les attendre à des endroits de ralentissement, au passage des gués par exemple, où les hommes peuvent tuer un grand nombre de bêtes pour faire des réserves. Ces « rencontres » ont assurément lieu deux fois par an, au départ et au retour, en automne et au printemps. Dans l’attente des rennes, les chasseurs édifient un campement dans lequel ils poursuivent leus activités : taille des silex surtout qui doivent servir à la chasse et au traitement des bêtes tuées. Un camp de ce type a été découvert à Pincevent, vers le confluent de l’Yonne et du Loing. On comprend que ce type de chasse a modifié les conditions de vie des hommes : comme ils n’ont plus à suivre les troupeaux, ils passent l’hiver des périodes de glaciation à l’abri dans l’ entrée des grottes qu’ils aménagent pour les rendre plus confortables -mais on a retrouvé aussi des huttes à l’intérieur des grottes- et la belle saison, et de plus en plus, dans des campements plus ou moins précaires en extérieur, sur les terrasses des fleuves, près des rivières et des sources ou au bord de la mer. On chasse aussi d’autres gibiers de grande ou de petite taille et l’été, on pêche dans des cours d’eau libérés des glaces.
Les grottes profondes ne sont pas propices à une installation humaine pour un certain nombre de raisons : l’humidité et l’inconfort du aux grands froids, l’absence de lumière naturelle, la présence d’ours et autres carnivores des cavernes dangereux . Avec les glaciations l’habitat y devient pourtant courant mais c’est vers les entrées que les hommes s’installent et dans les abris sous roches qu’ils décorent également de gravures, peintures et sculptures, tout comme le fonds des boyaux obscurs et profonds… En face de ces dessins et gravures, l’explication développée par le professeur Jean Clottes avec l’archéologue sud-africain David Lewis-Williams est celle du chamanisme. Pour eux, aller dans les ténèbres, c’était entrer dans un autre monde, celui de l’au-delà, des esprits… De rares personnes, en particulier les chamanes, se rendaient au fond des grottes de manière exceptionnelle. Cela avait pour but de guérir des malades ou de rétablir une harmonie rompue… En réalisant leurs dessins, ils communiquaient avec les esprits de l’autre côté de la paroi, ils donnaient matière à leurs visions… Pour eux, l’image était chargée de pouvoir, comme elle l’est d’ailleurs dans toutes les sociétés traditionnelles.Cette hypothèse du chamanisme a été controversée. Dans la nouvelle édition du livre « Les Chamanes de la préhistoire » (La Maison des roches et Points Histoire), le professeur Jean Clottes réfute une par une les critiques scientifiques d’une manière bien convaincante…
On n’est pas vraiment sur que les figurines sculptées dites « Vénus » soient des représentations d’une Déesse-Mère … selon Marija Gimbutas (« Le langage de la déesse », édition des Femmes) qui se basait sur les recherches et campagnes archéologiques qu’elle a mené dans l' »ancienne Europe » pré-indo-européenne, principalement dans les Balkans et le long du cours du Danube, un culte de la Déesse se serait universellement répandu dans toute la préhistoire, la femme incarnant la reproduction de l’espèce et son espoir de pérennité dans une dimension qui n’était pas linéaire comme elle le devint avec le patriarcat mais circulaire et cyclique où prend naissance le mythe de « l’éternel retour » . J’avoue bien volontiers mon attirance pour cette théorie, malgré les excès d’interprétation qu’ont pu en faire des féministes radicales … il est pourtant honnête de souligner que d’autres théories ont cours, celle de représentations érotiques notamment (bon d’accord, c’est très prosaïque, plus traces de spiritualité ou de préoccupations métaphysiques, seulement des graffitis érotiques sur les murs …) ou celle, lapidaire, de Pierre Lance : »confronté aux rudesses de l’existence, l’homme éprouve périodiquement la nostalgie du ventre maternel. Une fois enfoncée cette porte ouverte, on ne voit pas ce qu’elle nous apprend de décisif sur le destin des peuples, hormis l’évidence que plus ce culte sera important dans une communauté et plus on pourra soupçonner qu’elle manque d’audace et de virilité » (in « Alésia. Un choc de civilisations »)
Par ailleurs, cette histoire de « gué » est, elle aussi, intéressante et j’essaierai d’en parler la prochaine fois …

