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« Grâce aux travaux des linguistes, on sait que les peuples européens anciens proviennent d’une même souche parlant une même langue indo-européenne archaïque, dont sont issues toutes les langues de l’Europe actuelle. Grâce à la mythologie comparée, sans parler de la théorie de la « trifonctionnalité » qui reste assez théorique, on sait qu’une même vision du monde était commune à tous ces peuples, qu’ils soient celtes ou hellènes, en attendant les Romains et les Germains.

Après la dispersion des peuples indo-européens ou « boréens » (simplification des légendaires Hyperboréens) antérieure au 3ème millénaire avant notre ère, on sait que ceux ci connurent des histoires et des évolutions différentes, influencées par les peuples autochtones rencontrés et par des conditions climatiques qui ont déterminé des modes d’existence distincts. Deux mille ans et plus sous le soleil sec de la mer d’Égée influencent nécessairement la vision de la vie et le style décoratif autrement que les forêts nimbées de brume de l’Europe continentale et septentrionale. De ces différences sont nées la culture grecque, la culture celte ou celle des Germains. En apparence, elles sont étrangères les unes aux autres alors que ce sont les manifestations contrastées d’une même tradition dont Homère nous a légué l’expression littéraire la plus achevée et la plus accessible.

(…) La mémoire hellène s’enracine dans les poèmes homériques, sur l’exemplarité des héros confrontés au destin. Orwell avait compris les enjeux modernes de l’histoire et de la mémoire. « Qui contrôle le passé contrôle l’avenir, écrivait-il dans son roman 1984. Et qui contrôle le présent contrôle le passé. » Ce que les Européens ont vécu depuis la seconde partie du XXe siècle illustre parfaitement ce propos. Passés de l’arrogance au masochisme, les Européens se sont appliqués à pourchasser leur ancien ethnocentrisme, ce qui était louable en soi. Mais à l’inverse ils n’ont cessé de flatter celui des autres races et des autres cultures. De grands efforts ont été faits pour briser le fil du temps et sa cohérence, pour interdire aux Européens de retrouver dans leurs ancêtres leur propre image, pour leur dérober leur passé et faire en sorte qu’il leur devienne étranger (…)

Les hommes ne se sont-ils pas toujours posé la question de ce qu’ils sont ?

Ils y ont toujours répondu en invoquant implicitement le lignage, la langue, la religion, la coutume, c’est-à-dire leur identité, leur tradition. Être d’un peuple est l’ancrage nécessaire de l’identité. Mais un groupe humain n’est un peuple que s’il partage les mêmes origines, s’il habite un lieu, s’il ordonne un espace, s’il lui donne des directions, une frontière entre l’intérieur et l’extérieur. Ce lieu, cet espace ne sont pas seulement géographiques, ils sont spirituels. Pourtant le site est d’ici et non d’ailleurs. C’est pourquoi la singularité d’un peuple s’affirme notamment dans sa manière de travailler le sol, le bois, la pierre, dans ce qu’il bâtit, dans ce qu’il crée, dans ce qu’il fait. Chaque peuple a une façon personnelle de se relier à l’espace et au temps. L’instant de l’Africain n’est ps celui de l’Asiatique, et la ponctualité ne s’entend pas de la même façon à Zurich ou à Ryad. »

Dominique Venner, Le Choc de l’Histoire. Editions Via Romana.

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Georges Dumézil est mort le 11 octobre 1986 à Paris.

Le concept des fonctions tripartites indo-européennes fut développé par Georges Dumézil par le biais de la mythologie comparée. Ses travaux montrent que les schémas mentaux de tous les peuples indo-Européens, qu’ils soient Grecs, Arméniens, Celtes, Indo-iraniens, Baltes, Germains, Slaves ou Latins, présentent un trait commun : l’organisation de la société selon trois fonctions primordiales. On retrouve cette structure essentiellement dans les mythes, mais également dans les structures narratives, et dans l’organisation sociale.

