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« Kenneth White, Écossais inspiré tant par ses brumes natales que par quelques flacons bien choisis, est l’heureux découvreur de la géo-poétique. Écouter le chant de la terre, c’est avant tout ressentir qu’il n’y a pas d’autre poésie que celle de la terre d’où nous sommes. Poésie du granit ? Poésie du grand vent ? Parce qu’un jour il y eut des hommes de notre lignée pour rêver de la même montagne, pour partir sur le même océan. J’ai apprécié bien des paysages lointains, mais ils ne m’ont jamais autant émue que ceux de nos provinces d’Europe. Quelle émotion quand nous atteignons aux terres ultimes , de Lizzard Point au Cap Ténare, du Hague Dick au phare d’Ouessant ! Quelle connivence avec tous ceux qui nous ont précédé au passage des grands cols, aux gués de Loire ou dans les ruelles de nos villes anciennes ! Sur quelques sommets, certains alpinistes ressentent même la présence de cet invisible petit nuage fait de toutes leurs joies et de tous leurs espoirs… »
Anne-Laure Blanc, in « Païens », Les Éditions de la Forêt.
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« Le 26 juin 363 mourait l’empereur Julien, « le plus grand homme qui peut-être ait jamais existé » (Voltaire), tué à l’ennemi … mais par un javelot romain ! Nul ne sait qui arma ce bras qui priva l’Antiquité de son dernier grand capitaine et Rome de sa plus belle victoire depuis Hannibal : la chute de l’empire perse, son seul concurrent sérieux… A Julien agonisant, ses amis les philosophes néo-platoniciens Priscos et Maxime d’Éphèse transmirent un oracle d’Hélios :
Quant à ton sceptre tu auras soumis la race des Perses,
Jusqu’à Séleucie les pourchassant à coups d’épée,
Alors vers l’Olympe tu monteras dans un char de feu
Que la région des tempêtes secouera dans ses tourbillons.
Délivré de la douloureuse souffrance de tes membres mortels,
Tu arriveras à la lumière éthérée de la cour royale de ton père,
D’où tu t ‘égaras jadis, quand tu vins demeurer dans le corps d’un homme.
Ces quelques vers parurent réconforter l’Empereur qui expira à 32 ans, après un court règne de vingt mois. Né en 331 d’une vieille famille d’adorateurs de Sol Invictus, Julien assista à l’âge de six ans, au massacre de son père, de son oncle, de ses cousins, égorgés sous ses yeux sur l’ordre du chrétien Constance II. Seul survivant avec son demi-frère Gallus de ce carnage dynastique, il fut élevé dans la religion chrétienne, qu’il connut donc de l’intérieur avant de la combattre. Le surnom insultant d’Apostat (« renégat »), donné par des chrétiens, ne se justifie que dans une vision déformée de l’Histoire (parle-t-on de Constantin l’Apostat?) ; il est donc plus juste de l’appeler Julien le Philosophe ou même Julien le Grand, comme ses contemporains. Car Julien, « l’immense Julien » (G. Matzneff) ne fit que rejeter la religion des assassins de ses parents, qu’un baptême fort opportun avait, aux yeux du clergé, lavés de leurs crimes. »
Christopher Gérard. Parcours païen. L’Age d’Homme.
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« Chaque fois que l’on me parle des « droits de l’homme », je songe à cet ouvrage posthume de Helvetius, « De l’homme », paru en 1784, qu’à l’époque où j’étais étudiant en lettres classiques à la Sorbonne j’avais déniché dans la librairie du charmant vieux M.Vrin, et où il est à chaque page question d’un homme universel et abstrait auquel on ne croit pas un instant.
Les hommes ? J’ignore ce dont il s’agit. Je connais des intelligents et des imbéciles, des courtois et des goujats, des beaux et des laids, des bien-portants et des malades, des généreux et des ladres, des âmes nobles et des âmes basses, des courageux et des lâches, des doux et des brutes, des créateurs et des parasites, mais des hommes, non, je n’en connais pas.
Je n’ai pas foi en cette divinité aveugle au nom de laquelle il faudrait accorder aux salauds les mêmes droits qu’aux êtres qu’éclaire la bonté ».
Gabriel Matzneff. Le taureau de Phalaris. La Petite Vermillon.