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incarnation de lointains ancêtres,

et mémoire oubliée de peuples antiques …

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Paléolithique (et même avant) . Je suis un « homme du renne » mais je chasse aussi les bisons et les aurochs dont nous suivons les troupeaux avec mon clan au fil de leurs déplacements saisonniers ou que nous attendons sur les gués par où passent leurs routes de migration. Je vénère un dieu père auquel, par assimilation, je fais porter des ramures de rennes. Je vis dans l’entrée des grottes que j’aménage pour me protéger du vent et des grands froids ou dans des campements précaires au cours de l’été. J’aime les parures, animales ou végétales, plumes et ossements, pendeloques de coquillages et de dents d’animaux, et je porte déja des tatouages compliqués. En dehors de la chasse et de la pêche, je fabrique des vêtements , des récipients ,des armes et des outils, je travaille les peaux et les fourrures et me livre à des rites religieux.
Je suis maintenant un chamane et je guéris les malades, je provoque les changements de temps désirés, je prédis l’avenir et je converse avec les esprits et les animaux-esprits. Je descends au fond des grottes dans les boyaux les plus reculés pour y pratiquer les rites magiques de chasse,et je peins et je grave sur les parois les animaux à chasser et des figures frustres ou au contraire, très réalistes. Je sculpte aussi des figures féminines, des Vénus aux formes accentuées, à l’image de la Terre généreuse que nous allons apprendre à cultiver, de la déesse fertile que je vénère.

Néolithique. Je suis agriculteur et je tire ma subsistance de la terre que nous cultivons de manière collective et qui est une mère providentielle et divine. Et par analogie . je révère la grande déesse-Mère . Le culte des morts et des ancêtres tient une grande place dans ma vie quotidienne et religieuse puisqu’ils sont encore présents parmi nous et qu’ils sont dépositaires d’une force bien supérieure à la notre. Les menhirs, dolmens et tumuli sont liés à ce culte : sépultures, sites religieux et funéraires. Je respecte un calendrier de fêtes saisonnières liées au cycle de la végétation et les mythes qui intègrent la mort, puis la renaissance d’une divinité, assimilée au Soleil. Petit à petit, je vais aussi vouer un culte au Ciel protecteur en l’associant à celui de la Terre mère.

Je suis maintenant un chamane, sorcier prêtre de la tribu qui sert d’intermédiaire entre les hommes et les âmes des ancêtres pour s’assurer de leur protection. J’ai été « choisi » pour mes dons naturels avant de recevoir une solide formation initiatique souvent pénible et épuisante.

Antiquité. Je suis Gaulois. Picton, peut être (probable ?) cousin des Pictes d’Ecosse. Picton signifie « les hommes peints » mais aussi « les furieux »…La défaite d’Alésia et la reddition de Vercingetorix viennent de sonner le glas de la Gaule indépendante et des druides qui seront bientôt frappés d’interdit. Les Romains annexent mes dieux et mes déesses pour les assimiler aux leurs mais derrière ces nouveaux noms je continue, surtout si j’habite la campagne , à honorer nos vieilles divinités. Comment pourrait-il en être autrement puisque ces divinités sont intimement et fortement liées au sol sur lequel je vis, à ses forêts, à ses rivières, à ses collines, au vent qui y souffle, à ses mers qui y grondent … et à mes Ancêtres qui ont foulé ce même sol qui est fait de leur chair. …Certains d’entre eux étaient déja même vénérés à l’âge du Renne.
Je suis maintenant un druide, trait d’union entre les dieux et les hommes. J’allie, aux attributions de ceux qui étaient avant moi -les chamanes- (dont j’ai hérité du Savoir et de la Pratique) celles de philosophe, d’enseignant, d’astronome, de juge, de médecin, d’historien et de bien d’autres encore mais l’essentiel de ces connaissances va disparaitre parce que je me suis toujours refusé à les consigner par écrit pour préserver leurs possibilités d’évolution… Certaines se transmettront par l’oral ou par le geste, les autres devront être redécouvertes ou reconstruites sur le même modèle cohérent par l’étude, la recherche, l’intuition…

