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« La sagesse des druides sut rendre nos ancêtres insouciants, libres et joyeux. Le bien et le mal, selon les normes humaines, étant des concepts étrangers à la nature, les Celtes ignoraient toute notion de péché, de karma, de punition ou de récompense à recevoir dans l’Autre Monde. Malgré l’absence de ces freins théologiques, ils se conduisaient d’une manière qui suscitait l’admiration de leurs contemporains. Leurs défauts caractéristiques, vantardise, indiscipline, intempérance, semblaient véniels en comparaison de leurs incontestables qualités morales : honnêteté, loyauté, sens de l’honneur.

Les Celtes se savaient des dieux, des centrales d’énergie en relation étroite, amicale ou hostile, avec les autres forces de l’Univers. Cette connaissance réglait leur conduite. Chaque être, dieu, homme ou démon ayant une fonction particulière à remplir dans la Création, doit résister et lutter contre tout ce qui pousse à l’uniformité, au nivellement ; l’égalité n’existe pas dans la nature. L’individu a pour mission de mener à bien son propre épanouissement, sans avoir à refouler ses aspirations profondes, car la multiplicité et la différenciation sont indispensables à la bonne marche du monde.

La tradition celtique s’oppose aux dogmes qui condamnent et invoquent contre les éternels rebelles à toute dictature, vengeance, châtiment, damnation. Elle contredit les doctrines pernicieuses qui osent proclamer : bienheureux les imbéciles, les malades, les crasseux, les paumés, les ignares ! Anathème sur la beauté, la richesse et la supériorité intellectuelle ! »

Raimonde Reznikov. Les celtes et le Druidisme. Dangles.

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« Les druides ont du jouer un rôle prépondérant dans l’expression gauloise du politique. L’association constante chez eux des questions philosophiques, morales et religieuses avait produit une conception des règles de la vie en société qui se rapprochait, par bien des aspects, de ce que les Grecs ont inventé, l’art de gouverner. C’est certainement à leur influence qu’il faut attribuer les réticences des Gaulois à toute forme de monarchie et de tyrannie. Ces dernières n’ont pu être jugulées que par la mise en place de contre-pouvoirs, de nature aristocratique certes, mais suffisamment diversifiés pour assurer la défense de tous les citoyens, ceux de la plèbe notamment. César, reprenant Poseidonios, écrit à propos des partis : « il y a là une institution très ancienne qui semble avoir pour but d’assurer à tout homme de la plèbe une protection contre plus puissants que lui : car le chef de faction défend ses gens contre les entreprises de violence ou de ruse et, s’il lui arrive d’agir autrement il perd tout crédit. » Si l’on en croit ces deux auteurs qui, sur ces points, méritent toute notre confiance, un tel système suppose que tout citoyen, même le plus humble, devait appartenir à une faction. Plus ou moins directement, chacun devait participer à la vie politique. Cela nous éloigne considérablement de l’image caricaturale des Gaulois, barbares toujours prêts à suivre le dernier à avoir parlé. »

Jean-Louis Brunaux. Les Gaulois. Guide Belles Lettres.

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« Nous apprenons par Tacite que les Druides continuaient à jouer un rôle actif d’agitateurs en Bretagne à l’époque de l’insurrection de la reine Boudicca dans les années 60-61 après JC, sous le règne de Néron, lorsque le gouverneur romain Paulinus attaqua la forteresse sacrée des Druides sur l’île d’Anglesey. L’influence des druides bretons, souvent considérée être le foyer du nationalisme celtique, est fréquemment citée comme l’un des facteurs majeurs ayant décidé la gouvernement romain à conquérir la Bretagne. En 69 après JC, l’ « année des quatre empereurs « , alors que Rome était, à la mort de Néron, en proie à de graves conflits politiques pour assurer la succession impériale, les druides entreprirent opportunément d’inciter les tribus gauloises à une insurrection générale. »

Miranda Green, Les Druides. Editions Errance

Il est également plus que probable que quand Jules César en Gaule, multiplia les exactions (cf la décapitation du Sénon Acco « chef de la conjuration des Sénons et des Carnutes »), les druides réagirent. Et c’est sans aucun doute leur Assemblée qui tira de l’ombre Vercingétorix. Proclamé roi des Arvernes, il réunira en quelques mois toutes les forces politiques et militaires des tribus celtiques.

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(source : Gwenchlan Le Scouezec : La médecine en Gaule)

L’art de guérir

par l’emploi de substances médicamenteuses, les interventions chirurgicales, les cures thermales et la thérapeutique magique.

Thérapeutique et pharmacologie (quelques exemples)

La centaurée est citée sur une tablette d’argent découverte à Poitiers portant un texte qu’on peut traduire par « deux fois tu prendras de la centaurée; et deux fois tu prendras de la centaurée. Que la centaurée te donne la force, c’est-à dire la vie, la force, c’est à dire la (force) paternelle. Viens moi en aide, art magique, en suivant Justine, qu’a enfantée Sarra ». Il semble que ce soit une formule de magie médicale, utilisant à la fois l’activité pharmacologique de la centaurée et la puissance de l’incantation (voir : http://lamainrouge.wordpress.com/2008/01/12/viens-moi-en-aide-art-magique/ )

Pline nous dit « les druides ont donné le nom de samolus à une plante qui croit dans les lieux humides. Celle ci doit être cueillie de la main gauche, à jeun, pour préserver de la maladie les bœufs et les porcs. Celui qui la cueille ne doit pas la regarder, ni la mettre ailleurs que dans l’auge, où on la broie pour que ces animaux puissent l’avaler ».

Du même : « à la sabine ressemble la plante appelée selago. On la cueille sans l’entremise du fer, avec la main droite passée à cet effet par l’ouverture gauche de la tunique, comme si on voulait faire un larcin; il faut être couvert d’un vêtement blanc, avoir les pieds nus et bien lavés, et avoir préalablement sacrifié avec du pain et du vin. On l’emporte dans une serviette neuve ».