La première fonction, dite fonction sacerdotale, est liée au sacré.
Aussi nommée fonction souveraine, on la retrouve avec les druides celtes, la caste des brahmanes indiens, ou encore les flamines romains. Cette fonction correspond aux divinités liées à la magie d’une part, à la justice et au contrat d’autre part. Son symbole parmi les vivants est une tête d’homme, parmi les objets une coupe. Sa couleur est le blanc. Mal exercée, cette fonction tombe dans la folie.
Dans l’Inde védique : Mitra, Varuna.
Dans le Mahabaratha : le héros Yudhishthira
Dans la mythologie nordique : Odin et Týr
Dans la mythologie romaine : un des trois dieux de la triade précapitoline, Jupiter
Dans le culte des saints : le Sacré-Cœur

 La deuxième fonction, dite fonction guerrière, est liée à défense du peuple.
On peut la considérer comme regroupant ce que l’on appellerait la noblesse d’épée, représentée, par exemple, par les chevaliers médiévaux, les guerriers, les soldats. On retrouve cette fonction dans la seconde caste en Inde : les kshatriyas (aussi – râjanya). C’est au sein de cette fonction que l’on retrouve aussi le principe du Chef, du roi, du râja. D’ailleurs, découlant de cela, dans la Rome antique, pour être empereur, il faut avoir été sénateur, et pour cela être citoyen romain — ce qui ne signifie pas forcément être habitant de Rome, mais surtout jouir du statut d’homme libre de l’Empire romain, donc avoir le droit de vote. Pour être citoyen, il faut avoir été soldat, donc guerrier. Cette fonction correspond aux divinités liées à la force physique (Ares) d’une part, au commandement, à la victoire et à la sagesse d’autre part (Athena). Son symbole parmi les vivants est une tête de cheval, parmi les objets une arme. Sa couleur est le rouge. Mal exercée, cette fonction tombe dans la violence et la lâcheté.
Dans l’Inde védique : Indra
Dans le Mahabaratha : les héros Arjuna et Bhima
Dans la mythologie nordique : Thor
Dans la mythologie romaine, un des trois dieux de la triade précapitoline, Mars
Dans le culte des saints : Saint Michel Archange, Saint Georges

 La troisième fonction, dite fonction productrice, est liée à la fécondité.
Elle regroupe les agriculteurs, éleveurs, artisans, et les commerçants. Elle correspond à la troisième caste de l’Inde : les vaisya (aussi – ârya), et aux divinités liées à la paix, à la beauté physique, aux récoltes, aux troupeaux, à la prospérité, à la richesse et au grand nombre, à l’amour et la sensualité. Son symbole parmi les vivants est une tête de taureau, parmi les objets un outil agricole. Ses couleurs sont le noir, le bleu foncé et le vert. Mal exercée, cette fonction tombe dans la stérilité.
Dans l’Inde védique : les deux Ashvins
Dans le Mahabaratha : les héros Nakula et Sahadeva
Dans la mythologie nordique : Freyr, Freyja, Njord et les dieux Vanes
Dans la mythologie romaine, un des trois dieux de la triade précapitoline, Quirinus
Dans le culte des saints : Saint Fiacre, Saint Roch

(source : Wikipédia)

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Les Matrialia sont des fêtes consacrées à Mater Matuta, la divinité du matin et de l’Aurore le 11 juin à Rome. À l’aurore, les matrones, citoyennes romaines, font entrer une esclave dans l’enceinte du temple, elles la fouettent avec des verges puis la chassent. Lors de la cérémonie, ce sont leurs neveux et leurs nièces qu’elles portent dans les bras et honorent, et non leurs propres enfants.

Interprétation: un rite cosmogonique

Georges Dumézil, spécialiste de la religion indo-européenne, a expliqué cette cérémonie en la mettant en parallèle avec la légende (issue d’un même héritage indo-européen) d’Usas et Usasah des Indiens védiques dans le Rig Veda. Usas et sa sœur Usasah sont les déesses de l’Aurore. Usas chasse les ténèbres après les avoir d’abord attiré : ce qui explique le rite de l’accueil puis d’éviction de l’esclave (représentant les ténèbres) par les matrones. Dumézil propose également une autre interprétation de type cosmogonique : l’aurore, le « bon matin », est bénéfique car elle chasse les ténèbres mais maléfique si elle s’éternise, il faut qu’elle disparaisse, il faut la chasser pour qu’elle fasse place au jour. Le rituel d’éviction est identique à celui de décembre où, symboliquement, on aide le soleil à se relever. Dumézil met en parallèle les Matrialia féminines du 11 juin avec les Agonalia solaires et masculines du 11 décembre, et celles du printemps où l’on chasse l’hiver.