Aujourd’hui. Je suis … moi. J’ai traversé ces divers âges qui m’ont fait ce que je suis et j’ai évolué. Le sol, lui, n’a pas changé, il est toujours fait de la chair de mes ancêtres et ce sont toujours les mêmes divinités que j’honore. Beaucoup s’est perdu des vieilles traditions mais il ne s’agit pas de revenir au point zéro, de remonter 2000 ans en arrière, rayer 2000 ans d’obscurantisme monothéiste, pour se retrouver à un hypothétique âge d’or auquel je ne crois guère mais de récolter un maximum d’informations dans tous les domaines qui peuvent nous aider à mieux connaitre et comprendre la vie quotidienne de nos ancêtres . Il s’agit d’aller à la recherche des Dieux et des Déesses dans le sol que nous foulons et dans notre imaginaire, à travers les lieux, les récits historiques, les légendes, les coûtumes et les fêtes toujours vivantes, les découvertes archéologiques…
Je suis apprenti- druide, ou apprenti-chamane ou même plutôt simplement apprenti-sorcier. Je n’ai pas grand chose à voir avec celui qui, dans l’Antiquité, se déplaçait avec sa Cour , et parlait avant le Roi en revanche je chéris l’image de celui qui, dans les villages, était tout à la fois prêtre, guérisseur, confident, avec bien d’autres attributions encore, un druide au ras des pâquerettes si j’ose dire…
En parallèle à ce travail de reconstruction, j’essaie de mettre en conformité ma vie avec la triade transmise par Diogène Laërce: « honore les dieux, sois brave, ne fais rien de bas », afin qu’on puisse dire de moi et des miens, comme Camille Jullian le disait des Gaulois : « dans la vie comme à la bataille, ils allaient droit leur chemin, à ciel ouvert, le visage nu et le front haut ».

Même si je me méfie toujours énormément des auteurs qui « marchent », il arrive que j’ai parfois de bonnes surprises quand je me décide à lire un bouquin ou un auteur « dont tout le monde parle ». C’était bien sur le cas pour Ellroy et là, depuis quelques temps, je me suis laissé séduire par Fred Vargas : vargas.jpg je suis en train, mine de rien, de me faire toute la série (j’en suis à « sous les vents de Neptune ») et ça me plait beaucoup … j’adore son humour… J’aime bien aussi tous ses personnages, principaux comme secondaires tous dépeints avec le même soin … j’aime beaucoup leur côté « décalé » , et le fait qu’ils soient complètement atypiques. Sans parler des intrigues qui sont plutôt bien fichues… Josée Dayan a fait une adaptation pour la télé de « Sous les Vents de Neptune » justement, que je n’ai pas vue, avec Jean Hugues Anglade dans le rôle du commissaire Adamsberg et Jacques Spiesser dans celui de son adjoint Danglard … alléchant : j’espère qu’ils le repasseront …

Quelques extraits de « la Trajectoire », François Augiéras. Fata Morgana:

augieras.jpg Changer de religion sera la grande entreprise de mon adolescence. Tout me sera prétexte à m’éloigner de Jésus, à devenir obstinément païen, les évènements y aidant.

Un sang barbare, sauvage, coule dans mes veines: j’en ai assez du christianisme ! C’est un immense appel que j’entends, venu des forêts.

Ce soir très pur, il tranche sur un obscur horizon de collines et de bois. Sa profondeur me ravit; je suis là, découvrant la beauté de la nuit; l’infini des constellations me charme. Le gel, l’immobilité de la campagne couverte de neige renforcent l’impression de calme perfection qui me tire hors de moi. Je ne suis plus qu’un regard, qu’une âme émue, qu’un coeur fou de joie.