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« Le fascisme, il y a bien longtemps que nous avons pensé que c’était une poésie, et la poésie même du XXe siècle (…). Je me dis que cela ne peut pas mourir. Les petits enfants qui seront des garçons de vingt ans, plus tard, apprendront avec un sombre émerveillement l’existence de cette exaltation de millions d’hommes, les camps de jeunesse, la gloire du passé, les défilés, les cathédrales de lumière, les héros frappés au combat, l’amitié entre jeunesses de toutes les nations réveillées, José Antonio, le fascisme immense et rouge (…)
Je veux donc être franc avec le fascisme, dire ce que nous ne savions peut-être pas avant la guerre, parler de cette nostalgie de la liberté que le tête-à-tête avec lui nous a donnée. Mais il n’en reste pas moins que sa poésie extraordinaire est proche de nous, et qu’il demeure la vérité la plus exaltante du XXe siècle, celle qui lui aura donné sa couleur. Ce que nous lui reprochons par souci de la vérité, vient tantôt d’insuffisances nationales, tantôt d’erreurs passagères, tantôt de conditions de vie difficiles, tantôt de la guerre elle même (et dans ce cas les démocraties ont commis les même erreurs, si erreurs il y a). mais sa chaleur, sa grandeur, son feu merveilleux, c’est ce qui lui appartient. Un camp de jeunesse dans la nuit, l’impression de faire corps avec sa nation tout entière, l’inscription à la suite des héros et des saints du passé, une fête totalitaire, ce sont là des éléments de la poésie fasciste, c’est ce qui aura fait la folie et la sagesse de notre âge, c’est, j’en suis sûr, ce que la jeunesse, dans vingt ans, oublieuse des tares et des erreurs, regardera avec une sombre envie et une nostalgie inguérissable. »
Robert Brasillach. Lettre à un soldat de la classe 60.
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Ethno-masochiste avant l’heure, l’abbé Grégoire aurait très bien pu se tailler une belle place dans la vie politique (et consensuelle) d’aujourd’hui.. Doublement condamnable, du fait de son état d’abbé jureur, ce Conventionnel avait déjà plaidé la cause des juifs (pour les convertir!) et des noirs quand le 4 juin 1794, il dénonça, comme Manuel Gaz hier pour la langue Corse, les langues régionales comme des « patois contre révolutionnaires » et réclama l’ « anéantissement » des diversités linguistiques.
Un beau salaud de notre Histoire dont on se serait bien passé
De même, en bon jacobin François Hollande en début d’année a renoncé à la ratification de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires qu’il s’était « à maintes reprises engagé à faire ratifier, avant et après les élections » (engagement n°56)
Quant aux juifs, on sait avec quelle célérité les gouvernements successifs, tous membres mêlés, se précipitent aux dîners du CRIF. L’abbé Grégoire y aurait certainement eu sa place d’honneur…
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« (…) il ne faut pas oublier Martin, l’un des plus grands destructeurs de la religion de nos Ancêtres, dont la valeur métaphysique est pourtant à cent lieues au dessus des croyances importées de l’Orient. Ce Martin, ex-officier de cavalerie romaine, sévira en Gaule au IVe siècle. Partout où passera ce légionnaire, les temples dits « païens » seront détruits, et le peuple subira le zèle fanatique du romain qui, pour assurer le triomphe du culte étranger, n’hésitera pas à faire siennes les méthodes et conseils de ses ascendants si bien explicités au Deutéronome, Chapitre XII :
« Vous détruirez de fond en comble tous les lieux où les nations étrangères servent leurs dieux, nations que vous aurez réduites à merci : leurs dieux sur toutes les montagnes élevées, au sommet des collines et sous tout arbre vert vous démolirez leurs autels : vous briserez leurs pierres levées et leurs colonnes de bois consacrées ; vous les consumerez par le feu, et les statues de leurs dieux vous les casserez et vous exterminerez leur nom de cet endroit-la. »
Voilà donc vers qui vont encore de nos jours les dévotions d’un peuple déstabilisé par un terrorisme cultuel, à qui l’on a substitué des personnages réels ou fictifs à ses habitudes ancestrales. On peut dès lors, constater les effets d’un conditionnement fondé sur l’exclusion, la peur dans cette vie, et l’imagerie d’un au-delà perturbant et incertain. »
Arzh Bro Naoned. Pierres et eaux. Trédaniel.
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