Comme les Romains, les Gaulois considéraient la verbena comme une herbe sacrée. Selon Pline, ils l’employaient « pour tirer les sorts et prédire l’avenir » . Et puis : « ils (mais on ne sait pas s’il parle des « magiciens » en général ou des « druides ») disent que si l’on s’en frotte, on obtient ce qu’on veut, on chasse les fièvres, on se concilie les amitiés, on guérit toute maladie; qu’il faut la cueillir vers le lever du Chien, de manière à n’être vu ni de la lune, ni du soleil, et après avoir donné à la terre en expiation des rayons de miel; qu’il faut la circonscrire avec le fer, l’arracher de la main gauche et l’élever en l’air … ».

L’ouvrage de Marcellus de Bordeaux nous fait connaître un très grand nombre de médications où sont mêlés des ingrédients fort différents : simples, mais aussi éléments minéraux et produits d’origine animale, ainsi que de collyres mais sans qu’il soit possible de différencier médicaments étrangers et remèdes gaulois.

Ces données diverses nous permettent de conclure que l’art de prescrire était fort développé en Gaule et qu’un nombre assez considérable de médicaments étaient à la disposition des praticiens, généralistes ou spécialistes. Il est impossible dans l’état actuel de nos connaissances de déterminer quelle part les Grecs ont prise dans l’élaboration de cette science et ce que les Gaulois et les pré-indo-européens en possédaient avant la venue des Hellènes. Mais ce qui nous paraît incontestable, c’est, dans la suite des temps, le goût particulier des Celtes pour les préparations compliquées, utilisées à des fins magiques ou médicales.

Thérapeutique chirurgicales

La chirurgie d’une façon générale s’est pratiquée fort anciennement, et dès la prégistoire nous avons la preuve de son existence en Gaule.

Instruments de chirurgie

Au Ier siècle de notre ère, Celse, dans son Traité de médecine, cite trente instruments différents parmi lesquels le scalpel et le trépan, la tarière, le forceps, les sondes, les canules, les cautères, la petite scie, l’aiguille à ponction d’ascite, les curettes, les crochets. Il n’y a aucune raison de penser que l’un quelconque d’entre eux n’était pas en usage en Gaule.

Les trousses d’oculistes nous ont également apporté un certain nombre d’instruments gaulois.

La trépanation

Parmi les opérations pratiquées anciennement, l’ouverture de la boite crânienne à l’aide d’un trépan est l’une des plus archaïques et des plus répandues dans le monde dès les âges préhistoriques et dans les tribus primitives.

Pourtant, si la pratique de la trépanation est attestée en Gaule à l’époque celtique, elle ne semble toutefois pas avoir joui de la vogue qu’elle avait connue chez les bâtisseurs de mégalithes. Il est vraisemblable que les idées, en relation avec la magie et la religion, qui avaient présidé au développement du procédé à l’époque néolithique n’avaient pas trouvé d’écho chez les Celtes. En outre, avec le temps et les modifications survenues dans le comportement social -tel par exemple le remplacement de l’inhumation part l’incinération du deuxième âge du bronze- ces conceptions avaient dû perdre de leur vigueur primitive et n’étaient sans doute plus assez vivaces pour s’imposer aux nouveaux venus.

Cataracte et opérations ophtalmologiques

Il semble que ces opérations aient été assez largement répandues dès avant l’ère chrétienne.

Autres interventions

Il y a tout lieu de croire que les Gaulois procédaient à des exérèses de tumeurs, à des incisions de collections purulentes, à des amputations de membres gravement blessés ou gangrenés, et au traitement des luxations, à la réduction et à la contention des fractures.

L’hémostase

La cautérisation était largement pratiquée dans l’ Antiquité et l’on a trouvé des cautères en Gaule. Il faut aussi mentionner l’usage en Irlande de bourrer les plaies avec des herbes médicinales : à l’action propre des plantes, s’ajoutait un effet de compression qui facilitait l’hémostase. Pour qui connait le goût des Druides de Gaule pour les simples, il paraît vraisemblable qu’ils aient suivi une méthode analogue.

L’anesthésie

Les gaulois ne pouvaient manquer de remarquer le pouvoir hypnotique et analgésiant de l’alcool, l’un des anesthésiques les plus anciennement employés.

D’autres moyens ont pu être utilisés tels que l’intoxication par les solanées (jusquiame, morelle, mandragore…)

L’antisepsie

On n’ignorait pas l’efficacité de la cautérisation pour éviter l’infection des plaies. On peut imaginer aussi que divers petits moyens empiriques étaient mis en œuvre dans ce domaine.

La prothèse

De cet art il ne subsiste pas de trace chez les Gaulois mais des mentions en apparaissent chez les Gallois, lkes Irlandais et les Bretons (le bras de Nuada lors de la bataille de Mag Tured)

Hydrothérapie

Les découvertes de l’archéologie ont confirmé l’existence de stations balnéaires dans les Pyrénées, mentionnées par Pline, et montré le développement considérable du culte des eaux et de l’hydrothérapie en Gaule.

L’ancien usage celtique d’adorer la divinité en plein air, auprès des sources, des arbres, des pierres s’était perpétué à l’époque romaine et le culte des sources était répandu dans toute la Gaule.

Les méthodes thermales

Les procédés de la médecine thermale ne différaient pas sensiblement de ceux que nous utilisons aujourd’hui. Tous sont d’une pratique simple et d’évidence et, dès le temps de l’indépendance, ils étaient certainement employés. Des installations de cette époque il ne nous est rien resté, ce qui ne signifie point qu’elles n’aient pas existé, mais comme la plupart des constructions antérieures à la conquête, elles durent être édifiées en bois puis remplacées par les bâtiments gallo-romains.

La boisson, les affusions, les douches étaient courantes sans aucun doute et les bains de boue et de vapeur furent certainement utilisés.