Je n’ai pas l’intention d’être des leurs mais de profiter des circonstances pour m’avancer du côté des forêts et des sources, pour tenter de n’être pas chrétien, pour aller en direction des nouvelles aventures de l’esprit, les gens de mon espèce étant toujours à leur affaire quand tout retourne, si ce n’est au chaos primordial, tout au moins à la demi barbarie, qui est le seul niveau qui leur convienne à peu près.

J’ignorais tout de la vie : qu’était-ce que l’amour ? Y a-t-il un secret de l’univers qu’on peut deviner dans les bois ? Qu’était-ce que la nature ? J’espérais une révélation; je soupçonnais l’immense amour que l’univers, séduit par lui même, a pour lui même, et se donne. Je voulais y participer, en être.

Dans le silence venu avec l’obscurité, on n’entendait que le murmure inlassable du ruisseau. Je restai là, un moment, sans plus casser de bois, ma petite hache à la main, ému soudain jusqu’à mon âme neuve qui découvrait d’enthousiasme la vie secrète des arbres, des ombres et des eaux. Ce n’était pas un rêve, c’était vrai, j’y étais dans le très vaste monde, si beau si calme, le soir. Il était là, près de moi, comme un être, et il me semblait que lui aussi soupçonnait mon existence et que, dans le petit bois nous faisions connaissance:
Ah, tu existes, me dit-il.
– Eh oui, lui répondis-je sur le même ton, comme toi…
Ce qui me vint à l’esprit, ce fut la certitude d’avoir déja vécu; je reprenais un contact perdu. La peur de mourir s’effaça ce soir là à tout jamais de mon coeur. Au delà du bruit du ruisseau, plus profondément, je réentendais dans une nouvelle existence le merpétuel murmure de la vie. Alors, humblement, car j’étais encore jeune, j’appuyai mes lèvres contre l’écorce fraîche d’un arbre, et je bus à longs traits toute ma joie d’être au monde à nouveau.
Je revins à notre campement (…) Je descendis au ruisseau. Il coulait parmi des blocs de pierre qui formaient là comme un gué. Je m’y lavai le visage , je m’y lavai de mon enfance triste, je m’y lavai du Christ; et, plus que de l’eau, j’y puisai de l’âme, j’y puisai de l’amour et de l’envie de vivre; j’y bus ma destinée : quelques années parmi les forces de la Terre et du Ciel…
Etendu sur les pierres, le visage dans le courant rapide qui descendait des montagnes, je dis doucement au monde, comme on parle à l’oreille :
– Toi, je t’aime, et je t’aimerai toujours.
Un tumulte de courtes vagues bouillonnait alentour de mes longues mèches qui trempaient dans l’eau froide. Le ruisseau me parut se calmer; il y eut comme un silence, et je crus bien que l’on me répondait :
– Toi aussi, je t’aime; ne le savais-tu pas ?
Quand, deux bouteilles bien remplies dans les mains, je remontai par des prés déjà mouillés de rosée nocturne, à notre campement qu’illuminait un feu, je n’étais plus chrétien.

Je viens de relire « la Nuit de saint Germain des Prés » de Léo Malet, aux éditions des Autres et j’ai eu envie de faire un petit topo sur Burma, Nestor de son p’tit nom …