Les dames romaines portent leurs neveux (ou nièces) dans leurs bras, comme l’Aurore porte le soleil. « De la même façon, chez les Indiens védiques, l’Aurore prend bien soin du soleil, fils de sa propre sœur, la Nuit ». « Mater Matuta a été une déesse Aurore, moins poétique mais aussi personnelle que l’Aurore des Indiens védiques. »

Il est probable, souligne encore Dumézil, qu’à l’époque classique, le sens profond du rite ait été oublié – d’où son rattachement mythologique et tardif avec la déesse grecque Ino, aussi appelée Leucothée, la « blanche déesse ».

(Wikipédia)

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et pour bien enfoncer le clou : –

Dans un livre superbement illustré qu’il vient de consacrer aux Celtes, Venceslas Kruta évoque, parmi beaucoup d’autres sujets, l’épopée irlandaise d’autrefois . Il est frappant que celle-ci décrive un idéal héroïque analogue à celui des poèmes homériques. L’acteur principal de ces récits dont la tradition orale a été transcrite au Moyen Âge est Cuchulainn, héros du royaume d’Ulster. Tout jeune, il entend dire selon les présages druidiques : « Le petit garçon qui prendra aujourd’hui les armes sera brillant et célébré, mais aura la vie courte. » Aussitôt, il abandonne ses jeux et va demander au roi de recevoir ses armes. Les ayant obtenues, il retrouve le druide auteur de la prédiction. Celui-ci tente de le dissuader, suggérant avec effroi le sort qui lui serait réservé. Mais Cuchulainn n’éprouve nulle crainte : « Ne serais-je au monde qu’un jour et qu’une nuit, peu m’importe, pourvu que restent après moi mon histoire et le récit de mes hauts faits. »

On songe naturellement au personnage d’Achille dans l’Iliade. Par avance, lui aussi connaît son sort et l’a choisi. Tout jeune, comme Cuchulainn, le choix lui a été offert entre une vie longue et paisible loin des combats, et une vie intense, glorieuse et brève, coupée net dans l’éclat de la bataille. Et c’est celle-ci qu’il a voulue, léguant aux hommes de l’avenir un modèle de grandeur tragique. Comment expliquer une telle identité aux deux extrémités du monde européen ancien, sinon par une parenté fondamentale ? Le culte du héros sacrifié à sa propre gloire ne se rencontre dans aucune tradition littéraire d’autres grandes cultures, alors que, de façon tardive et appauvrie, il sera encore chanté dans La Chanson de Roland.

L’identité spirituelle que révèlent les épopées européennes anciennes est confirmée par l’archéologie. L’âge du bronze européen, que l’on voit se former entre le IVe et le IIe millénaire avant notre ère, présente une grande unité formelle. Les mêmes épées, les mêmes boucliers et les mêmes cuirasses d’un style pur et d’une finesse admirable sont présents dans les sépultures mycéniennes de la Grèce archaïque et dans les tombes du Danemark, des Grisons ou de Champagne. Il en est de même pour bien d’autres objets significatifs. Et l’on sait, grâce aux travaux des linguistes, que les peuples européens anciens proviennent d’une même souche parlant une même langue indo-européenne archaïque, dont sont issues toutes les langues de l’Europe actuelle. On sait encore, grâce cette fois aux travaux de la mythologie comparée, qu’une même vision du monde était commune à tous ces peuples, qu’ils soient celtes ou hellènes, en attendant les Romains et les Germains .

Ce n’est qu’après la dispersion des peuples indo-européens que l’on pourrait aussi appeler boréens, pour distinguer la langue et les locuteurs, que ceux-ci connaîtront des évolutions différentes, influencées par leur contact avec des peuples autochtones et par des conditions climatiques qui ont déterminé des modes d’existence distincts. Deux mille ans et plus sous le soleil sec de la mer Égée ont nécessairement façonné le mode de vie, l’idée que l’on se fait des choses et le style décoratif autrement que les forêts nimbées de brume de l’Europe continentale et septentrionale. De ces différences sont nées la culture grecque et la culture celte . En apparence, elles sont étrangères l’une à l’autre, alors que ce sont deux manifestations contrastées d’une même tradition dont Homère nous a légué l’expression littéraire la plus achevée et la plus accessible.