L’eau sacrée

Le culte de l’eau est universellement répandu et se retrouve dans toutes les régions de France mais c’est en Bretagne armoricaine que les rites anciens de l’eau sont aujourd’hui encore le plus répandus. On y retrouve en particulier le lien déjà noté en Gaule entre les sources et l’ophtalmologie : que de fontaines sacrées y ont le pouvoir de guérir les maladies des yeux.

Somme toute, le culte de l’eau vivifiante et guérisseuse paraît avoir été, avec celui du soleil qui régénère, l’une des plus importantes manifestations à la fois de la médecine et de la religion gauloises. C’est sur le sommet des collines d’où l’on peut observer au mieux la course du soleil et, un peu en contrebas, là où jaillit la première source, que sont situés de nombreux lieux sacrés de la Gaule.. Là, sans aucun doute, les druides ont prié, enseigné et guéri.

Thérapeutique magique.

Si la religion suppose l’existence et l’intervention d’une puissance supérieure àç laquelle on s’adresse, la magie ne postule pas cette nécessité. Elle consiste essentiellement à mettre en œuvre des rites dont l’action utile tient à leur exécution même. D’ autre part, ce qui différencie la magie d’une science, c'(est que son efficacité dépend entièrement du psychisme vers lequel elle est dirigée et de la croyance qui lui est accordée.

De ces coutumes médico-magiques de la Gaule, quatre groupes principaux apparaissent : les incantations et les rites, les talismans et amulettes, les pierres et les arbres sacrés, enfin le sacrifice de compensation.

Incantations et rites

Innombrables furent certainement les formules dont certaines se retrouvent sur les tablettes et dans l’ouvrage de Marcellus de Bordeaux.. Toutes, qu’elles se prononcent ou s’écrivent, sont l’objet d’un rite d’accompagnement. Dans toute la magie, en effet, le geste soigneusement prévu et réglé occupe une place prépondérante.

Il n’est malheureusement guère possible le plus souvent de distinguer ce qui date d’un cérémonial celtique et de ce qui a pu être ajouté au cours des siècles.

Il nous faut toutefois citer une curieuse prière découverte dans un manuscrit du XIIe. Elle se compose de deux parties, la première placée sous le titre Incipit precacio terre quam antiqui pagani observabant volentes coligere herbas : « ici commence la prière à la Terre que les anciens païens prononçaient rituellement lorsqu’ils voulaient ramasser des herbes »; la seconde sous les mots : Precacio omnium herbarum : « prière à toutes les herbes ».

Il s’agit d’invocations à la Terre-Mère et aux simples qu’elle produit, pour qu’ils soient propices et efficaces. Le dévot commence par demander la permission de la grande déesse, puis il cherche à se concilier les faveurs des plantes en les assurant d’abord que la « sainte divinité, mère de la nature » a donné son consentement : « celle qui vous a crées avec vos propriétés salutaires veut bien que je vous cueille : faites autant que vos vertus naturelles le permettent, que celui qui vous recevra de ma main recouvre la santé ». On peut se demander s’il ne faut pas voir là une explication à certains gestes signalés par les anciens. Si, par exemple, il faut cueillir les herbes médicinales comme un voleur, n’est-ce pas pour n’être pas vu de la Terre, dont on dérobe le bien, et échapper de ce fait à son courroux ? S’il ne faut pas utiliser le fer, c’est par révérence pour les divinités que sont les plantes, auxquelles le métal vulgaire ne saurait être appliqué sans irrespect. Peut être même l’emploi de la main gauche appartient-il lui aussi à cet ordre de faits : on ne saurait pour une opération sacrée procéder comme pour un geste banal et ce qui est faste dans la vie courante serait ici un sacrilège.

Les talismans et les amulettes

Dès les âges préhistoriques, la prophylaxie magique s’est exercée contre tous les maux possibles par le port d’objets divers, tenus pour capables d’écarter les mauvais génies et les influences dangereuses. A l’époque gauloise elle se manifeste par des amulettes variées : perles et annelets de verre, grains et perles d’ambre, branches et perles de corail, cailloux troués, perles et annelets de pierre, ammonites, coquilles, dents et os, rouelles. Les médaillons en bois de cerf sont aussi très fréquents et il faut citer l’œuf sacré (une ammonite ? Un diamant ? Plus probablement un oursin fossile).

Pierres et arbres sacrés

Si les Gaulois attendaient la santé de l’eau de certaines sources, ils fréquentaient également dans ce dessein des lieux sacrés où une pierre merveilleuse, un arbre vénéré, étaient capables, moyennant un rituel approprié, de guérir ou de féconder : haches néolithiques, mégalithes et rochers remarquables. L’eau conservée dans le creux des pierres sacrées est souvent tenue pour efficace contre les maladies; on s’est servi aussi de la poussière minérale en ingestion.

Le culte médical des pierres rejoint celui des arbres dans une curieuse coutume qui consiste à suspendre les unes aux branches des autres.

Le sacrifice de compensation.

La transmission de la maladie d’un homme à un objet est fréquente dans les thérapies primitives. Voisin du transfert est le procédé du rachat. Dans le premier cas, la maladie est censée passer d’une entité à une autre; dans le second une vie est offerte aux dieux en échange de celle qu’ils menacent : ce n’est pas l’affection pathologique qui est transportée d’un être à un autre, mais son résultat, la mort. Ici comme là, la divinité doit s’estimer satisfaite : l’ordre du monde, la balance du bien et du mal sont respectés.

L’évolution historique.

En bien des endroits les Gaulois ont seulement continué une tradition remontant très loin avant eux. Mais si l’on cherche à définir l’héritage médical que la gaule indépendante a laissé à ceux qui continueront, après sa disparition à pratiquer l’art de guérir, on le trouve essentiellement dans ces deux domaines : la pharmacologie et l’ hydrothérapie.

C’est surtout dans le domaine chirurgical que la médecine gauloise paraît avoir progresser après la conquête.