Un « privé » de l’époque héroïque

Nestor Burma, celui qui « met le mystère knock out », c’est le type même du « privé » de l’époque héroïque. Très porté sur « le lait de panthère », il y a belle lurette qu’on ne peut plus compter sur les doigts d’une main (des deux non plus d’ailleurs) les gueules de bois qu’il endure au sortir de longues nuits d’enquêtes imbibées puisqu’on sait bien que l’alcool, comme la fréquentation assidue des bistrots, stimulent tout particulièrement l’intellect… Il ne crache pas non plus sur les belles filles avec une très nette et très suspecte préférence pour les « femmes-enfants », étant bien entendu dès le départ qu’aucune n’arrivera pourtant jamais au niveau de la cheville (parfaite) de son Hélène de secrétaire.
En revanche, ce qu’il n’aime pas beaucoup , même s’il semble parfois les collectionner, ce sont les coups de matraque qui explosent régulièrement son vieux galure cabossé. Quoi qu’il en soit, c’est toujours en philosophe qu’il s’expose aux plaies et bosses inhérentes à son foutu gagne pain : « l’affaire prenait enfin tournure, on se décidait à me taper dessus » (p.140). Idem pour la découverte des colis humains et sanglants dont il s’est fait une spécialité : « Saint Antoine de Padoue, faites trouver à Nestor Burma les cadavres qui lui sont aussi nécessaires que l’oxygène » (p.100).
On devine sans peine qu’au cinéma, un Nestor Burma américain serait apparu sous les traits d’Humphrey Bogart (dixit son créateur et noblesse oblige), mais en bon français, il fut René Dary avant d’être Guy Marchand, et Galabru lui prêta aussi sa lippe ainsi qu’un Michel Serrault plutôt atypique.

L’ethnologue d’un Paris défunt

Mais Nestor Burma ce n’est pas que cette gravure d’Epinal, tellement conforme à l’imagerie populaire. Nestor Burma c’est aussi Léo Malet qui promène son cynisme réjouissant et sa gouaille irrésistible du haut de sa « vieille bonne vache de pipe à tête de taureau ». Léo Malet, le poète surréaliste amère et déçu (p.42: « et puis un nom. Quelque chose comme Grindel. Le vrai nom de mon défunt ami Paul Eluard », et p.69: « je me suis établi détective comme je me serais installé poète. Sauf que j’ai une plaque à ma porte au lieu d’avoir une plaquette dans mon tiroir. Je suis un franc tireur. Je gagne mon boeuf au jour le jour, sans l’aide de personne ou presque, semblable à celui qui s’enfonce dans la jungle, un fusil aux pognes, pour chasser ses deux repas et son paquet de gris quotidiens »). Léo malet, l’amoureux d’un Paris pittoresque et provincial qu’on n’avait pas encore livré à la pioche ni confié à l’imagination délirante des promoteurs. Léo Malet l’ethnologue, l’observateur de cette jungle qu’est la grande ville, et de ses habitants, humbles ou suffisants, proies et prédateurs, petits truands canailles ou gangsters de haute volée. De la série des « Nouveaux Mystères de Paris », Gilbert Sigaux disait « Malet y met en scène les secrets de la ville et les secrets des personnages ».

Saint Germain des Prés

Dans « la Nuit de Saint Germain des Prés », c’est le Ve arrondissement qu’il nous fait découvrir dans une ténèbreuse affaire de bijoux volés dont il suit la trace parsemée de cadavres frais et sanglants à travers un Saint Germain peuplé de musiciens : « quelques connaisseurs applaudirent frénétiquement. Ils n’avaient pas tort. Cela représentait une belle performance. Ce mec enfonçait Armstrong » (p.39), et d’une faune hétéroclite de rats des caves, faux bohêmes inoffensifs ou jeunes gens sans volonté. On y rencontre également un raté qui met son point d’honneur , en inversion proportionnelle, à descendre d’un cran dans la déchéance à chaque échelon gravi par son ex maitresse dans la gloire du 7e Art … car il ne faut pas oublier non plus le Malet passionné de cinéma et figurant notamment dans l’inoubliable « Quai des Brumes » : « à côté de nous le couple aux allures cinématographiques jouait la scène du baiser jusqu’à essoufflement. Apparemment ni l’un ni l’autre n’était asthmatiques » (p.21). Et tandis qu’un écrivain sur le retour de l’âge cherche à doper son inspiration en organisant des réceptions largement arrosées et par des moyens vraiment très spéciaux, Burma nous promène, cynique et jovial souvent, sentimental et désabusé toujours, à travers des hôtels sordides ou luxueux, des snacks-bars et des bistrots, en passant par les cafés littéraires et l’élection d’une Miss Poubelle qui, contre toute attente, contribuera pour beaucoup à lui livrer la clé d’une énigme particulièrement embrouillée.

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