Dominique VENNER : éditorial de la NRH n°21

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Alors que la racine chrétienne semble être de plus en plus tendance : revendiquée tout à la fois par le mari de la chanteuse (pas bien pourtant le divorce …), le Front National (ou ce qu’il en reste), Alain Soral (gazaoui déçu, rival évincé de Marine), Christian Bouchet (compère du précédent), Carl Lang (sécessionniste groupusculaire du Front), la Nouvelle Droite Populaire de Robert Spieler et sa soeur hérétique, elle aussi sécessionniste, Nouvelle Droite Républicaine de Jean François Touzé .. tous mouillent pour les racines chrétiennes de la France ou de l’Europe… et j’en oublie sans doute.

Dans le dernier numéro de Terre et Peuple nous vient un autre air, pur, tout droit d’en haut des cimes sous la plume de Jean Patrick Arteault qui insiste sur la nécessité de faire le choix de l’Europe contre l’Occident et détaille les grands thèmes d’un socle sur lequel pourrait s’édifier une démarche globale de libération de l’Europe.

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Premier d’entre eux : « le choix du recours aux valeurs de la tradition indo-européenne ou boréenne selon la belle appellation de Dominique Venner et le refus symétrique des valeurs bibliques qui en sont, point par point, l’opposé. Ce qui implique bel et bien, il faut oser le dire, la rupture avec le christianisme sous toutes ses formes. Celui ci, héritier direct du judaïsme, est inconcevable sans lui, même s’il l’a trahi d’une certaine manière, et a pu sembler s’opposer à lui à certaines périodes de l’histoire. Mais il ne s’agissait, pourrait-on dire, que d’un défaut de jeunesse : pour s’imposer à l’Europe, le christianisme a du composer (inconsciemment ou consciemment, peu importe) avec la tradition indo-européenne au point de donner l’illusion de lui être lié. Aujourd’hui, les choses sont plus claires: le protestantisme dès le XVIe siècle, a renoué avec les origines juives du christianisme; le catholicisme romain a suivi au XXe siècle (…). Sur le fond, bien des analystes d’horizons différents ont souligné la parenté matricielle entre le christianisme et l’Occident. L’Occident, c’est le christianisme laïcisé. Il appartient maintenant aux européens chrétiens qui se veulent identitaires, de faire leur examen de conscience et leur choix : on ne peut à la fois assumer un état et son contraire sans mentir à l’un ou à l’autre comme à soi même ».

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incarnation de lointains ancêtres,

et mémoire oubliée de peuples antiques …

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« Je suis un « homme du renne » mais je chasse aussi les bisons et les aurochs dont nous suivons les troupeaux avec mon clan au fil de leurs déplacements saisonniers ou que nous attendons sur les gués par où passent leurs routes de migration. Je vénère un dieu père auquel, par assimilation, je fais porter des ramures de rennes. Je vis dans l’entrée des grottes que j’aménage pour me protéger du vent et des grands froids ou dans des campements précaires au cours de l’été. J’aime les parures, animales ou végétales, plumes et ossements, pendeloques de coquillages et de dents d’animaux, et je porte déja des tatouages compliqués. En dehors de la chasse et de la pêche, je fabrique des vêtements , des récipients ,des armes et des outils, je travaille les peaux et les fourrures et me livre à des rites religieux.
Je suis maintenant un chamane et je guéris les malades, je provoque les changements de temps désirés, je prédis l’avenir et je converse avec les esprits et les animaux-esprits. Je descends au fond des grottes dans les boyaux les plus reculés pour y pratiquer les rites magiques de chasse,et je peins et je grave sur les parois les animaux à chasser et des figures frustres ou au contraire, très réalistes. Je sculpte aussi des figures féminines, des Vénus aux formes accentuées, à l’image de la Terre généreuse que nous allons apprendre à cultiver, de la déesse fertile que je vénère. »