Caractères de la médecine gauloise.

Deux types de médecine coexistent généralement dans les société primitives : l’un, instinctif et empirique, est l’apanage des médecins proprement dits; l’autre, magique et sacerdotal, est celui du sorcier, puis, à un stade d’évolution plus avancé, du prêtre. Le diagnostic consiste à rechercher la cause du mal, que celle ci soit un dieu ou un démon irrité, un ennemi ou un rival, ou bien encore un défunt. Le pronostic se fonde sur des présages et des méthodes diverses de divination que l’absorption de drogues facilite parfois.

La thérapeutique manifeste des croyances fondamentales spécifiques de la mentalité primitive : participation cosmique des êtres, existence de forces immatérielles susceptibles d’être libérées ou retenues, solidarité de l’individu avec les éléments de son propre corps et tout ce qui le touche et l’approche. L’initié peut agir par sympathie ou par télépathie, mettre en jeu des interactions synergiques ou antagonistes. En outre le mot est généralement reconnu comme doué d’un pouvoir particulier et intrinsèque. Aussi paroles et gestes magiques jouiront-ils d’une grande efficacité aux yeux des patients. Le sorcier maniera l’exorcisme, les charmes de conjuration, et des rites plus proprement religieux, comme la prière, la libation ou le sacrifice. Certains modes de traitement, les médicaments ou la profanation, viseront à expulser le mal, imaginé sous les apparences d’un génie malfaisant. D’autres tenteront de le transférer à un autre homme, à un animal, voire à un objet. La prophylaxie enfin joue un grand rôle sous forme d’amulettes, de talismans et de fétiches.

Une grande partie de la thérapeutique gauloise reposait sur de telles bases.

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(source : Gwenc’hlan Le Scouezec : « La médecine en Gaule »)

La médecine préhistorique en Gaule

Le premier médecin dut être un sorcier. Mêlant à des conceptions imaginaires et traditionnelles ses premières constatations empiriques, il devait pratiquer à la fois la divination, la magie et la médecine, à la manière des chamanes.

Il paraît certain qu’une prophylaxie magique était mise en œuvre par les populations paléolithiques. Dès l’aurignacien, en effet, apparaissent les objets à suspendre au cou.

Il y a tout lieu de penser que les autres grandes thérapeutiques que nous verrons en œuvre aux époques celtique et romaine, plantes et compositions à base de plantes, voire de produits minéraux ou animaux, eaux thermales et minérales, magies diverses, étaient déjà pratiquées avant l’arrivée des Celtes.

Les médecins

Dès l’aurore des temps celtiques : il y a d’une part les druides, que leurs pouvoirs étendus, leurs fonctions religieuses, leur vocation pour la magie, appellent à exercer l’art de guérir parmi les peuplades gauloises; d’autre part, les thérapeutes grecs, installés avec leurs compatriotes sur le sol ligure dès la fin du VIIe siècle. De Marseille, ces derniers se répandent dans tout le pays et plus tard, les Gallo-Romains continueront leur tradition.

L’activité médicale des druides

Les secrets de la nature faisaient plus particulièrement l’objet des recherches des vates mais les druides s’appliquaient également à leur étude. C’était en quelque sorte les plus avancés des vates, ceux qui ajoutaient à la science la réflexion philosophique.

Leur art médical s’insère dans une conception du monde : le « dialogue singulier » du médecin et du malade, cher aux déontologistes et aux psychologues de notre temps, n’existe pas -du moins sous la forme que nous lui connaissons. Le prêtre-médecin n’est pas confronté au patient, mais il sert d’intermédiaire entre l’homme malade et le dieu guérisseur.

Les prêtresses médecins

Pomponius Mela raconte que dans la mer de Bretagne, neuf vierges consacrées possèdent des pouvoirs exceptionnels. Elles commandent aux vents et aux flots; elles se changent à volonté en un animal quelconque; elles prédisent l’avenir et guérisse les maladies incurables. Mais pour obtenir leur secours, il faut, en venant vers elles, n’avoir d’autre dessein que de les consulter.

Expansion de la médecine grecque

Quelle que soit la filiation des divers établissements grecs de Ligurie, il s’y pratiquait évidemment une médecine analogue à celle de l’Hellade. La communauté de civilisation qui liait toutes les parties du monde grec et la ténacité avec laquelle, aux dires de Tite-Live, les Marseillais conservaient intacts à son époque, non seulement les modes et la langue de leur pays d’origine, mais encore le caractère, le genre de coutumes et de lois existant en Grèce, permettent de penser que les principes médicaux, la formation des praticiens et l’exercice de l’art ne différaient pas sensiblement en Gaule méridionale de ce qu’ils étaient en Ionie.

Quelques lignes de Strabon nous montrent, à côté de praticiens appointés par les gens riches, d’autres qui sont les salariés des cités.

Une catégorie particulière de médecins, nettement spécialisés, mérite notre attention par le développement qu’elle prit en Gaule, surtout dans les sanctuaires de l’eau et à partir du début de notre ère : il s’agit des ophtalmologistes que de nombreuses découvertes archéologiques nous font connaître.

Femmes médecins

Les unes s’occupaient d’obstétrique et d’esthétique -c’était le cas des medicae, d’autres étaient gynécologues -c’était les clinicae. L’usage de l’Empire romain comme celui de la Gaule indépendant et l’épigraphie permettent d’affirmer que des femmes exerçaient en Gaule, soit comme prêtresses traditionnelles, soit comme thérapeutes selon l’art grec

Le malade et son médecin

Le thérapeute se présentait avant tout non comme un savant, apte par ses connaissances à soulager les hommes de leurs maux, mais comme l’intermédiaire entre le malade et la divinité secourable.

Il semble que progressivement et suivant en cela le discrédit qui frappait les anciens dieux, la fonction religieuse du médecin soit passée au second rang et que la profession se soit laïcisée.

