« Samhain est l’une des quatre fêtes qui jalonnent l’année chez les celtes. (…) Dans le calendrier de Coligny, table de bronze datée du IIe siècle de l’ère chrétienne et qui est un témoignage archéologique de première importance pour la connaissance de la civilisation celtique, la fête apparaît sous le nom de Samonios.

Samhain ouvre la période sombre de l’année et annonce les nuits les plus longues. Alors les prés verdoyants brunissent et dans les bois chênes et hêtres perdent leurs feuilles. Avec Samhain commence le temps du gel et du feu de bois. C’est, dans une civilisation rurale, une date repère : les troupeaux abandonnent leurs pâturages d’été et sont conduits à l’étable; le foin destiné à les nourrir est entassé; les animaux destinés à la table sont tués.

En Irlande, Samhain était le jour où s’unissaient charnellement le dieu Dagda et Morigu la déesse du monde souterrain, initiatrice et porteuse de souveraineté. Cette fête de fécondité, destinée à revigorer la puissance royale, était célébrée dans l’ancienne Irlande, par un grand festin tenu tous les trois ans à tara, site d’intronisation des rois d’Irlande, au nord-ouest de Dublin, ceinturé de cinq grands enclos circulaires dont les constructions les plus anciennes datent du IVe millénaire avant l’ère chrétienne et les plus récentes de la fin de l’âge de fer (début du Ve siècle de l’ère chrétienne).

Sur Samhain plane l’ombre de Morrigann (son nom signifie la « Reine fantôme ») furie des champs de bataille, dont le pouvoir d’enchantement peut provoquer brumes, nuages noirs, averses de feu et de sang. Apparaissant souvent sous la forme d’un corbeau, elle est forte protectrice de son peuple, déesse de la terre et de la fertilité.

Samhain est le jour où le monde des vivants et celui des morts se rencontrent. »

(« Fêtes païennes des quatre saisons« , sous la direction de Pierre Vial. Les Editions de la Forêt.)

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