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A côté des 400 000 allemands d’origine, 600 000 étrangers en provenance de plus de trente nations ont pu s’engager dans la Waffen SS parmi lesquels on compte, à la fin de la guerre, près de 5000 indiens dont 59% d’Hindous, 25% de musulmans, 14% de Sikhs, et 2% de bouddhistes et chrétiens.

Au départ, la Freies Indien Legion, ou Indisches Infanterie Regiment 950, parfois encore appelée Legion Hazad Hind est composée de membres recrutés sous l’autorité du leader indépendantiste Subhash Chandras Bose dans les camps de prisonniers en Afrique du Nord pour combattre les Britanniques et gagner l’indépendance de leur pays en marchant sur l’Inde à travers la Perse (l’Iran actuel) depuis le Caucase. Bose avait obtenu des autorités allemandes, très intéressées par ses projets, qu’ils ne seraient pas engagés contre les troupes des autres pays alliés, et en particulier pas sur le front de l’Est.

Une première unité dépendant de la Wehrmacht voit le jour en 1942. Sa mission initiale est de servir de vitrine et recruter de nouveaux volontaires à partir de Frankenberg, près de Chemnitz où elle est stationnée. En août 1942, la Légion est déplacée à Königsbrück, un grand centre d’entraînement, où, le 26 aout, les légionnaires prêtent serment .

Ils portent l’ uniforme allemand. assorti d’un écusson tricolore spécifique cousu à mi-bras droit de la vareuse,auquel est surajouté le motif central d’un tigre bondissant, rehaussé de la mention Freies Indien en caractères noirs sur fond blanc. Les soldats Sikhs sont par ailleurs autorisés pour des raisons religieuses à porter leur turban (d’une couleur appropriée à leur uniforme) au lieu de la casquette réglementaire.

On dit que Hitler considérait cette légion indienne comme « une plaisanterie ». On dit aussi qu’il pensait que les légionnaires « n’étaient bons qu’à faire tourner des moulins à prières ». Mais surtout on sait que les vainqueurs ont toujours et surtout en ce qui concerne la Seconde Guerre, voulu faire endosser aux vaincus l’uniforme du « Mal intégral » : Hitler ne peut donc, pour la « véracité (???) historique » que tenir des propos injurieux ou méprisants et incarner toutes les tares ou défauts du monde … n’a-t-on pas affirmé, il y a peu et pour le déconsidérer encore plus, qu’il avait de vilaines dents et une mauvaise haleine ?… Et pourtant, à côté de ces allégations, on a le témoignage d’un traducteur qui rapporte ce discours que Hitler tint à la Légion : « vous avez la chance d’être nés dans un pays de glorieuses traditions culturelles et d’une puissance humaine colossale. Je suis impressionné par la passion brûlante avec laquelle vous et votre chef cherchez à libérer votre pays de la domination étrangère. Je le [votre chef] salue et l’Allemagne le salue. C’est le devoir de tous les Indiens de l’accepter comme leur guide et de lui obéir sans hésiter. Je ne doute pas que si vous faites cela, son action conduira très bientôt l’Inde à la liberté ».

En décembre 1942, l’Unité, forte alors de 3500 hommes est composée de 3 bataillons, de 4 compagnies chacun, d’une compagnie d’artillerie (Infanteriegeschütz Kompanie 13) réunissant 6 canons de 75 modèles 18, d’une de canons antichars (Panzerjäger Kompanie 14), et enfin la Pionier Kompanie 15 réunissant les troupes du génie.

Partiellement motorisé, le régiment sera plus tard renommé comme une unité de Panzer grenadier. On l’envoie aux Pays Bas avant de la transférer en France où on l’affecte à la surveillance du Mur de l’Atlantique à Lacanau, en Gironde, où elle sera inspectée par le General Feldmarschall Rommel.

Le 8 aout 1944, elle passe sous le contrôle de la Waffen SS. Elle est placée sous le commandement du SS oberführer Heinz Bertling, sous le nom de l’Indische Freiwilligen Legion des Waffen SS.