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Le renne est emblématique de l’époque magdalénienne: il fournit la viande pour la nourriture, les peaux pour les vêtements et les tentes, la graisse pour les lampes, les ramures et les os pour les armes et les outils, les nerfs pour le fil à coudre et les lanières. On lit souvent que les tribus sont nomades et suivent les troupeaux de rennes dans leurs migrations … je ne sais pas trop, en fait, ce qu’on entend réellement par « nomades », mais en tout état de cause, il est bien évident que ces tribus ne passent pas leur temps sur les chemins… Ce n’est, en effet, pas leur faire trop d’honneur que de penser qu’ ils se sont aperçus que les animaux empruntent toujours le même itinéraire, se rendant compte, par la même occasion qu’il est bien plus intelligent de les attendre à des endroits de ralentissement, au passage des gués par exemple, où les hommes peuvent tuer un grand nombre de bêtes pour faire des réserves. Ces « rencontres » ont assurément lieu deux fois par an, au départ et au retour, en automne et au printemps. Dans l’attente des rennes, les chasseurs édifient un campement dans lequel ils poursuivent leus activités : taille des silex surtout qui doivent servir à la chasse et au traitement des bêtes tuées. Un camp de ce type a été découvert à Pincevent, vers le confluent de l’Yonne et du Loing. On comprend que ce type de chasse a modifié les conditions de vie des hommes : comme ils n’ont plus à suivre les troupeaux, ils passent l’hiver des périodes de glaciation à l’abri dans l’ entrée des grottes qu’ils aménagent pour les rendre plus confortables -mais on a retrouvé aussi des huttes à l’intérieur des grottes- et la belle saison, et de plus en plus, dans des campements plus ou moins précaires en extérieur, sur les terrasses des fleuves, près des rivières et des sources ou au bord de la mer. On chasse aussi d’autres gibiers de grande ou de petite taille et l’été, on pêche dans des cours d’eau libérés des glaces.
Les grottes profondes ne sont pas propices à une installation humaine pour un certain nombre de raisons : l’humidité et l’inconfort du aux grands froids, l’absence de lumière naturelle, la présence d’ours et autres carnivores des cavernes dangereux . Avec les glaciations l’habitat y devient pourtant courant mais c’est vers les entrées que les hommes s’installent et dans les abris sous roches qu’ils décorent également de gravures, peintures et sculptures, tout comme le fonds des boyaux obscurs et profonds… En face de ces dessins et gravures, l’explication développée par le professeur Jean Clottes avec l’archéologue sud-africain David Lewis-Williams est celle du chamanisme. Pour eux, aller dans les ténèbres, c’était entrer dans un autre monde, celui de l’au-delà, des esprits… De rares personnes, en particulier les chamanes, se rendaient au fond des grottes de manière exceptionnelle. Cela avait pour but de guérir des malades ou de rétablir une harmonie rompue… En réalisant leurs dessins, ils communiquaient avec les esprits de l’autre côté de la paroi, ils donnaient matière à leurs visions… Pour eux, l’image était chargée de pouvoir, comme elle l’est d’ailleurs dans toutes les sociétés traditionnelles.Cette hypothèse du chamanisme a été controversée. Dans la nouvelle édition du livre « Les Chamanes de la préhistoire » (La Maison des roches et Points Histoire), le professeur Jean Clottes réfute une par une les critiques scientifiques d’une manière bien convaincante…
On n’est pas vraiment sur que les figurines sculptées dites « Vénus » soient des représentations d’une Déesse-Mère … selon Marija Gimbutas (« Le langage de la déesse », édition des Femmes) qui se basait sur les recherches et campagnes archéologiques qu’elle a mené dans l' »ancienne Europe » pré-indo-européenne, principalement dans les Balkans et le long du cours du Danube, un culte de la Déesse se serait universellement répandu dans toute la préhistoire, la femme incarnant la reproduction de l’espèce et son espoir de pérennité dans une dimension qui n’était pas linéaire comme elle le devint avec le patriarcat mais circulaire et cyclique où prend naissance le mythe de « l’éternel retour » . J’avoue bien volontiers mon attirance pour cette théorie, malgré les excès d’interprétation qu’ont pu en faire des féministes radicales … il est pourtant honnête de souligner que d’autres théories ont cours, celle de représentations érotiques notamment (bon d’accord, c’est très prosaïque, plus traces de spiritualité ou de préoccupations métaphysiques, seulement des graffitis érotiques sur les murs …) ou celle, lapidaire, de Pierre Lance : »confronté aux rudesses de l’existence, l’homme éprouve périodiquement la nostalgie du ventre maternel. Une fois enfoncée cette porte ouverte, on ne voit pas ce qu’elle nous apprend de décisif sur le destin des peuples, hormis l’évidence que plus ce culte sera important dans une communauté et plus on pourra soupçonner qu’elle manque d’audace et de virilité » (in « Alésia. Un choc de civilisations »)
Par ailleurs, cette histoire de « gué » est, elle aussi, intéressante et j’essaierai d’en parler la prochaine fois …