L’enseignement de l’ophtalmologie

De différentes indications, nous pouvons conclure que les médecins étaient régulièrement instruits des connaissances de leur époque. Des collèges de médecins et des écoles existaient, dont on retrouve la trace en des endroits fort éloignés : Metz, Avenches, Bordeaux, Marseille.

On peut en outre se demander, à voir si vivace à Bordeaux, la survivance des druides et à y constater l’existence, en plein IVe siècle, d’un temple de Belenos (voir Ausone), si les prêtres de l’ancienne religion autochtone ne continuaient pas à y pratiquer, à côté de leurs rites purement religieux, cette médecine magique qui semble avoir été leur apanage.

Les guérisseurs

Bien qu’à côté d’un art savant, Camille Jullian affirmait l’existence d’une médecine populaire « représentée par les sorciers et rebouteurs de villages et de faubourgs », en fait on ne trouve pas de preuves formelles de leur existence en Gaule avant les derniers siècles de l’époque romaine. Mais le nombre forcément restreint des druides et des médecins grecs, leur éloignement des villages et l’absence à la campagne de tout service médical organisé, imposait certainement la présence de semblables guérisseurs.

Parmi les paysans il en était forcément qui se distinguaient des autres, soit par leur habileté manuelle, soit par des connaissances transmises en secret de père en fils, de mère à fille, d’initié à disciple, et qui,utilisant l’eau, les plantes, les formules, les rites magiques les plus divers, les gestes adéquats, savaient chasser l’infection, remettre une articulation, peut être immobiliser une fracture après l’avoir réduite, certainement calmer l’inquiétude et exercer une « psychosomatique  salutaire.

La seule chose certaine, c’est la permanence au long des siècles, sur le vieux sol gaulois, de dynasties de sorciers se transmettant jusqu’à nos jours des pratiques dont certaines remontent sans doute aux âges préhistoriques. La concurrence qu’ils font aux praticiens modernes, ils la faisaient déjà certainement aux médecins grecs et gallo-romains et au clergé druidique dès le temps de l’indépendance.

Les dieux de la médecine

Le panthéon gaulois ne manque pas de divinités capables de vaincre la maladie. Le culte de certaines d’entre elles fut très largement répandu en Gaule; d’autres demeurèrent plus régionaux; d’autres,enfin, purement locaux.

Les grands dieux

Le culte d’Apollon Belenos est attesté.

On doit se rendre à l’évidence que Belenos était le nom le plus couramment employé du dieu du Soleil et de la santé, que les romains assimilèrent à leur Apollon. L’analogie linguistique entre les deux vocables due peut être à une commune origine indo-européenne, a certainement facilité l’identification, et l’on peut même se demander si, dans les formules votives où Apollon est qualifié d’un terme gaulois tel que Grannos ou Borvo, le dieu grec ne tient pas la place de Belenos, autrement dit si Grannos ou Borvo ne déterminaient pas des aspects particuliers de Belenos et cela dès avant l’assimilation aux divinités grecques et romaines.

On trouve donc également le nom grec d’Apollon adjoint à celui de Grannos, mais alors que rien ne permet d’établir une relation entre Belenos et les eaux curatives, Grannos, en revanche, fait partie au premier chef des divinités des sources.

Sous le vocable de Borvo et sous les formes voisines de Bormo et Bormanus, c’est un dieu des sources thermales qu’on vénérait également. Il a pour parèdre tantôt Damona, tantôt Bormona.

A côté d’Apollon, César mentionne Mercure comme le plus grand dieu des Gaulois qui le considéraient comme l’inventeur de tous les arts (assimilé à Lougos). Il n’existe aucun élément permettant de soupçonner une relation quelconque entre cette divinité et l’art de guérir, si ce n’est qu’elle était à l’origine de tous les arts, donc, peut-on imaginer, de la médecine.

La divination, que les druides pratiquaient, était dans l’esprit des anciens, fortement liée à la médecine dont elle facilitait l’exercice, en éclairant le diagnostic et le pronostic.

Les principales déesses

Une déesse Brigantia qui, par analogie avec la divinité irlandaise Brigit, était la patronne des poètes, des forgerons et des médecins. Cette Brigantia-Brigit est aussi assimilée à une autre déesse, Sulis, qui recevait un culte à Bath (GB) où elle présidait aux sources thermales, ainsi qu’à Belisama, parèdre de Belenos, et à Minerve.

En dépit de l’importance religieuse et médicale du site de Bath, on est amené à penser que Sulis n’était pas adorée seulement en Bretagne mais aussi sur le continent.

Le culte de Sulis, comme celui de Brigantia, est lié au feu autant qu’à l’eau : elles président en effet aux sources chaudes.

Les Matrones ou Mères sont l’une des divinités le plus fréquemment retrouvées en Gaule : une, ou deux, ou trois déesses représentées assises avec parfois en enfant dont on a remarqué la constante relation avec les sanctuaires des sources.

Une déesse, Damona, est la parèdre de Borvo au pays des Lingons et semble être une divinité guérisseuse tandis que Sirona (ou Dirona), présente dans l’Est de la France et en Allemagne, parfois associée à Grannos, présente des attributs (épis, fruits, œufs) qui font penser à une divinité de la fécondité.

Les multiples divinités secondaires

Il semble que des noms très divers aient été portés par les nymphes et les génies des sources salutaires : une bonne cinquantaine, dont Divona que nous connaissons surtout parce qu’Ausone l’a chantée dans son fief de Bordeaux :

« Salut, fontaine au jaillissement inconnu, fontaine sacrée, nourricière, éternelle, claire comme le verre, glauque, profonde, bruissante, sans souillure, ombreuse. Salut génie de la ville, à boir en gorgées médicinales, Divona, dont le nom dans la langue des Celtes signifie fontaine, et qui plus est, divine ».