Quelques jours plus tard, la Légion entame son repli vers l’Allemagne. Le périple commence en train mais, alors que le débarquement des Forces alliées vient d’avoir lieu en Normandie, les maquis deviennent très actifs et le convoi est stoppé. La Légion, qui n’avait jusque là jamais été exposée au feu est violemment attaquée par les FFI. Le 1er bataillon est temporairement cantonné dans la région de Mansles (Charente), le 2e à Angoulême (Charente) et le 3e à Poitiers (Vienne), parant aux attaques des maquisards.

L’Histoire officielle, comment pourrait-il en être autrement, fait état de brutalités, de pillages et de viols de leur part mais un témoin raconte : « il faut insister là dessus : ces gens étaient à bout de nerfs; ils savaient qu’il allait falloir forcer les passages de la Vienne, de la Gartempe, de la Creuse, et que leurs routes transversales seraient bientôt des cimetières d’auto calcinées. Mais ces gens pouvaient, dans leur colère, faire encore beaucoup de mal… ». On a aussi le témoignage d’un habitant sur les déclarations d’officiers allemands promettant une punition exemplaire aux légionnaires qui ne se conduiraient pas correctement. Quoi qu’il en soit, le père Fleury, aumônier du camp d’internement de Poitiers préfère faire déménager les femmes communistes encore présentes dans le camp pour les mettre à l’abri ailleurs …(ce qui montre en même temps qu’elles n’ont pas toutes été envoyées dans les camps de concentration !)

A ce propos, puisqu’il n’est d’habitude fait état des camps que quand ils sont sous administration allemande, on peut d’ailleurs au passage se permettre de citer un rapport de la Cour des comptes datant de 1949 (donc après la « libération » du territoire et que ce sont donc des prisonniers de l’autre bord !)  : « une mention particulière s’impose pour les faits dont le camp de la Chauvinerie, à ,Poitiers, fut le théâtre, en 1945 et qui donnèrent lieu à une enquête de l’Inspection des services administratifs. Elle a fait ressortir que plus de 250 internés civils, parmi lesquels de jeunes enfants sont décédés en quelques mois ; pour plus de 50 d’entre eux, les constatations faites ont conduit à incriminer le défaut de nourriture, non pas que les allocations accordées par l’Etat fussent insuffisantes, mais en raison des vols et malversations commis par un personnel d’encadrement du camp ou certains fournisseurs… » (Philippe Bourdrel : « L’épuration sauvage ») On reconnaît aujourd’hui qu’entre février et septembre 1945 il y eut 262 décès dans ce camp qui accueillit entre 2700 et 3000 hommes, femmes et enfants, victimes de la « libération »… mais les vaincus n’ont pas droit à la pitié.

Après avoir été sans arrêt harcelés par la Résistance qui faisait « régner à l’intérieur de la zone une insécurité totale »., les légionnaires reprennent leur retraite vers l’Allemagne affrontant des forces ennemies à plusieurs reprises et livrant des combats d’arrière garde avec une bravoure exemplaire.

… pendant ce temps, le 19 septembre1944, un ou plusieurs camions transportant des prisonniers indiens capturés dans la région de Montmorillon par des FFI s’arrêtent place d’armes à Poitiers. Des tracts avaient été imprimés appelant les soldats allemands, russes et indiens à déserter, il est probable que certains des prisonniers s’étaient en fait rendus contre l’assurance d’avoir la vie sauve. Mais des coups de feu claquent. Le journal local « La Nouvelle République » du 20 septembre écrit : « Les Poitevins qui n’oublient pas les atrocités commises par ces ignobles individus eurent vite fait d’encercler le camion. Un sous officier en fit descendre deux des prisonniers qui furent exécutés pendant que dans le camion, des coups de feu éclataient, tirés par des FFI. Certaines victimes de ces abominables individus étaient vengées. »

Selon un rapport des renseignements généraux en date du 20 septembre 1944 (archives de la Vienne) « …19 SS dont 18 Hindous ont été exécutés ce jour-là… »

En essayant de trouver refuge en Suisse, la plupart des légionnaires sont faits prisonniers par des unités américaines et françaises. Il est allégué qu’un certain nombre de ceux qui tombèrent entre les mains des français furent abattus, notamment par les marocains des Forces françaises après leur reddition, mais sans que cela donne lieu à une enquête. Les survivants, remis aux Britanniques , quand ils ne furent pas tirés comme des lapins par ces derniers furent ramenés en Inde, et maintenus en détention au Fort Rouge à Delhi. Promis à être jugés pour haute trahison, ils furent pourtant tous libérés dès 1946 sous la pression de la population…. sans commentaire.