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incarnation de lointains ancêtres,

et mémoire oubliée de peuples antiques …

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Paléolithique (et même avant) . Je suis un « homme du renne » mais je chasse aussi les bisons et les aurochs dont nous suivons les troupeaux avec mon clan au fil de leurs déplacements saisonniers ou que nous attendons sur les gués par où passent leurs routes de migration. Je vénère un dieu père auquel, par assimilation, je fais porter des ramures de rennes. Je vis dans l’entrée des grottes que j’aménage pour me protéger du vent et des grands froids ou dans des campements précaires au cours de l’été. J’aime les parures, animales ou végétales, plumes et ossements, pendeloques de coquillages et de dents d’animaux, et je porte déja des tatouages compliqués. En dehors de la chasse et de la pêche, je fabrique des vêtements , des récipients ,des armes et des outils, je travaille les peaux et les fourrures et me livre à des rites religieux.
Je suis maintenant un chamane et je guéris les malades, je provoque les changements de temps désirés, je prédis l’avenir et je converse avec les esprits et les animaux-esprits. Je descends au fond des grottes dans les boyaux les plus reculés pour y pratiquer les rites magiques de chasse,et je peins et je grave sur les parois les animaux à chasser et des figures frustres ou au contraire, très réalistes. Je sculpte aussi des figures féminines, des Vénus aux formes accentuées, à l’image de la Terre généreuse que nous allons apprendre à cultiver, de la déesse fertile que je vénère.

Néolithique. Je suis agriculteur et je tire ma subsistance de la terre que nous cultivons de manière collective et qui est une mère providentielle et divine. Et par analogie . je révère la grande déesse-Mère . Le culte des morts et des ancêtres tient une grande place dans ma vie quotidienne et religieuse puisqu’ils sont encore présents parmi nous et qu’ils sont dépositaires d’une force bien supérieure à la notre. Les menhirs, dolmens et tumuli sont liés à ce culte : sépultures, sites religieux et funéraires. Je respecte un calendrier de fêtes saisonnières liées au cycle de la végétation et les mythes qui intègrent la mort, puis la renaissance d’une divinité, assimilée au Soleil. Petit à petit, je vais aussi vouer un culte au Ciel protecteur en l’associant à celui de la Terre mère.

Je suis maintenant un chamane, sorcier prêtre de la tribu qui sert d’intermédiaire entre les hommes et les âmes des ancêtres pour s’assurer de leur protection. J’ai été « choisi » pour mes dons naturels avant de recevoir une solide formation initiatique souvent pénible et épuisante.

Antiquité. Je suis Gaulois. Picton, peut être (probable ?) cousin des Pictes d’Ecosse. Picton signifie « les hommes peints » mais aussi « les furieux »…La défaite d’Alésia et la reddition de Vercingetorix viennent de sonner le glas de la Gaule indépendante et des druides qui seront bientôt frappés d’interdit. Les Romains annexent mes dieux et mes déesses pour les assimiler aux leurs mais derrière ces nouveaux noms je continue, surtout si j’habite la campagne , à honorer nos vieilles divinités. Comment pourrait-il en être autrement puisque ces divinités sont intimement et fortement liées au sol sur lequel je vis, à ses forêts, à ses rivières, à ses collines, au vent qui y souffle, à ses mers qui y grondent … et à mes Ancêtres qui ont foulé ce même sol qui est fait de leur chair. …Certains d’entre eux étaient déja même vénérés à l’âge du Renne.
Je suis maintenant un druide, trait d’union entre les dieux et les hommes. J’allie, aux attributions de ceux qui étaient avant moi -les chamanes- (dont j’ai hérité du Savoir et de la Pratique) celles de philosophe, d’enseignant, d’astronome, de juge, de médecin, d’historien et de bien d’autres encore mais l’essentiel de ces connaissances va disparaitre parce que je me suis toujours refusé à les consigner par écrit pour préserver leurs possibilités d’évolution… Certaines se transmettront par l’oral ou par le geste, les autres devront être redécouvertes ou reconstruites sur le même modèle cohérent par l’étude, la recherche, l’intuition…