Des divinités étrangères à la Gaule y étaient également l’objet d’un culte : fréquentes découvertes de statuettes de Venus dans les sanctuaires de l’eau. Ces figurines, tout comme les figurations des Matrones, du dieu aux colombes, sont en relation constante avec le culte des sources.

Mithra et Cybèle ont partagé un destin analogue.

Les maladies

Essentiellement identifiées grâce aux ex-votos : forme des parties ou membres malades découpée dans des feuilles de bronze ou figurées en bois de chêne, en calcaire oolithique…

Diagnostic et pronostic

Les méthodes utilisées dans le monde antique pour établir un diagnostic et prévoir l’évolution d’un mal, comme généralement celles utilisées par les médecines non scientifiques, reposaient à la fois sur des connaissances sémiologiques et sur des procédés magiques, n on distingués les uns des autres.

L’incubation était utilisée en Grèce : le malade en dormant dans un lieu sacré, après une certaine mise en condition par des rites spéciaux, recevait en rêve, du dieu médecin, Apollon ou Asklépios, la connaissance de son mal et le remède à y apporter.

Il y avait des pratiques analogues dans les sanctuaires gallo-romains (découverte à Grand dans les Vosges, sur les lieux d’un temple dédié à Grannos d’un fragment portant l’inscription APO et un autre « SOMNO-JVSSVS », soit « invité au sommeil ») et en Irlande avec l’ « imbas forosnai »_(illumination autour des mains) où le file (poète et magicien) dans un sommeil magique, rêvait ce qu’il avait besoin de savoir.

Il y avait d’autres mantiques utilisées par les Gaulois : examen du vol des oiseaux, de la course d’un lièvre, des convulsions des membres d’un homme sacrifié…

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brume

« Il n’y a pas de frontière entre ce qui est magique et ce qui ne l’est pas. Et la raison en est que chacun de nous est à la fois Eau, Feu, Terre, Vent et Brume.. Sentez-vous dans votre bouche, dans votre urine, le gargouillis de l’Eau ? L’ Eau qui coule dans vos veines est ce qui joint en vous toutes les extrémités; rendue vivante par le Feu qui l’anime, l’eau tient votre corps ainsi que fleuves et mers tiennent les extrémités de la Terre. Et le Feu qui chauffe votre cou sous le manteau ? Sentez vous sa chaleur ? Mais le Feu ne se limite pas à chauffer ; il donne à vos yeux la lumière qui leur permet de voir, ainsi qu’il l’offre au soleil, à la lune, aux étoiles. Et le Vent que vous soufflez par votre bouche ? Savez-vous qu’il transporte la voix ? Sans le Vent, point de respiration, point d’odeur, point d’audition, point non plus de paroles. Et la Terre ? Sentez-vous la Terre qui forme votre peau ainsi que vos organes ? Mouillée d’Eau, chauffée de Feu, elle devient limon qui engendre poils et cheveux comme autant de plantes, car ils sont en nous la part la plus végétale ; alors que, au-dedans du squelette, peu humide, elle est dure comme les minéraux. Quant à la Brume, elle est la matière de vos douleurs ainsi que de vos pensées. Elle est l’élément primitif qui contient tous les autres, en vous comme hors de vous.

La Brume est ce qui transporte les images, les agrandit,les rapetisse, les déforme. La Brume est maîtresse des images, elle crée l’empreinte des rêves. Tout ce qui est porte autour de lui un halo de Brume, à moins que ce halo de Brume, plus exactement, ne le porte. »

Cécile Guignard-Vanuxem : « Vercingétorix. Le défi des Druides ».

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Je commence à en avoir un peu ras le bol de voir si souvent affirmé sentencieusement que si le christianisme ne s’était pas imposé c’est Mithra qui l’aurait emporté. Alors que rien n’est moins sur puisqu’on notait en Gaule au III ème siècle un net retour aux croyances et aux traditions religieuses indigènes les plus anciennes.

Un exemple le confirme : en 1953 à Mackwiller dans le Bas Rhin en Alsace, on découvrit les fondations d’un sanctuaire dédié à Mithra dont on a pu préciser l’histoire. Le site proche d’une source avait été consacré aux dieux dès l’époque gauloise. Un sanctuaire aux divinités topiques y était installé dès le Ier siècle. Vers le milieu du IIe siècle, le propriétaire du domaine fit construire un sanctuaire de Mithra, décoré de bas reliefs dont le plus grand représentait l’immolation du taureau. Sur le socle, et dans l’inscription, dont un morceau a été retrouvé, la divinité topique indigène, Narius Intarabus, était associée à Mithra.

Le sanctuaire fut en partie ruiné à la fin du III e siècle et à sa place fut alors aménagé, à l’aide des blocs subsistants, un sanctuaire de source construit sur un plan indigène, en forme de deux carrés concentriques, le centre de la cella interne étant constitué par une vasque d’où s’épandait la source. Il apparaît donc que dans l’histoire du sanctuaire, l’épisode mithriaque ne représente qu’un intermède de 120 à 130 ans. Après les invasions du III e siècle, Mithra a disparu et l’ancien dieu gaulois a repris toute la place en un lieu qu’il n’avait d’ailleurs jamais abandonné.

Pour Jean-Jacques Hatt (« Les celtes et les gallo-romains »), ce cas est exemplaire et symbolique:

« les dieux gréco-romains et les divinités orientales ont pu temporairement s’associer aux divinités indigènes; il arrive qu’ils les aient éclipsées; ils ne les ont jamais supprimés totalement ».

Ce rythme d’évolution des croyances religieuses gauloises -recul progressif au Ier et II e siècles des divinités indigènes sous leur forme primitive; assimilation du panthéon gréco-romain mais survivance réelle des traditions anciennes; puis brusque résurgence à partir du III e siècle- se retrouve pour le sacerdoce gaulois. En effet, les druides ont été tolérés sous Auguste à condition de n’être pas citoyens romains, mais persécutés sous Tibère et pourchassés sous Claude. Ils font une réapparition lors de la crise de l’Empire Romain en l’an 70. Il n’en est plus question au cours du II e siècle mais on les retrouve au III e alors que les Empereurs romains eux mêmes adressent leurs dévotions aux dieux gaulois : Caracalla au dieu des sources de Baden-Baden, Dioclétien et Maximien au dieu Belenus d’Aquilée.