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« Au matin du samedi 19 août 1944, des miliciens savoyards incorporés dans la Franc-Garde, depuis l’ordre de mobilisation lancé par Joseph Darnand, quittent leur cantonnement annécien de La Commanderie par la route d’Albertville. Dans la nuit, les chefs départementaux Yves Barbaroux et Jacques Chambaz ont rencontré les chefs de la Résistance : les francs-gardes se rendent avec les honneurs de la guerre, ils conservent leurs armes et seront traités en prisonniers de guerre.

A Saint-Jorioz, au milieu d’un grand rassemblement de maquisards (toute résistance étant alors impossible), les francs-gardes sont désarmés à l’exclusion des chefs qui conservent leur pistolet. Pressentant sans doute la suite des évènements, le franc-garde Lambotin se tire une balle dans la tête. Les captifs sont poussés dans des camions et sous bonne garde, par Faverges et Thônes, conduits au Grand-Bornand. Là, ils sont entassés jusqu’au grade de chef de dizaine, sous les combles de la salle paroissiale, les officiers, toujours en possession de leurs armes, étant conduits dans une pièce au 2ème étage du même bâtiment.

Après des sévices qu’il est inutile de retracer, c’est dans la salle de cinéma, au rez-de-chaussée, que commence au milieu de la matinée du mercredi 23 août la comparution des francs-gardes devant une cour martiale qui a fixé elle même sa procédure et que préside un commandant FTP ayant pour assesseurs deux représentants de l’AS et deux autres FTP. Le procureur et le greffier sont eux aussi des résistants.

Enchaînés, gardés par les gendarmes, les miliciens sont appelés dix par dix et brièvement interrogés. Parfois, des résistants témoignent, puis le procureur requiert une peine… La mort en général. Pour donner à cette procédure une apparence de régularité, quatre avocats d’Annecy, commis d’office, tentent d’improviser une défense.

La Cour siège sans désemparer jusqu’au matin du jeudi 24 août. Après une ultime plaidoirie, l’arrêt est rendu. Soixante-seize condamnations à mort, vingt et un « acquittements » (qui vaudront, en fait à leurs bénéficiaires l’emprisonnement et la comparution devant une Cour de Justice au cours des mois suivants).

Il est huit heures lorsque les camions emmenant les condamnés quittent la salle paroissiale pour le hameau du Bouchet au lieu-dit La Peserettaz. Cinq par cinq les prisonniers vont vers les poteaux plantés à la lisière de la forêt. Ils refusent le bandeau et tombent sous la salve en clamant leur foi, en ce jeudi 24 août dédié à Saint-Barthélemy.

La plupart d’entre eux, chrétiens convaincus sont des paysans issus de la terre savoyarde. Pour d’autres cependant les motivations religieuses n’étaient pas primordiales. C’est ainsi que l’athéisme de Jacques de Holstein était connu de tous.

Le plus âgé avait combattu à Verdun, le plus jeune venait d’ avoir seize ans. »

(Dominique Venner, Histoire de la Collaboration. Pygmalion.)

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J’ai trouvé cette photo dans un livre sur « La Libération des deux Charentes. Soldats en sabots », par Christian Genet, aux éditions de La Caillerie-Gémozac. Elle n’a rien de particulier en soi, on en trouve des dizaines comme ça, dans des bouquins et sur le Net . Dans les albums photos familiaux de descendants de glorieux résistants, c’est par centaines qu’elles doivent se compter: abimées à force d’être regardées, bues des yeux, caressées comme autant de témoins de valeureux actes de guerre.