Aujourd’hui. Je suis … moi. J’ai traversé ces divers âges qui m’ont fait ce que je suis et j’ai évolué. Le sol, lui, n’a pas changé, il est toujours fait de la chair de mes ancêtres et ce sont toujours les mêmes divinités que j’honore. Beaucoup s’est perdu des vieilles traditions mais il ne s’agit pas de revenir au point zéro, de remonter 2000 ans en arrière, rayer 2000 ans d’obscurantisme monothéiste, pour se retrouver à un hypothétique âge d’or auquel je ne crois guère mais de récolter un maximum d’informations dans tous les domaines qui peuvent nous aider à mieux connaitre et comprendre la vie quotidienne de nos ancêtres . Il s’agit d’aller à la recherche des Dieux et des Déesses dans le sol que nous foulons et dans notre imaginaire, à travers les lieux, les récits historiques, les légendes, les coûtumes et les fêtes toujours vivantes, les découvertes archéologiques…
Je suis apprenti- druide, ou apprenti-chamane ou même plutôt simplement apprenti-sorcier. Je n’ai pas grand chose à voir avec celui qui, dans l’Antiquité, se déplaçait avec sa Cour , et parlait avant le Roi en revanche je chéris l’image de celui qui, dans les villages, était tout à la fois prêtre, guérisseur, confident, avec bien d’autres attributions encore, un druide au ras des pâquerettes si j’ose dire…
En parallèle à ce travail de reconstruction, j’essaie de mettre en conformité ma vie avec la triade transmise par Diogène Laërce: « honore les dieux, sois brave, ne fais rien de bas », afin qu’on puisse dire de moi et des miens, comme Camille Jullian le disait des Gaulois : « dans la vie comme à la bataille, ils allaient droit leur chemin, à ciel ouvert, le visage nu et le front haut ».

J’aime bien cette définition :

« Spiritualité non révélée, immanente, et marquée par une forte sacralité, la religion des Indo-Européens est païenne (paganus, paysan) en ce sens qu’elle est particulière à un terroir donné, donc non universelle, et reflet de la diversité des peuples ».

(Bernard Marillier: « B.A.BA Indo-Européens » (Pardès)

« Les avatars de la réincarnation », de Laurent Guyénot, aux éditions Exergue, est un excellent bouquin, d’une grande intelligence, dont voici la conclusion