Les druides, cités par Ausone, reparaissent officiellement dans la société gauloise au IV e siècle. Force est donc de constater que, persécutés au I er siècle, puis relégués dans l’ombre par l’héllénisation et l’orientalisation, ils reviennent en pleine lumière au III e siècle, précisément à l’époque où les dieux gaulois de leur côté, surgissent à nouveau sous leurs noms indigènes et leur aspect primitif. Ce qui nous éloigne quand même assez sensiblement de l’opinion selon laquelle à cette époque, les dieux agonisaient déjà comme je l’ai lu récemment, et qu’il ne s’agissait plus que d’une histoire de concurrence entre le christianisme et le mithriacisme…

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Il est absurde d’affirmer que le Druide était membre de la classe guerrière comme je l’ai lu récemment car c’est faux, comme d’ utiliser le mot en terme générique et de définir le barde et l’ovate comme deux de ses spécialisations, ce qui n’est qu’une hypothèse.

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C’est en partie à cause de Jules César que nous faisons une fixation sur le Druide, le barde et le vate ne devenant donc que les deux spécialités d’un même grand prêtre omnipotent et omniscient. Pourtant les autres auteurs comme César compilateurs de Poséidonios, et qui parlent des druides, Diodore de Sicile, Strabon et Ammien Marcellin laissent bien à penser que ces différentes fonctions correspondent bel et bien à des personnages différents et que les druides ne constituent pas, à eux seuls, l’ensemble du personnel religieux. Strabon, par exemple : « chez tous les peuples gaulois d’une manière générale, il y a trois catégories d’hommes qui sont exceptionnellement honorés : les bardes, les vates et les druides ».

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D’ailleurs les trois auteurs qui font cette distinction vont même jusqu’à respecter cet ordre précis… est-ce à dire que le druide serait le moins honoré d’entre eux ? Georges Dumézil affirme : «  [les bardes] forment à côté des druides une corporation non moins prestigieuse et souvent rivale ». Il est fort probable que le barde faisait partie intégrante de la société celtique depuis la nuit des temps pour la simple raison qu’il remplissait là une mission primordiale dans une société guerrière bien plus que le simple rôle de gentil troubadour qu’on veut bien d’ordinaire lui accorder : « vanter les vertus guerrières des vivants et des morts et prôner les valeurs héroïques » face aux hommes et face aux dieux. Le vate, selon Strabon, s’occupait  des cérémonies religieuses et pratiquait les sciences de la nature (incluse celle de la médecine) tandis que Diodore, plus précis, en fait un sacrificateur et un devin, doué sans doute du don de prophétie, ce qui permet là encore de situer sa présence quelque part dans la nuit des temps, auprès des rois quand ils perdirent à son profit, la pratique cultuelle.

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D’habitude si précis dans les détails, César semble, là, vouloir expédier le sujet en vitesse et cumule ces différentes fonctions dans les seules mains du druide. Ce qu’on appellera procéder par simplification… En revanche, il leur octroie le droit et la justice (et par extension les pouvoirs de « légitimité » et de « caution morale »)qui n’ont pas l’air de trouver leur place dans les attributions des bardes et des vates, tout ce qui concerne la vie publique et politique ainsi que l’enseignement et tout ce qui fait intervenir l’écriture …et il semble bien que là soient les attributions effectives du druide…

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Le druide n’est pas membre de la classe guerrière : c’est méconnaitre complètement le modèle tri-fonctionnel sur lequel fonctionne la société celtique que de le croire. Le roi et le druide se partagent les honneurs et les devoirs de la première fonction (« administration mystérieuse et régulière du monde, souveraineté, puissance sacerdotale, magie droit, politique, science, sagesse, qualités de l’homme mûr »), mais le druide n’est pas le premier personnage de la société celtique, c’est le roi, même si ce dernier ne parle qu’en second lieu et s’il a impérativement besoin de la présence du premier. Tandis que les membres de la classe guerrière sont ….. les guerriers… C’est là un fonctionnement typiquement indo-européen.

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De son côté, César est formel : les druides ne vont pas à la guerre, ils sont exempts du service militaire… mais rien n’indique que se battre leur est interdit. On sait qu’ils pouvaient, entre eux, en venir aux armes en cas de désaccord sur la désignation du Grand Druide. Mais pour ce qui est des guerres, il est probable, au contraire, qu’ils intervenaient avant la bataille pour essayer de réconcilier les parties (sauf peut être dans des conditions extrêmes comme la révolte des Gaulois derrière Vercingetorix où il est usuel de présenter l’Arverne comme « l’homme des druides »: pourtant César écrit qu’il se fait livrer Gutuater comme « principal coupable et auteur responsable de la guerre » en l’employant comme si c’était un patronyme alors qu’il semble bien que « Gutuater » désignait le personnage procédant aux sacrifices). S’ils n’y parvenaient pas, les bardes, endossaient alors le rôle qui était le leur dans la coutume pour un combattant de se mettre en valeur par rapport à son adversaire, et, à côté des insultes des belligérants, devaient réciter les arbres généalogiques glorieux et chanter les louanges de leurs « maîtres »…

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Le druide se devait quand même de porter une arme s’il était une personnalité publique et Diviciacos, le seul druide cité par César, et donc le seul druide de l’Antiquité dont l’existence est avérée, n’y manque pas quand il se présente devant le Sénat romain : c’est parce qu’il est en même temps le chef politique des Eduens et qu’une coutume veut que les Gaulois traitent des affaires publiques en armes …