On tournerait donc facilement la page sans s’attarder davantage si la légende n’attirait quand même le regard : « A Jonzac, début septembre, lors de la libération de la ville par la colonne Soulé, scène très touchante d’un maquisard paternel tenant le bras d’une jeune fille éplorée« .

… sauf que cette espèce de sombre ordure est tout simplement en train de méchamment lui tordre le bras à la « jeune fille éplorée » et qu’il la tient fermement, avec cette ébauche de petit sourire sadique qu’on voudrait nous faire croire « bon enfant », pendant que l’autre fumier, avec sa tondeuse, est en train de lui tondre le crâne ! Quelle belle prouesse de guerre !!!

Bel exemple de comment on bâtit l’Histoire … et on vit toujours sur cette vision mensongère!

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Bon, puisqu’on en est presque à parler « révisionnisme », réjouissons nous : Sylvia Stolz et Vincent Reynouard sont sortis de prison après y avoir passé, respectivement 39 mois pour l’une et 9 mois et 39 semaines pour l’autre, pour un délit d’opinion qui, en principe, n’existe pas dans ces pays…

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Henri Béraud est mort le 24 octobre 1958.

« Le nom même de Béraud reste lié à toute une époque disparue du journalisme, une époque où l’on n’envoyait pas n’importe qui, pour cinq minutes, aux quatre coins du monde, où les retours à Paris se faisaient dans la joie et les festins de l’amitié (…). Béraud est un attachant témoin. Devenu polémiste, il ne cessa de faire pendant la dernière guerre ce qu’il avait fait toujours : attaquer l’Angleterre à propos de n’importe quoi. Cela lui valut une ahurissante condamnation à mort. Béraud fut gracié, puis libéré à la nuit tombée, dans l’île de Ré, par des geôliers qui le croyaient à peu près mort. La douleur lui avait pris sa plume et son papier ».

Kléber Haedens, Une histoire de la littérature française.

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Le 5 juillet 1944 : Françoise Pénicaut, 26 ans, est abattue sans jugement à Exideuil (Charente) par un groupe de « résistants » se réclamant du « maquis Bernard ». Les FTP l’avait interpellée la veille, à la sortie de la cérémonie de son mariage. Le marié avait été « invité » à suivre son épouse au lieu de détention, le château de Pressac … où ils passèrent leur « nuit de noces ». Le lendemain la jeune femme, qui n’avait eu comme seul tort que de s’inscrire à la Milice avant d’en démissionner en 1943, fut fusillée dans sa robe de mariée. Les FTP consommèrent le repas qui avait été préparé pour le mariage … Les mêmes ordures procéderont entre le 15 juin et le 11 août à 72 autres exécutions sommaires, dont celles de 14 femmes.

Le 5 juillet 1962 : Massacres d’Oran. Deux jours après la proclamation officielle de l’indépendance de l’Algérie, une manifestation est organisée à Oran par le Front de Libération Nationale (FLN) signataire des accords d’Évian . En fin de matinée, et alors que la manifestation se déroulait dans le centre-ville, de nombreux Européens, hommes, femmes, enfants de tous âges, furent pris à partie, lynchés et massacrés dans les rues, lieux et édifices publics où ils s’étaient réfugiés. D’autres, par centaines, furent pris en chasse et enlevés, souvent même à leur domicile ; la majorité de ces derniers demeurent, à ce jour, portés disparus. De leur côté, se conformant aux ordres reçus de Paris, les nombreuses troupes françaises encore stationnées à Oran n’intervinrent pas. Seuls quelques rares officiers prirent courageusement, à titre individuel, la responsabilité de contrevenir aux instructions … mais c’est devant ces ordures, auteurs des massacres, que nos pitoyables dirigeants aujourd’hui, font la queue pour se repentir …

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Exilé volontaire en Argentine, Robert Le Vigan meurt le 12 octobre 1972. En 1943, il avait adhéré au Parti Populaire Français de Jacques Doriot et rejoint Louis-Ferdinand Céline à Sigmaringen en 1944. Cette fuite avec l’écrivain en Allemagne pour échapper à la sanglante Épuration est décrite en détails par Céline dans « Nord » et « Rigodon » dont Le Vigan est un des protagonistes aux côtés de Lili, la compagne de Céline, et du chat Bébert. Marginal et excentrique : « Il dormait » , rapporte Madeleine Renaud,  » avec une hache et un vélo, pour se défendre et s’enfuir« .