La notion de transmigration a subi, entre les traditions chamaniques encore observables en Afrique et en Australie, et le réincarnationnisme occidental moderne, une transformation radicale correspondant au passage d’une religion de la Terre à une religion du Ciel.
Dans la première, la mort est une descente dans un monde souterrain. la substance vitale des morts, associée au sang et donc au clan, fertilise la Terre Mère, qui la recycle, tout comme elle fait périodiquement renaître la nature. Dans la seconde conception, la mort est une ascension dans le Ciel. Pour une éternité ponctuée de descentes cycliques dans la matière, indépendamment de tout lien généalogique. Entre les deux il existe une conception intermédiaire, celle de l’Hindouisme et de l’Hellénisme classiques : seuls les morts incapables de s’élever au Ciel sont maintenus dans l’attraction terrestre, où ils renaissent, pour leur malheur.
Vue sous cet angle, l’histoire mondiale de la transmigration apparait comme marquée par un bouleversement culturel fondamental, assez facilement repérable dans le temps et dans l’espace : la montée de l’individualisme, c’est à dire d’une définition de la personne humaine comme unité psychologiquement autonome, contenue dans des frontières étanches et stables. Avant cela l’individu était essentiellement conçu comme un point de convergence dans un réseau d’énergies psychiques relié verticalement aux Ancêtres et horizontalement à la communauté.Il n’était qu’une manifestation particulière d’un psychisme collectif, multiple et fluctuent.
Au XIX e l’individualisme a atteint en Occident un point d’exacerbation extrême. Cet individualisme forcené est indissociable de l’idéologie économiste et consumériste qui infantilise les adultes par des fantasmes de toute puissance normalement propres à l’adolescence, et qui favorise l’éclatement des systèmes familiaux en individus déracinés. L’individu moderne, dont l’orgueil est constamment flatté par le matraquage commercial, voudrait s’être fait tout seul. Il a perdu le sens de sa redevance aux ancêtres, qui était l’attitude sociale et religieuse fondamentale de toutes les anciennes sociétés.
La valeur à laquelle s’oppose fondamentalement l’individualisme, ce n’est pas la famille mais le clan, compris comme une communauté humaine constituée de vivants et de morts et structurée par le principe de filiation, ou de lignée. Selon cette ancienne idéologie holiste, l’individu n’ est qu’un individu du tissu social relié horizontalement au clan et verticalement à ses ancêtres, et son éternité individuelle importe moins que sa participation à la continuité des générations.
Telles étaient les anciennes sociétés indo-européennes. Selon Régis Boyer, l’essence de leur religion tenait au culte des ancêtres. Le lignage ancestral constituait l’axe autour duquel s’organisait la vie sociale. Cette idéologie communautaire du sang, précise Boyer, n’était pas refermée sur le biologique; elle prenait en compte « la notion de pacte, de contrat passé entre puissances adverses et donc celle, corollaire, du serment qui scelle ce contrat » de sorte que des liens de sang pouvaient être créés, non seulement par le mariage, mais par des « pactes de sang ».
L’individualisme exacerbé qui prévaut maintenant chez nous est en fait le fils naturel du christianisme.
En effet, dès sa naissance -dans les paroles mêmes de Jésus- la christianisme s’en est pris à l’idéologie du sang. Dans son système de pensée, l’âme est issue directement de Dieu et ne doit rien aux parents ou à leurs ancêtres. En même temps, de manière quelque peu contradictoire, l’âme est réputée entachée du péché originel, qui, lui, est transmis par la lignée issue du premier ancêtre, l’Adam déchu. Le salut consiste donc à s’extraire de cette lignée déchue pour renaître par le sang du Christ, devenir sa chair, se greffer sur sa nouvelle humanité. De sorte que le christianisme est doublement anti-lignage, puisque non seulement la filiation ne transmet rien de divin, mais qu’en plus elle transmet l’essence du diabolique.
De fait, partout où il a missionné, le christianisme a diabolisé le culte des Ancêtres et éradiqué le profond sentiment de solidarité qui liait les vivants aux morts.
Paradoxalement, l’idéologie révolutionnaire, puis républicaine et laïque, qui s’est forgée en France contre le christianisme, en a conservé et même exacerbé l’hostilité à toute valorisation spirituelle du lignage, réputé source des inégalités sociales. Aujourd’hui, l’idée que l’individu hérite du bagage spirituel, positif ou négatif, de ses ancêtres, heurte de front l’idéologie démocratique qui a pratiquement fait de l’égalité des chances un postulat métaphysique.
Mais que valent ces idéologies universalistes qui prétendent relier l’ individu à l’humanité entière tout en sapant son milieu social naturel, la famille élargie ? Que valent, surtout, une idéologie qui, sous prétexte que « tous les hommes naissent égaux », cultive l’oubli et le mépris de cette valeur ancestrale ajoutée qui fonde la richesse de chacun ?
On peut se demander pourquoi l’évolutionnisme des zoologues, biologistes et anthropologues n’a pas trouvé dans les milieux spiritualistes des XIXe et XXe un écho sous la forme d’une théorie qui lierait le développement spirituel de l’humanité à l’enrichissement ou au raffinement, au fil des générations, d’une âme ancestrale. La seule cohésion possible entre évolutionnisme et spiritualisme consisterait en effet à admettre qu’une évolution spirituelle s’accomplit par la filiation (avec tout ce qu’elle comporte de transmission affective et culturelle) que le lien générationnel est porteur d’un karma collectif qui s’enrichit de génération en génération (avec parfois des sauts d’une génération et d’autres caprices imprévisibles). L’arbre généalogique esdt d’ailleurs le parfait symbole de cette idée. Pourquoi donc une conception réincarnationniste du progrès spirituel s’est-elle imposée plutôt qu’une conception « générationniste », ou « filiationniste » qui aurait été à la fois plus cohérente avec le paradigme évolutionniste, et plus en phase avec l’héritage indo-européen ?
A vrai dire, il existait au tournant du XIXe un courant de pensée à la fois évolutionniste et spiritualiste qui envisageait le plus naturellement du monde, que l’évolution (ou la dégénérescence) spirituelle de l’être humain s’accomplit principalement au sein de la lignée. Ces penseurs se rangeaient parmi les « vitalistes » qui refusaient d’attribuer l’évolution des espèces au seul hasard et à la sélection naturelle, y voyant plutôt l’ouvrage d’un principe vital immanent. Certains vitalistes étaient de surcroit finalistes, c’est à dire qu’ils pensaient que l’évolution avait un but ultime préétabli.

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