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Malgré l’imprécision du texte de Pline, certains « spécialistes » situent la cérémonie de la cueillette du gui au solstice d’Hiver… Mais, à mon sens, on peut tout aussi bien envisager de le cueillir à Saman…

« On ne doit pas oublier, dans ces sortes de choses, la vénération des Gaulois; les druides, car c’est ainsi qu’ils appellent leurs mages, n’ont rien de plus sacré que le gui et l’arbre qui le porte, supposant toujours que cet arbre est un chêne. A cause de cet arbre seul, ils choisissent des forêts de chênes et n’accompliront aucun rite sans la présence d’une branche de cet arbre […] Ils pensent en effet que tout ce qui pousse sur cet arbre est envoyé par le ciel, étant un signe du choix de l’arbre par le dieu en personne. Mais il est rare de trouver cela, et quand on le trouve, on le cueille dans une grande cérémonie religieuse, le sixième jour de la lune, car c’est par la lune qu’ils règlent leurs mois et leurs années, et aussi leurs siècles de trente ans; et on choisit ce jour, parce que la lune a déjà une force considérable, sans être encore au milieu de sa course. Ils appellent le gui par un nom qui est: « celui qui guérit tout ». Après avoir préparé le sacrifice sous l’arbre, on amène deux taureaux blancs dont les cornes sont liées pour la première fois. Vêtu d’une robe blanche, le prêtre monte à l’arbre et coupe avec une faucille d’or le gui qui est recueilli par les autres dans un linge blanc. Ils immolent alors les victimes en priant la divinité qu’elle rende cette offrande propice à ceux pour qui elle est offerte. Ils croient que le gui, pris en boisson, donne la fécondité aux animaux stériles et constitue un remède contre tous les poisons. Tel est le comportement d’un grand nombre de peuples à l’égard de choses insignifiantes ». (Pline, Histoire Naturelle, XVI, 249-251)

Donc, Pline parle bien du sixième jour de la Lune mais rien ne vient préciser de quelle lune il s’agit.

On peut penser qu’à Saman il reste encore pas mal de feuilles tandis qu’au solstice d’hiver elles sont presque toutes tombées. Le gui se voit alors de très loin puisque c’est tout ce qui reste de vert sur les arbres : c’est joli et le côté symbolique du « toujours vert » est intéressant. Ce qui pourrait plaider pour le solstice.

En revanche, comme la lune dont parle Pline, qui n’est pas « encore au milieu de sa course », il semble que le Gui ne soit pas arrivé tout à fait à maturité à Saman mais est-ce que ce n’est pas à ce moment que la magie est la plus forte ?… Avant la maturation, le gui est comme la « soupe primordiale », plein de potentialités.. tout est en devenir, rien n’est figé ce qui ne me parait pas être le cas quand les boules sont mûres… d’ailleurs de ces boules, on fait de la glue… qui sert à capturer (figer) et non plus à accueillir (l’année nouvelle, la saison sombre …) ce qui est en devenir.

En ce qui concerne la cueillette à proprement parler, certains pensent que le rituel gaulois a peut être son prolongement dans une ancienne tradition écossaise des Basse Terres rapportée par Frazer… Un rameau de gui, coupé par un membre du Clan des Hay la VEILLE DE LA TOUSSAINT (donc à l’époque de Saman) , avec un poignard neuf, après que l’on avait fait trois fois le tour de l’arbre dans le sens du soleil et qu’on avait prononcé une incantation, passait pour un charme très sur contre toute magie et sorcellerie, et une protection infaillible un jour de bataille.

La première cueillette du Gui de l’année celtique (la plus bénéfique puisque pleine des promesses de l’An Neuf), pourrait donc bien s’effectuer lors de la grande fête de Saman. Le gui fleurit de Mars à Mai, fructifie d’Aout à Novembre et renouvelle son feuillage peu après.

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Son fruit globulaire d’une transparence ambrée, comme la lumière lunaire, représente la Lune. Sa baie écrasée peut être comparée à la semence masculine. Sa tige et ses feuilles sont la terre réceptrice (courbe des feuilles), source de toute fécondité. Et l’on retrouve, associées dans le Gui, les deux notions inséparables d’éternité et de fécondité.

Est-ce qu’on ne pourrait pas penser aussi au fait que le gui qui se nourrit de la sève de l’arbre qui le porte, serait donc le modèle de la solidarité (humaine, sociale, familiale), en même temps que le symbole de l’union (des sexes, de l’esprit et du corps, des générations). Dans le même ordre d’idées, son mode de multiplication et de propagation pourrait enseigner que tous les êtres dépendent étroitement les uns des autres (y compris quelque soit leur genre, animal, végétal ou minéral)… Et ces points renvoient tous à mon sens aux Ancêtres (solidarité, union, interdépendance) qui sont précisément honorés lors de Saman…

En outre, par sa forme de touffe et celle de ses baies, il est un monde en soi, clos, force concentrée, perfection, puissance. En anglais, un des surnoms du gui est « Starchild », l’enfant des étoiles. Sa symbolique est alors due au fait qu’il pousse en hauteur et sans racines dans la terre. Il pousse a mi-chemin entre le ciel et la terre et c’est aussi une des (la ?) seule(s) plante(s) à pousser la tête en bas…

Et le Gui est aussi Rameau d’Or : s’il est cueilli en FIN D’AUTOMNE, son feuillage étant vert et ses baies blanches, il va acquérir progressivement cette jolie teinte dorée de soleil hivernal qu’il aura pleinement lors du Solstice d’Hiver, lors de la re-naissance de l’Astre invaincu.

Pour Le Roux et Guyonvarc’h, les Druides sont une classe sacerdotale polyvalente identique aux brahmanes de l’Inde védique,

selon Jean Louis Brunaux des philosophes et savants proches des Pythagoriciens,

pour Christian Goudineau , de simples fonctionnaires exerçant leur charge pendant une période donnée à la manière du Pontifex Maximus à Rome …

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