Il avait joué dans les remarquables « Disparus de Saint-Agil » , « Goupi Mains Rouges » et « L’assassinat du Père Noël », films adaptés des romans du charentais Pierre Véry qui mourut curieusement, jour pour jour, douze ans précisément avant lui, le 12 octobre 1960.

A découvrir, ce site sur la Vigue comme l’appelait Céline :

http://encinematheque.net/seconds/S43/index.asp

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Je suis en ce moment en train de lire « l’ épuration sauvage » de Philippe Bourdrel… à petites doses parce que la lecture en est parfois éprouvante .. j’en suis à la page 536 (sur 695): 536 pages d’horreur, de honte, de cruauté … je ne peux même pas dire de bestialité parce que ce serait faire trop d’honneur à ces ordures immondes que de les assimiler à des bêtes … ces tueurs : « les hommes armés qui ont assassiné pour voler …tueurs aussi ceux qui ont assassiné pour se venger d’ennemis personnels à qui ils gardaient quelque misérable rancune. Tueurs ceux qui ont assassiné les malheureux témoins des crimes des tueurs. Tueurs enfin les misérables et les fanatiques qui, pour préparer la conquête du pouvoir par leur parti, n’ont pas hésité à faire place nette des patriotes qui pouvaient se mettre en travers de leur chemin. « 

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J’ai trouvé ce texte de Jérôme Cotillon (parutions.com) qui dit très bien ce que je passerais des heures à mettre en forme pour dire moins bien, alors voilà :

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epuration-sauvage2« Fruit de la réédition d’un ouvrage initialement paru en deux tomes en 1988 et 1991, L’épuration sauvage de Philippe Bourdrel nous revient sous une forme augmentée et enrichie de nouvelles archives régionales. Lors de sa parution, ce livre s’était surtout signalé par l’imbroglio judiciaire qui avait alors accompagné sa diffusion. Retirée de la vente à la suite de la plainte pour diffamation du fils d’un F.T.P. incriminé par l’auteur, cette étude était du coup passée plus inaperçue qu’elle ne le méritait, bien qu’elle vînt, en contrepoint de L’épuration française de Peter Novick ou de L’épuration d’Herbert Lottman, éclairer un phénomène capital pour la compréhension de la France de la Libération : l’épuration illégale, menée anarchiquement et hors de toute justice autorisée.

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L’ampleur de cette épuration sauvage comme la diversité de ses formes donnent toute la mesure de son importance historique. En effet, les 791 condamnations à mort légalement prononcées et mises à effet font pâle figure au regard des 10 000 à 15 000 exécutions sommaires qui émaillèrent la Libération, les procès officiels ne pèsent guère face aux innombrables sévices, attentats et autres fusillades tenant lieu de seul jugement prononcé arbitrairement et en toute impunité.

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Bourdrel insiste à raison sur le climat de guerre civile dans la guerre qui a précédé et préparé ce climat insurrectionnel qui se répandit de toutes les exactions possibles. Si cette terreur sourde s’abattit sur toute la France et prit partout le même visage, il apparaît que son intensité varie selon les régions et atteint un niveau particulièrement dramatique au sud d’une ligne reliant l’estuaire de la Gironde à la capitale des Gaules. Le Limousin fut le théâtre privilégié de ce jeu de pancrace intestin. Déboussolée par l’affaissement de l’autorité de Vichy au profit de maquis engagés dans une lutte d’influence sans merci, terriblement éprouvée par des colonnes nazies itinérantes et ivres de sauvagerie, la région paya un lourd tribut à cette épuration sauvage et devint une sorte de «champ clos de la violence».

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Les motivations de ces actes sont peu ou prou de même extrace. Derrière la rhétorique de la défense de la liberté, elle est certes une arme politique redoutablement efficace dans un contexte de guerre civile. Pour autant, du Nord au Sud, elle dissimule un nombre incalculable de règlements de compte, de vengeances personnelles assouvies dans le plus grand désordre au nom d’un idéal politique. Le Parti communiste, plus enclin à prendre ses ordres à Moscou que d’en recevoir du gouvernement du général de Gaulle, tint un rôle particulièrement coupable dans l’attisement des passions, préalable, selon lui, à l’enclenchement d’un processus révolutionnaire. L’identité et l’appartenance sociale des victimes désignées ou choisies au hasard furent donc pour la plupart sans surprise : les «ennemis de classe», bourgeois, prêtres et infortunés possédants désignés comme collaborationnistes ou pétainistes ; les résistants gaullistes ou issus de la droite, dangereux concurrents ; les élites locales, socialistes et radicales, accusées d’avoir trahi la révolution que le Front populaire était censé inaugurer.

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A la fois séquelle de l’Occupation et revers de la Libération, l’épuration sauvage a terriblement assombri la page des années d’immédiat après-guerre comme elle a durablement meurtri la mémoire de ses victimes, souvent injustement frappées, et de leurs descendants. L’importance de cet épisode de l’histoire de France, plus grande encore dans certaines régions, a pourtant longtemps été minimisée par les historiens et le populaire. L’ouvrage de Philippe Bourdrel, loin d’être un simple inventaire régional de ce phénomène, lui donne tout son relief et lui confère enfin sa juste place dans l’histoire des années noires. »

Le 6 février 1945, à 36 ans, Robert Brasillach est fusillé au fort de Montrouge.

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« A 8 heures 30, devant les grilles du Palais de Justice, se forme le cortège des six voitures noires qui doivent conduire à Fresnes les personnes requises par la loi et l’usage pour l’exécution. Tout le long du parcours un important service d’ordre constitué par des gardiens de la paix armés de mitraillettes. Aux abords de Fresnes, le service d’ordre est beaucoup plus dense. Dans l’allée de la prison des gardes mobiles font la haie. Nous attendons quelques instants avec les différentes personnalités devant la grille d’accès au grand couloir qui mène à la détention.

A 9 heures juste, nous nous rendons, suivis d’un peloton de gardes mobiles, à la division des condamnés à mort. Le commissaire du gouvernement François ouvre la porte de la cellule de Robert Brasillach et lui annonce d’une voix sèche que son recours en grâce a été rejeté.

Je pénètre à ce moment dans sa cellule avec Maître Mireille Noël et l’aumônier. Robert Brasillach nous embrasse tous les trois. Puis il demande à rester seul avec l’aumônier. Deux gardiens viennent lui retirer ses chaînes. Après sa confession et quelques minutes d’entretien avec le prêtre il me fait appeler ainsi que Mademoiselle Noël. Il me donne alors ses dernières lettres qu’il a préparées pour sa mère, pour sa famille, pour ses amis, pour Mademoiselle Noël et pour moi-même.

Il me donne également les manuscrits des poèmes écrits en prison et une feuille contenant quelques lignes avec ce titre : « La mort en face ». De temps en temps il me regarde avec un bon sourire d’enfant. Il avait compris, dès hier, que ce serait pour ce matin.

“Vous savez, me dit-il, j’ai parfaitement dormi !”

Comme il doit revêtir son costume civil à la place du costume du condamné à mort qu’il porte, Mademoiselle Noël se retire et je demeure seul avec lui.

“Oui, restez près de moi”, me dit-il.

Il me montre la photographie de sa mère et celle de ses deux neveux.

Il les met dans son portefeuille et m’exprime le désir de mourir avec ces photographies sur son cœur. A ce moment, il a une légère défaillance, il pousse un soupir, et des larmes coulent de ses yeux. Il se tourne vers moi et dit, comme s’il voulait s’excuser : “C’est un peu naturel. Tout à l’heure je ne manquerai pas de courage. Rassurez-vous”.

Il s’habille alors tranquillement, avec beaucoup de soin, refait la raie de ses cheveux devant sa petite glace, puis, songeant à tout, retire d’une miche de pain un petit canif et une paire de ciseaux qu’il y avait dissimulées et qu’il me remet. Il m’explique : “pour que personne n’ait d’ennuis”.

Il range ses affaires personnelles dans un grand sac. A ce moment, il a soif. Il boit un peu d’eau dans sa gamelle. Puis il achève sa toilette. Il a le pardessus bleu qu’il portait au procès. Autour de son cou il a passé un foulard de laine rouge.

Il demande à s’entretenir avec Monsieur le Commissaire du Gouvernement Reboul.

Celui-ci s’avance. Il est raidi par l’émotion, le visage tourmenté, d’une grande pâleur.

D’une voix sourde, Brasillach lui fait alors la déclaration suivante :

“Je ne vous en veux pas, Monsieur Reboul, je sais que vous croyez avoir agi selon votre devoir ; mais je tiens à vous dire que je n’ai songé, moi, qu’à servir ma patrie. Je sais que vous êtes chrétien comme moi. C’est Dieu seul qui nous jugera. Puis-je vous demander un service ?”

Monsieur Reboul s’incline. Robert Brasillach continue :

“Ma famille a été très éprouvée, mon beau-frère est en prison, sans raison, depuis six mois. Ma sœur a besoin de lui. Je vous demande de faire tout ce que vous pourrez pour qu’il soit libéré. Il a été aussi le compagnon de toute ma jeunesse”.

Le commissaire du Gouvernement lui répond : “Je vous le promets”.

Robert Brasillach lui dit pour terminer : “Consentirez-vous, Monsieur Reboul, à me serrer la main ?”

Le commissaire du Gouvernement la lui serre longuement.

Robert Brasillach m’embrasse une fois encore. Il embrasse également Maître Mireille Noël qui vient de rentrer et lui dit : “Ayez du courage et restez près de ma pauvre sœur”.

Il est prêt. Il ouvre lui-même la porte de sa cellule. Il s’avance au devant des personnalités qui attendent et leur dit : “Messieurs, je suis à vos ordres”.

Deux gardes mobiles se dirigent vers lui et lui passent les menottes. Nous gagnons le grand couloir de la sortie. En passant devant une cellule, d’une voix claire, Robert Brasillach crie : “Au revoir Béraud !” et, quelques mètres plus loin : “Au revoir Lucien Combelle !”.

Sa voix résonne sous la voûte, au-dessus du bruit des pas.

Lorsque nous arrivons à la petite cour où attend la voiture cellulaire, il se retourne vers Mademoiselle Noël et lui baise la main en lui disant : “Je vous confie Suzanne et ses deux petits”. Il rajoute : “C’est aujourd’hui le 6 février, vous penserez à moi et vous penserez aussi aux autres qui sont morts, le même jour, il y a onze ans”.

Je monte avec lui dans la voiture qui va nous conduire au fort de Montrouge. Il s’est assis, impassible, en me prenant la main. A partir de ce moment, il ne parlera plus.

Le poteau est dressé au pied d’une butte de gazon. Le peloton, qui comprend 12 hommes et un sous-officier, nous tourne le dos. Robert Brasillach m’embrasse en me tapotant sur l’épaule en signe d’encouragement. Un sourire pur illumine son visage et son regard n’est pas malheureux. Puis, très calme, très à l’aise, sans le moindre tressaillement, il se dirige vers le poteau. Je me suis un peu détaché du groupe officiel. Il s’est retourné, adossé au poteau. Il me regarde. Il a l’air de dire : “Voilà… c’est fini”.

Un soldat sort du peloton pour lui lier les mains. Mais le soldat s’affole et n’y parvient pas. Le maréchal des logis, sur ordre du lieutenant essaye à son tour. Les secondes passent… On entend la voix du lieutenant qui coupe le silence : “Maréchal des logis !… Maréchal des logis !…”.

Robert Brasillach tourne lentement la tête de gauche à droite. Ses lèvres dessinent un sourire presque ironique. Les deux soldats rejoignent enfin le peloton.

Robert Brasillach est lié à son poteau, très droit, la tête levée et fière. Au-dessus du cache-col rouge elle apparaît toute pâle. Le greffier lit l’arrêt par lequel le pourvoi est rejeté.

Puis, d’une voix forte, Robert Brasillach crie au peloton : “Courage !” et, les yeux levés : “Vive la France !”.

Le feu de salve retentit. Le haut du corps se sépare du poteau, semble se dresser vers le ciel ; la bouche se crispe. Le maréchal des logis se précipite et lui donne le coup de grâce. Le corps glisse doucement jusqu’à terre. Il est 9 heures 38.

Le docteur Paul s’avance pour constater le décès. L’aumônier et moi-même le suivons et nous inclinons. Le corps est apparemment intact. Je recueille, pour ceux qui l’aiment, la grosse goutte de sang qui roule sur son front.

Fait à Paris le 6 février 1945,

Jacques Isorni

Avocat à la Cour d’Appel »

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Il y a 64 ans, le 19 janvier 1945,  à l’issue d’une journée de procès, Robert Brasillach est condamné à mort .

Dans son Journal, en date du samedi 20 janvier 1945 Paul Léautaud écrit:

« Hier, Robert Brasillach devant la Cour de Justice. Les journaux rendent compte aujourd’hui. Belle attitude de sa part. Rien renié de son action, de ses écrits, de sa tendance politique pendant l’occupation. Lecture de lettres en sa faveur de Valéry, Claudel, Mauriac, les forcenés devenus bénins, bénins… Son avocat a adjuré les jurés de ne pas envoyer à la mort un poète et de se souvenir d’André Chénier. Voilà un nom qui a dû être bien lettre morte pour ces coquins. Revenus de leur délibération au bout de vingt minutes, avec la condamnation à mort. Vingt minutes pour décider de la vie d’un homme! Il y a eu dans la salle des cris: « Assassins! » Brasillach avant de disparaître, a eu ce mot: « C’est un honneur que d’être condamné. » Quand on se doute de ce que doivent être les magistrats (ambitieux, arrivistes, aux ordres pour l’avancement), quand on sait ce que sont les jurés, soigneusement choisis, être condamné est, en effet, un honneur.

Si je ne me redressais, si je ne faisais un effort de volonté, je retomberais, devant une telle suite d’abominations, dans mon désespoir moral du mois d’août de l’année dernière ».

« Une foule livrée à ses instincts ne peut manquer de déshonorer même le patriotisme, le courage et la justice. Je me demande si une foule livrée à ses goûts -vulgarité agressive, culture de la sottise et de la médiocrité, fainéantise, vanité, béatitude grégaire- ne pousse pas encore plus loin l’ignominie ».

Robert Poulet : « Contre l’amour, la jeunesse, la plèbe ».

tondue

Je suis tombé hier sur une vidéo montrant des femmes tondues à la Libération… quelle honte … ce qui m’a le plus frappé, c’est la dignité des victimes, en opposition à la bassesse crasse et vulgaire des bourreaux, leur laideur …

X.  qui l’autre soir sur un forum païen, sous le prétexte que je donnais un lien pour un entretien avec Alain de Benoist sur la décroissance, m’ a violemment agressé, me traitant de « branquignol nazillon », en me classant à l’extrême droite, dans cette « peste brune qui progresse », prétendant que dans mon blog je me bats contre « les ennemis de l’Occident » (ce qui n’appartient en aucune manière à mon vocabulaire, pas plus que « les pourrisseurs de notre belle jeunesse »: désolé mais ça m’a toujours fait rigoler…), mettant en doute mon paganisme, et appelant au lynchage contre moi, pour me flanquer « à la poubelle »,  X.  celui là même qui, voulant montrer que l’humour ne lui est pas étranger mais ne sachant pas ce que peut bien pouvoir signifier « reductio ad Hitlerum », confirme : « l’écologie est de droite, la preuve Hitler était végétarien », attendant qu’on s’esclaffe… X. dis-je, aurait été l’ un de ceux qui tenaient les ciseaux, je n’en doute pas un instant …

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